En dépit de leurs fermes mises en garde symboliques à Moscou et à Damas contre le lancement des opérations d’envergure visant à libérer Idlib, dernière enclave encore occupée par les terroristes, les États-Unis semblent s’apprêter à reconnaître la victoire militaire du président syrien Bachar al-Assad et ce, au grand dam d'Israël. En effet, sur le terrain, outre quelques tirs de missiles, les Etats-Unis ne pourront rien faire de plus pour changer la donne. Il semblerait qu'à travers une escalade verbale intensive, c'est surtout Israël que l'Amérique cherche à leurrer.
Soutenues par Téhéran dès le début de la guerre et par Moscou depuis 2015, les forces de l’armée syrienne sont parvenues à reprendre 60% des territoires syriens des groupes terroristes armés. Ces dernières sont, à présent, en pleine préparation des opérations visant à libérer la province d’Idlib qui, située sur les frontières avec la Turquie, reste la dernière parcelle du territoire syrien, encore occupé par les terroristes qaïdistes.
Cependant, les Occidentaux se permettent de mettre en cause les opérations en question. Dans un communiqué publié le 22 août dernier, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, trois membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ont lancé un avertissement au président syrien Bachar al-Assad, lui signifiant qu’ils ne laisseraient pas impunie une offensive pour reprendre Idlib.
S’y ajoute le ton indécent sur lequel John Bolton, conseiller pour la sécurité nationale de la Maison-Blanche, a mis en garde contre l’utilisation d’arme chimique à Idlib ainsi que l’accusation du secrétaire d’État américain Mike Pompeo à l’encontre de son homologue russe pour son soutien à l’armée syrienne.
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Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov est à son tour monté au créneau et a appelé mercredi dernier les Occidentaux à se rendre finalement compte de la différence entre les "opposants modérés" et les "terroristes" en Syrie au lieu de défier les opérations d’Idlib.
Annonçant qu'une offensive contre Idlib s’approche, le chef de la diplomatie russe a rassuré que tous les efforts seront déployés pour protéger la vie des civils.
Mais ce qui est clair dans un contexte marqué par les escalades verbales, c’est l’échec de la diplomatie américaine : celle-ci s'est réduite à la portion congrue et ne semble plus apte à aller au-delà de simples menaces verbales.
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Selon Jonas Parello-Plesner, chercheur du think tank "Hudson Institute" à Washington qui a récemment mené une étude sur la politique régionale des États-Unis, les "avertissements verbaux US" ont peu à voir avec la réalité actuelle en Syrie qui démontre que grâce au soutien terrestre de l’Iran et au soutien aérien de la Russie, Bachar al-Assad a gagné : l'armée syrienne progresse militairement sur le terrain tandis que les États-Unis, dépourvus de tout acquis militaire, continuent à tirer des plans sur la comète, et à espérer que le « moribond » processus de Genève accouche d’une souris, dit l'analyste.
"Les puissances occidentales pourraient à nouveau réagir comme elles l’ont fait en avril mais une nouvelle série de représailles limitées ne modifierait rien et ne changerait pas grande chose à l’approche militaire de l’administration américaine vis-à-vis de la Syrie. Trump avait déclaré en avril qu’"il est temps" de ramener les troupes américaines de Syrie puisque les terroristes de Daech sont presque vaincus. Certes le président est revenu peu de temps après sur ses propos, n'empêche que sa politique de base reste la même. Il n'ira jamais envahir la Syrie par ses troupes terrestres et c'est cela qui manque à Washington pour pouvoir vaincre Assad et ses alliés".