Le Premier ministre irakien, Mohammed Chia Al-Soudani, a appelé toutes les parties en conflit dans la province septentrionale de Kirkouk à faire preuve de retenue suite aux récents affrontements meurtriers dans ce gouvernorat riche en pétrole.
Al-Soudani a lancé cet appel après que trois manifestants ont été tués par balles et 14 autres blessés lors de violents affrontements entre groupes ethniques dans la ville de Kirkouk, un conflit historique entre le gouvernement fédéral de Bagdad et les autorités de la région semi-autonome kurde du nord.
Lors d'une conversation téléphonique samedi 2 septembre, le Premier ministre al-Soudani et le chef du Parti démocratique du Kurdistan en Irak (PDK), Massoud Barzani, ont souligné la nécessité d'entreprendre des efforts coordonnés pour prévenir toute perturbation de la sécurité et de la stabilité à Kirkouk.
Les deux parties ont également souligné l'importance du maintien de l'ordre par les forces de sécurité pour assurer la paix et le bien-être des habitants de la province du nord de l'Irak.
Le Premier ministre irakien a également effectué un appel téléphonique séparé avec le président de la région du Kurdistan irakien, Nechirvan Barzani, au cours duquel ils ont abordé la dernière situation à Kirkouk.
Al-Soudani a souligné l'importance de ne permettre à aucun élément irresponsable de perturber le tissu social harmonieux et fraternel du gouvernorat du nord, en particulier après ses efforts réussis pour vaincre le groupe terroriste Daech en 2017.
« Les divers habitants de Kirkouk illustrent la coexistence pacifique et la fraternité dans leur ville », a estimé Soudani, appelant toutes les parties à « jouer leur rôle pour prévenir les conflits et préserver la sécurité, la stabilité et l'ordre dans le gouvernorat de Kirkouk ».
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Le Premier ministre a réclamé la formation d'une commission d'enquête sur les événements de samedi dans le gouvernorat de Kirkouk.
Soudani a souligné que « les personnes négligentes reconnues coupables de ces événements seront tenues pour responsables et traduites devant la justice ».
Les violences de samedi sont dues à l'occupation d'un bâtiment à Kirkouk qui a servi de siège au Parti démocratique du Kurdistan (PDK) dans le passé, mais que l'armée irakienne a utilisé comme base pour ses activités antiterroristes dans cette région instable au cours des dernières années.
Le gouvernement central irakien aurait l'intention de céder le bâtiment au PDK, mais les opposants arabes et turkmènes ont installé un camp à l'extérieur du bâtiment pour protester contre ce projet la semaine dernière en raison de leurs souffrances passées sous le régime kurde.
Lorsqu’un groupe de manifestants kurdes s'est approché du camp, les groupes rivaux se sont livrés à une violente escarmouche ayant impliqué un échange de coups de feu en plus de jets de pierres et de barres métalliques, rapportent les médias locaux.
La police déployée sur place a tiré des coups de semonce pour disperser les manifestants.
Le gouvernement irakien a ensuite imposé un couvre-feu strict dans la ville du nord et a ordonné « de vastes opérations de sécurité dans les zones touchées par les émeutes ».
La province irakienne de Kirkouk, riche en pétrole, a été le foyer de certaines des pires violences post-Daech du pays, alors que les États-Unis tentent de prolonger leur présence militaire sous prétexte de lutter contre le terrorisme.
Daech a lancé une campagne de terreur en Irak en 2014, envahissant de vastes étendues lors d’attaques éclair. L'Irak a déclaré sa victoire sur le groupe terroriste en décembre 2017, après trois années de lutte contre le terrorisme, soutenue par l'Iran. Les résidus du groupe terroriste continuent cependant de mener des attaques sporadiques à travers l’Irak.
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Divers rapports indiquent que les forces d'occupation américaines ont à plusieurs reprises transporté des daechistes vers des fiefs sûrs en Irak et assuré la logistique du groupe terroriste.
Quelque 2 500 soldats américains restent toujours à l’intérieur de ce pays dans le cadre de ce que Washington décrit comme une mission « consultative ». Le président américain Joe Biden et l’ancien Premier ministre irakien Mostafa al-Kazemi ont déclaré en juillet 2021 que la mission américaine en Irak passerait d’un rôle de combat à un rôle « consultatif » d’ici la fin de cette année.
Après l'assassinat en 2020 d'Abou Mahdi al-Mohandes, numéro deux des Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi), ainsi que du légendaire commandant antiterroriste de la région, le général Qassem Soleimani, le Parlement irakien a voté un projet de loi exigeant la fin de la présence de toutes les forces militaires étrangères dirigées par les États-Unis.