Des militants des droits de l'homme, réunis au Maroc, condamnent la politique migratoire de l'Europe, alors que le nombre de morts parmi les migrants continue de grimper.
Réunis à Nador, au nord-est du Maroc, les participants au Forum social maghrébin sur les migrations (FSMM) ont condamné la politique migratoire de l'Union européenne (UE), lors d'un rassemblement annuel qui s'est tenu dimanche 25 juin.
Le Forum a réuni des militants des droits de l’homme venant du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye, de même que des organisations non gouvernementales (ONG) et des associations de migrants africains, actives en Espagne, en France, en Belgique et au Maroc.
Les participants ont commémoré la mort d'au moins 23 migrants africains ayant tenté de pénétrer fin juin 2022 dans l'enclave de Melilla en Espagne depuis le Maroc.
Le 24 juin, près de 2 000 clandestins, en majorité originaires du Soudan – pays très pauvre miné par les conflits –, avaient tenté de pénétrer dans l’enclave de Melilla, située sur la côte nord du Maroc.
Selon les autorités marocaines, au moins 23 migrants ont péri dans cette tragédie qui représente le bilan humain le plus lourd jamais enregistré lors des tentatives d’intrusion de migrants dans cette enclave ou dans celle de Ceuta, qui constituent les deux seules frontières de l’UE sur le continent africain.
Les participants au Forum ont appelé à un « pacte de solidarité transnational » avec les migrants. Au demeurant, ils ont dit « refuser les pressions européennes pour l'externalisation des frontières européennes et les expulsions massives des migrants et demandeurs d'asile [de l’Europe] ».
Le FSMM a également rejeté une révision des règles de l'Europe par les ministres de l'Intérieur de l’UE pour ce que l’UE appelle un nouvel effort de faire pression sur les pays membres pour qu'ils partagent plus équitablement le fardeau des migrants et des demandeurs d'asile.
Il a en contrepartie réclamé la mise en place de commissions d'enquête indépendantes afin de « faire la lumière sur les tragédies survenues dans la région maghrébine », notamment au Maroc et en Tunisie.
La réunion annuelle du FSMM a suivi de près la dernière tragédie migratoire, qui a provoqué une onde de choc dans la communauté internationale.
Plus tôt ce mois-ci, un chalutier de pêche surpeuplé transportant jusqu'à 750 migrants, dont une centaine d'enfants, a fait naufrage dans les eaux internationales de la Méditerranée.
Le bateau avait quitté la Libye à destination de l'Italie lorsqu'il a chaviré au large des côtes grecques. Jusqu'à présent, seuls 104 survivants ont été retrouvés et 81 corps récupérés, tandis que plus de 500 personnes sont toujours portées disparues.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations, 2 406 migrants sont morts ou ont disparu en Méditerranée en 2022, tandis que 1 166 incidents de ce type se sont produits depuis le début de cette année.