Tôt ce matin, mercredi 23 mars, l'armée américaine aurait mené une frappe aérienne contre un camp d'entraînement d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) au Yémen, situé dans une région montagneuse du Yémen, a indiqué Peter Cook, porte-parole du Pentagone, dans un communiqué. L’attaque aurait fait des dizaines de morts.
M. Cook a allégué que cette frappe endiguera la capacité d’AQPA d’utiliser le Yémen pour mener des attaques contre les Américains.
Il a conclu en prétendant avec aplomb que les bombardements contre ce camp, dont la localisation n’a pas été divulguée, illustraient l’engagement de son pays contre Al-Qaïda, groupe que les Etats-Unis ont largement contribué à faire prospérer. En effet, la rapidité avec la quelle Daech s’accroît dans le sud du Yémen permet de douter de la bonne volonté des Etats Unis d'enrayer la milice takfiriste au Yémen.
Les analystes qui suivent de près les agissements de Daech s'étonnent en effet de la rapidité avec laquelle la milice se réorganise dans le sud du Yémen, cette région stratégique qui jouxte le détroit de Bab el Mandeb. Depuis que Riyad a chassé l'armée yéménite et son allié Ansarallah du sud du Yémen, Daech est parvenu à s'emparer d'Aden et de plusieurs autres villes du sud, en grande partie grâce à un arsenal militaire sophistiqué que lui envieraient bien des Etats.
A Shebwa, Daech fait désormais la pluie et le beau temps et se bat pour trouver son assise à Taëz. Tout va, vraisemblablement, dans le sens de la proclamation d'un émirat daechite dans le sud du Yémen.
Selon les tout derniers rapports du renseignement américain et arabes, Daech compte plus de 40.000 effectifs, ce qui lui donne une nette supériorité par rapport à Al-Qaïda qui ne recenserait quant à lui que 12.000 soldats au Yémen.
Le recrutement d'effectifs par Daech se poursuit de plus belle dans les régions du Sud et de nombreux éléments d'Al-Qaïda tendent à faire défection au profit de Daech, d'autant plus qu'Al-Qaïda a perdu ses dernières semaines beaucoup de ses commandants dans des combats contre les forces yéménites et souffre ainsi d'une dislocation généralisée.
La quasi totalité des camps militaires du sud sont tombés aux mains des terroristes de Daech, soit une énorme quantité d'armes et de munitions propres à mettre sur pieds 10 bataillons blindées et d'infanterie ! S'ajoute à ce butin précieux, les avoirs détournés des banques, des biens exploités des habitants. A Hadramaout, cette localité stratégique qui jouxte le détroit de Bab el Mandeb, Daech a commencé ses exportations pétrolières à destination des Emirats, leur allié, qui achètent du pétrole à bas prix en échange des concessions qu'ils font aux terroristes.
Qui soutient Daech?
L’Arabie saoudite serait évidemment l’un des principaux soutiens financiers de Daech qui s’inspire de la pensée wahhabite.
Les Etats-Unis seraient eux aussi de la partie dans la mesure où Daech leur serviraient à étendre leur emprise au Yémen. Sans le soutien effectif des banques américaines, l’argent qui finance Daech n’aurait pas intégré si facilement le circuit financier international.
D’ailleurs, c’est dans les provinces que contrôlent les mercenaires pro-Riyad et pro-Washington, à savoir Hadramout, Abyen, Aden, Lahaj ou Shebwa, que Daech a remporté ses plus grands succès militaires. Au contraire, dans les 13 province où l’armée yéménite et Ansarallah contrôlent tout, Daech ne fait qu’aller d’échec en échec.
A ce rythme, le sud du Yémen risque de devenir dans les prochaines semaines, après la Syrie et l’Iran, une nouvelle destination pour les takfiristes du monde. Et ceci est un fait que l’Europe, trop complaisante vis-à-vis des Etats Unis et de l’Arabie saoudite, devra impérativement prendre en compte.
