Les députés libanais ont élu Joseph Aoun, le chef de l'armée, en tant que nouveau président du Liban, mettant ainsi un terme à une impasse politique qui a duré deux ans dans ce pays du Moyen-Orient, confronté à de multiples crises.
Ce vote a eu lieu jeudi, après deux tours de scrutin au sein d'un Parlement composé de 128 membres. Le Liban n'avait pas de président depuis la fin du mandat de Michel Aoun, l'ancien président, en octobre 2022.
À 60 ans, Joseph Aoun, qui n'a pas d'expérience politique antérieure, est perçu comme le candidat privilégié des États-Unis et de l'Arabie saoudite. Le Liban compte sur l'appui financier américain et saoudien pour se relever d'une crise économique dévastatrice, exacerbée par des bombardements israéliens qui ont duré 14 mois, ciblant principalement le sud du pays considéré comme le bastion du mouvement de résistance libanais, Hezbollah.
Le Hezbollah, engagé dans des échanges de tirs réguliers avec les forces israéliennes jusqu'à l'announ cessez-le-feu en novembre, avait initialement soutenu Suleiman Frangieh, le leader d'un petit parti chrétien du nord du Liban, comme son candidat de choix.
Cependant, dans un tournant inattendu, Frangieh a annoncé son retrait de la course présidentielle mercredi et a décidé de soutenir Joseph Aoun, ce qui a ouvert la voie à l'élection du commandant de l'armée.
Michel Aoun a été élu président du Liban avec un soutien significatif, recueillant 99 voix sur 128 au sein d'un Parlement profondément divisé. Cette élection a été marquée par l'appui de divers groupes politiques, y compris des députés du Hezbollah ainsi que de leurs adversaires.
L'élection d'Aoun met fin à une période de vide politique qui a duré trop longtemps, une situation qui a entravé la mise en œuvre de réformes essentielles et exacerbé les craintes d'un effondrement généralisé dans un pays déjà en proie à de multiples crises.
Suite à son élection, Aoun, qui a occupé le poste de commandant des forces armées libanaises depuis 2017, a officiellement quitté ses fonctions militaires. Il a fait son entrée au Parlement pour prêter serment, vêtu en civil
Aoun est désormais chargé de superviser des questions cruciales, notamment la mise en œuvre d'un cessez-le-feu négocié par les États-Unis entre Israël et le Liban, et d'établir un nouveau gouvernement capable de s'attaquer aux défis de la reconstruction post-conflit.
En novembre, la Banque mondiale a publié une évaluation préliminaire des dégâts causés par la guerre, chiffrant les pertes matérielles et économiques à 8,5 milliards de dollars.
Cependant, les efforts de reconstruction risquent d'être entravés par la grave crise économique qui frappe le Liban depuis cinq ans, une crise qui a été déclenchée par des problèmes de liquidités au sein des banques libanaises.
Cette situation a conduit à une contraction du PIB de plus d'un tiers, rendant la tâche d'Aoun d'autant plus complexe, surtout après les douze tentatives infructueuses d'élire un président au cours des deux dernières années.
Depuis octobre 2022, le Liban, ce petit pays méditerranéen, se trouve dans une situation de vide gouvernemental qui exacerbe une crise financière déjà alarmante. Cette instabilité politique lui a valu des défauts de paiement d'une euro-obligation s'élevant à 30 milliards de dollars
Le système politique libanais, caractérisé par un partage du pouvoir entre différents sectes et groupes religieux, est souvent paralysé par des blocages dus à des désaccords politiques et à des procédures complexes. Le Liban a ainsi connu plusieurs périodes de vacance présidentielle prolongées, dont la plus significative a duré près de deux ans et demi, de mai 2014 à octobre 2016, avant que l'ancien président Michel Aoun ne soit finalement élu.