Le président américain a annoncé mardi un plan pour fermer la prison militaire de Guantánamo. Jusqu'à 60 prisonniers pourraient être relocalisés sur le territoire américain. mais l'obstacle du Congrès devrait être difficile à franchir.
C'est alors qu'il a décidé de faire le ménage avant de quitter la Maison Blanche pour ne pas laisser de coins trop sales à son successeur, quel qu’il soit. Ce mardi 23 février, la Maison Blanche a adressé le plan de fermeture au Congrès.
Dès sa campagne de 2008, Obama avait promis de fermer cette prison "que le monde condamne". Mais en sept années au pouvoir, il n'a pas rien fait pour remplir sa promesse.
Il ne semble pas toutefois que sa décision soit de sens humanitaire dans la mesure où la fermeture du camp de Guantanamo s’inscrit dans le cadre du réchauffement des relations diplomatiques entre Washington et Cuba.
Barack Obama doit se rendre sur l’île communiste le mois prochain pour un rétablissement de pleines relations diplomatiques qui ne sera possible, selon Raul Castro, qu’à deux conditions : primo, que l’embargo visant Cuba soit entièrement levé. Secondo, que l’occupation militaire de la baie de Guantánamo, au Sud-Est de l’île, prenne fin.
La base militaire de Guantanamo a toujours été un sujet sensible pour les Cubains et la seule présence de troupes « hostiles » sur son territoire a permis au gouvernement de parler « d'une guerre de basse intensité » et de justifier plusieurs de ses décisions.
Pour Cuba, la situation des prisonniers de Guantanamo s'inscrit dans un scénario complexe, qui est directement relié à ce qu'ils appellent ici « l'occupation illégale américaine d'un territoire cubain ».
La fermeture complète de la base militaire américaine et le retour du territoire à Cuba est l'une des exigences des Cubains pour avancer dans les négociations avec les États-Unis.
Après l'annonce par le président américain de la décision de fermer le camp de Guantanamo, les médias cubains et les analystes locaux ont abordé ouvertement le sujet, soulignant que, pour Cuba, le plus important est la fermeture complète de la base militaire américaine.
Guantanamo est une enclave de 117 kilomètres carrés qui a été cédée par Cuba aux États-Unis en 1903 à la suite de la guerre de libération cubaine.*
À Cuba, la situation des prisonniers est dénoncée depuis longtemps, mais la discussion a toujours dépassé largement le discours sur les droits de la personne ou le terrorisme international : les Américains doivent fermer la base de Guantanamo s'ils veulent une relation constructive avec l'Amérique latine et Cuba.
Pour le politologue et économiste Esteban Morales, directeur émérite du Centre d'études sur les États-Unis de l'Université de La Havane, l'annonce faite mardi par le président américain est une bonne nouvelle pour tout le monde, mais cela ne résout pas les problèmes avec Cuba.
« M. Obama a parlé des prisonniers, mais il n'a pas abordé la possibilité de fermer la base militaire. Peut-être que les Américains vont comprendre ce que la fermeture totale représente pour toute la région latino-américaine », explique-t-il.
Pour Cuba, et même pour ceux qui ont toujours soutenu la décision des États-Unis de maintenir la base de Guantanamo, envers et contre tous, la présence de soldats américains sur le territoire cubain place le gouvernement dans une situation assez particulière, celle de « dormir avec l'ennemi ».
Une phrase qui prend tout son sens au moment de faire un bilan de plus 50 ans de tensions, mauvaises relations et tentatives d'invasion.
Le gouvernement cubain n'a pas parlé publiquement de la décision de l'administration américaine d'aller de l'avant avec son projet de fermeture de la prison de Guantanamo. Un choix qui semble s'inscrire dans la logique avec laquelle Cuba a abordé les conversations avec son ancien ennemi juré : exiger que tout accord soit le résultat des dialogues faits avec prudence et indépendance et en respectant les principes de non-intervention et non-ingérence.
Le gouvernement cubain estime qu'il n'est pas nécessaire de se prononcer sur une décision interne et unilatérale des États-Unis et qui n'a aucun effet sur les exigences présentées par l'île aux négociateurs américains.