TV
Infos   /   Iran   /   Moyen-Orient   /   L’INFO EN CONTINU   /   Point de Vue

Quelles armes l’Iran utiliserait-t-il pour punir Israël après l’assassinat de Haniyeh ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Ivan Kesic

Le décor est planté pour l’opération de représailles contre le régime israélien à la suite de l’assassinat du chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, mercredi à Téhéran.

Une série de déclarations des dirigeants iraniens, notamment du Leader de la Révolution islamique, l’Ayatollah Seyyed Ali Khamenei, du président Massoud Pezeshkian et du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI), indiquent que le régime devrait se préparer à une punition sévère et sans précédent.

Haniyeh a été assassiné avec son garde du corps lors d’un attentat terroriste dans la capitale iranienne mercredi matin. Il se trouvait à Téhéran pour assister à la cérémonie d’investiture du président Pezeshkian.

L’attentat a eu lieu quelques heures à peine après qu’Israël a tué le commandant militaire du Hezbollah, Fuad Shukr, lors d’une frappe aérienne sur une zone résidentielle de la banlieue sud de Beyrouth, au cours de laquelle un conseiller militaire iranien et quelques civils sont également tombés en martyr.

Après l’assassinat de Haniyeh, l’Iran a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à prendre des mesures immédiates et décisives, considérant l’attaque comme une « atteinte grave à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Iran » et une « violation flagrante des normes et principes fondamentaux du droit international ».

Dans une lettre adressée à l’organisation onusienne, Amir Saïd Iravani, ambassadeur permanent de l’Iran auprès de l’ONU, a souligné le droit du pays à la légitime défense en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations unies.

« Ce régime terroriste et ses complices en sont entièrement responsables, et c’est pourquoi la République islamique d’Iran n’hésitera pas à exercer son droit à la légitime défense, dans le cadre de l’article 51 de la Charte des Nations unies, pour réagir de manière décisive et rapide aux agressions étrangères », a-t-il déclaré.

Dans un communiqué publié dimanche, le CGRI a déclaré que l’attaque avait été menée avec un « projectile à courte portée » doté d’une ogive pesant environ 7 kg, tiré depuis l’extérieur du lieu de résidence de Haniyeh, dans le nord de Téhéran.

Comment se dérouleraient les représailles ?

Les milieux militaires et politiques mènent un débat intense et animé sur la nature de la réponse de l’Iran à l’attaque terroriste contre Haniyeh et sur le type d’armes qui pourraient être utilisées.

L’Iran possède un arsenal massif d’armes de frappe de précision à longue portée, dont il a fait la démonstration ces dernières années lors des attaques contre des bastions terroristes régionaux ainsi que des positions israéliennes en avril.

Le pays dispose d’un arsenal massif de missiles balistiques, de croisière et hypersoniques, ainsi que de munitions rôdeuses les plus avancées, également en des quantités colossales. Il s’agit du plus grand arsenal militaire de la région et l’un des quatre plus grands au monde.

Les missiles balistiques de longue portée conçus sur mesure pour les représailles contre le régime sioniste sont notamment le Shahab-3, le Ghadr-110, le Fajr-3, l’Ashura, le Sajjil, l’Emad, le Qiam-1, le Rezvan, le Khorramshahr et le Kheibar, tandis que les missiles balistiques relativement plus petits sont le Dezful, le Kheibar Shekan et le Hadj Qassem.

Le premier groupe de missiles balistiques a une portée de 1 000 à 2 500 km et une ogive de 700 à 1 500 kg, alors que le deuxième groupe a une portée de 1 000 à 1 500 km et transporte généralement une ogive d’une demi-tonne.

Certains d’entre eux peuvent également transporter plusieurs ogives, chacune capable de viser des cibles différentes, et certains sont équipés de distributeurs de sous-munitions pour frapper de vastes zones comme des bases aériennes.

Cela signifie que l’Iran est capable de frapper des cibles israéliennes depuis n’importe quelle base ou site balistique à travers le pays. La grande charge utile est équivalente aux plus puissants briseurs de bunker et peut pénétrer des cibles protégées par plusieurs mètres de béton.

Les nouveautés dans l’arsenal de missiles iranien sont les missiles hypersoniques Fattah dotés de guidage de précision avec une vitesse terminale de Mach 13 à 15, ainsi que la nouvelle version de ce missile, le Fattah-2. Tous les deux inaccessibles aux systèmes de défense aérienne existants.

De plus, les derniers prototypes de ce modèle ont également des vitesses hypersoniques de Mach 5 à 12, et sont donc également difficiles à intercepter par les systèmes ennemis, comme l’a prouvé l’opération « Vraie promesse » en avril.

Les missiles de croisière iraniens à longue portée incluent le Soumar, le Meshkat, le Ya-Ali, le Hoveyzeh, l’Abu Mahdi, le Paveh, le Talaiyeh et le Qadr-474, et les munitions rôdeuses à longue portée (drones kamikazes) comprennent l’Ababil, l’Arash, les Shahed-131, 136 et 238.

L’Iran dispose également d’une importante flotte d’avions de guerre et de drones capables de transporter diverses bombes et missiles air-sol, toutefois l’expérience passée montre que les armes jetables mentionnées ci-dessus sont privilégiées pour les opérations de représailles de ce type.

Lors de l’opération d’avril contre Israël, l’Iran n’a pas utilisé ses missiles balistiques ou ses munitions rôdeuses les plus performants, mais a tout de même réussi à frapper avec succès des bases aériennes israéliennes avec des missiles Kheibar Shekan et à engager de nombreux avions israéliens, américains, britanniques et français dans l’interception de drones kamikazes Shahed-136.

Dans cette opération, le principal objectif des petits drones kamikazes peu coûteux et de faible vitesse, dotés d’ogives de 50 kg, n’était pas de causer des dégâts, mais de saturer les systèmes radar dans le cadre d’une attaque simultanée avec des missiles plus puissants.

Une heure de vol d’un avion à réaction moderne et de ses missiles air-air, ou de ses missiles de défense aérienne, coûte plusieurs fois plus cher que les drones kamikazes, de sorte que l’abattage réussi d’essaims représente une perte de rentabilité.

Le général de brigade Amir Ali Hajizadeh, commandant de la division aérospatiale du CGRI, a déclaré que dans l’opération « Vraie Promesse », seulement 20% des armes initialement prévues ont été utilisées, mais les ennemis ont dû mobiliser tout ce qui était à leur disposition pour les contrer.

Cette fois, pour la nouvelle frappe annoncée sur l’entité sioniste, il est possible de voir des modèles plus récents de missiles et de drones kamikazes ou des modèles plus anciens en plus grande quantité.

Cette fois, les cibles pourraient être nouvelles, parce que les bases aériennes de Ramon et de Nevatim avaient été ciblées en avril alors que des avions de combat ayant participé à l’attaque contre la section consulaire de la République islamique d’Iran consulat à Damas avaient décollé de là.

Étant donné que la dernière attaque terroriste à Téhéran a très probablement été perpétrée par des agents des services de renseignement sionistes, les sièges des organisations d’espionnage israéliennes pourraient être des cibles potentielles.

Ces quartiers généraux, contrairement aux deux bases aériennes mentionnées, ne se trouvent pas dans des régions désertiques inhabitées, mais dans la métropole densément peuplée de Tel-Aviv, où vit la moitié de la population de l’entité sioniste.

D’autres cibles probables pourraient être des bases militaires, des infrastructures industrielles vitales, des ports ou des bâtiments du régime à Tel-Aviv, à Haïfa et dans d’autres grandes villes des territoires occupés.

En raison du haut degré de sophistication et de précision des missiles iraniens, le seul danger pour les colons dans les territoires occupés est celui des débris de leurs propres missiles d’interception, en cas d’abattage réussi ou non.

Avertissements de l’Iran

Mercredi 31 juillet, l’Ayatollah Khamenei avait mis en garde le régime israélien contre un « sévère châtiment » à l’assassinat d’un « cher invité » – le chef du Mouvement de résistance Hamas.

« Le régime sioniste criminel et terroriste a tué en martyr, chez nous, notre bien-aimé invité et nous a laissés dans le deuil, mais il a également préparé le terrain à un sévère châtiment contre lui », a déclaré le Leader.

 « Il [Haniyeh] ne craignait pas de tomber en martyr dans la voie de Dieu et de sauver les serviteurs de Dieu ; mais dans le cas de cet incident tragique et amer qui s’est produit sur notre sol, il est de notre devoir de venger son sang », a-t-il affirmé.

Lors d’une réunion dimanche avec le chef de la diplomatie jordanienne Ayman Safadi, le président Pezeshkian a qualifié l’assassinat de Haniyeh de « grand crime » qui, « ne restera pas sans réponse ».

Le CGRI a déclaré dans un communiqué que l’attaque terroriste avait été « conçue et exécutée » par Israël avec le soutien du gouvernement américain, avertissant que le régime sioniste recevrait « un sévère châtiment » au moment et lieu approprié et de manière adéquate.

Le commandant en chef du CGRI, le général de division Hossein Salami, a fortement mis en garde le régime israélien contre les conséquences des récents assassinats à Téhéran et à Beyrouth.

Les auteurs de ces crimes, a-t-il martelé, « doivent s’attendre à une fureur sacrée, à une vengeance dure et à une vengeance de la part des moudjahids dévoués, résolus et déterminés des différents fronts de la Résistance régionale ».

Vendredi, Ali Bagheri-Kani, ministre iranien des Affaires étrangères par intérim, a déclaré que l’Iran exercerait certainement son droit inhérent et légitime de punir le « voyou criminel sioniste » pour son attaque terroriste.

Bagheri-Kani a fait ces remarques lors d’un appel téléphonique avec Josep Borrell, le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, soulignant que l’acte terroriste du régime israélien, en plus de violer l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale de l’Iran, a mis en danger la paix et la stabilité régionales et internationales.

Le président du Parlement iranien, Mohammad Baqer Qalibaf, a déclaré dimanche que la « réponse écrasante et intelligente » de l’Iran au régime israélien et aux États-Unis leur ferait regretter cet assassinat.

Dans le même temps, le Pentagone a annoncé le déploiement d’avions et de navires de guerre dans la région du golfe Persique, ainsi que de 4 000 Marines et marins supplémentaires, dans un contexte de tensions accrues.

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV