« Au contraire des alliés des États-Unis, l’Iran doit sa légitimité à son peuple », c’est ce qu’a déclaré le chef de la diplomatie iranienne dans son entretien avec Charlie Rose dans la « Société asiatique » à New York.
« Notre légitimité ne vient pas des équipements militaires achetés aux États-Unis », fait allusion, indirectement, Mohammad Javad Zarif aux contrats militaires signés entre Washington et Riyad.
Pour ce qui est des campagnes d’intoxication lancées par l’Occident sur les stratégies régionales de la RII, le ministre iranien a précisé : « Il faut avoir un regard rétrospectif sur ce qui s’est passé dans la région. Entre 1980 et 1988, qui a soutenu Saddam Hussein et qui l’a combattu ? Lorsqu’en 1990, l’ancien dictateur irakien a fait une grande invasion contre le Koweït, qui a soutenu celui-ci ? Quand les talibans ont occupé l’Afghanistan, qui a soutenu le gouvernement légitime afghan ? En 2003, quel pays était le premier à reconnaître le gouvernement irakien et qui n’a pas lésiné sur aucune tentative de lui porter préjudice ? »
En ce qui concerne les tensions Téhéran/Riyad, le chef de la diplomatie iranienne a précisé que l'Iran n'avait pas l'intention d'exclure l’Arabie saoudite de la région: « Nous croyons que l’Arabie saoudite est un acteur extrêmement important dans la région dont le rôle doit être respecté. Mais nous nous attendons à ce que l’Arabie saoudite, elle-aussi, elle reconnaisse que l'Iran est une partie importante de cette région et qu’elle ne peut jamais le mettre sur la touche. Comme nous n’avons jamais essayé d’exclure l’Arabie saoudite, l’Arabie saoudite doit abandonner cette illusion. »
Interrogé sur le programme balistique iranien, Zarif s’est adressé au présentateur Bloomberg TV en ces termes :
« L’Arabie saoudite avait déboursé, l’année dernière, 67 milliards de dollars pour acheter des armes et les Émirats avaient payé 14 milliards de dollars, tandis que le budget militaire de la RII s’élève annuellement à 6 milliards de dollars. Est-ce que nous avons pour devoir de défendre 80 millions d’Iraniens ou non ? Notre peuple a vécu une guerre de 8 ans. Pendant ce temps, le monde ne soutenait que le régime de Saddam. Quand l’ex-dictateur irakien a utilisé les armes chimiques contre nos civils, personne n’en a fait la moindre allusion. À l’époque, je suis allé en tant que jeune diplomate chez le président du Conseil de Sécurité, pour le tenir au courant de cette démarche de l’ancien régime irakien, mais en réponse, il a déclaré ne pas être autorisé à me parler de ce sujet. »
« Le peuple iranien avait été la cible des missiles pendant la guerre ; il ne disposait en contrepartie d’aucun missile pour se défendre. Et maintenant, on me dit que l’arme chimique fait la ligne rouge de l’Occident ?! C’est vraiment ridicule ! Aujourd’hui, aucun Iranien ne croit que l’utilisation d’armes chimiques constitue la ligne rouge de l’Occident, d’autant plus que le peuple iranien avait, pendant la guerre, été attaqué par les armes chimiques de Saddam, fabriquées par l’Occident. L’armée irakienne avait notamment “gazé” la ville iranienne de Sardasht en 1987 sans que la communauté internationale ne le condamne », a-t-il poursuivi.