Biden a rejeté à Djeddah ce vendredi l’idée d’une Amérique fuyant le Moyen-Orient et laissant la place à la Russie à l’Iran à la Chine. Vraiment ?
Deux événements se sont produits au cours de la semaine dernière, impliquant soit l’Iran ou l’Irak séparément, soit les deux ensemble, qui ont remis la Russie au premier plan et au centre du Moyen-Orient, au détriment des États-Unis. Dans l’ordre chronologique, ces événements ont été : une série de rencontres entre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et des personnalités politiques et militaires iraniennes, dont le président Ebrahim Raïssi ; le retrait du Parlement irakien du dirigeant du Courant Sadr du pays, Moqtada al-Sadr, et de son bloc politique de 73 membres, le plus grand groupe du corps législatif ; et, l’accord d’une nouvelle feuille de route coopérative entre l’Iran et l’Irak, souligne Bloomberg qui ajoute :
« Sur le premier point, relatif à la Russie, avant le retrait unilatéral des États-Unis du Plan global d’action commun (PGAC), ou “l’accord nucléaire” en mai 2018, le Kremlin avait utilisé l’assouplissement des restrictions avant que cet accord ne soit conclu en 2015 pour se rapprocher de l’Iran. Dans le seul secteur de l’énergie, avant 2018, des accords initiaux d’exploration et de développement de champs énergétiques iraniens avaient été signés par GazpromNeft pour les champs pétroliers de Changouleh et Cheshmeh-Khosh, Zarubezhneft pour les champs d’Aban et Paydar Gharb, et Tatneft pour le champ de Dehloran. Celles-ci s’ajoutent aux précédents protocoles d’accord signés par Lukoil et la Société du pétrole iranienne pour des études sur les champs pétroliers d’Ab Teymour et de Mansouri.
Plus significative encore a été la signature concomitante d’un protocole d’accord en 22 points par le vice-ministre iranien du Pétrole, Amir-Hossein Zamaninia, et le vice-ministre russe de l’Énergie de l’époque Kirill Molodtsov, qui comprenait non seulement les études et les plans d’exploration et d’extraction de pétrole, mais aussi pour le transfert de gaz, les opérations de swap pétrochimique entre autres.
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Une source bien informée a déclaré que la visite du président iranien Ebrahim Raïssi en Russie devrait approfondir les relations bilatérales entre Téhéran et Moscou, en plus de façonner un accord de défense tant attendu entre les deux alliés. La source ajoute également que Téhéran prévoit d’acquérir des avions de combat Su-35 ainsi que le système de défense antimissile S-400.
En ce qui concerne la nouvelle feuille de route coopérative entre l’Iran et l’Irak, Bagdad et Téhéran se sont empressés d’annoncer plusieurs initiatives majeures entre les deux pays. Comme OilPrice.com le souligne depuis plusieurs années l’une des méthodes les plus importantes pour sécuriser l’alimentation au Moyen-Orient consiste à consolider le contrôle du réseau de distribution d’énergie - pas seulement le mouvement de l’électricité, mais aussi celui du pétrole et du gaz - et cela a été au centre de tous les derniers plans de l’Iran et de l’Irak et là la Russie a été, entièrement d’accord. La semaine dernière, le vice-ministre irakien du Pétrole pour l’exploration, Bassem Mohammad Khazir, a déclaré qu’une feuille de route devrait être préparée pour les étapes et les objectifs futurs de l’Irak et de l’Iran, ajoutant : “Une autre question importante concerne la technologie et les produits iraniens… Par exemple, ce pays a déjà une capacité élevée dans de nombreux secteurs tels que les câbles électriques, les tuyaux et les raccords et les technologies de pointe qui peuvent nous être transmises à l’Irak.
‘Idem le PDG de la Société de pétrole iranienne a souligné la question de la formation et du transfert de technologie et d’équipements techniques dans ses remarques… la encore cette perspective irano-irakienne présente également ‘des synergies évidentes avec la gamme d’accords discutés entre [le vice-Premier ministre russe] Alexander Novak et de hauts responsables iraniens à la fin du mois de mai, qui comprennent des projets énergétiques, agricoles et de transport et une coopération plus poussée dans le secteur financier et bancaire, le pétrole, le gaz, la pétrochimie et l’énergie nucléaire’, a déclaré la source iranienne. Est-ce un pur hasard ces accords trilatéraux ? S’ajoute a ceci l’échec du courant sadriste a former un gouvernement et la démission de ses 73 députés qui cherchait à réconforter les Émirats et la Turquie dans le secteur du pétrole du Kurdistan, et ce, à la faveur du soutien du clan Barzani, plan qui a échoué après le refus des kurdes de suivre les Sadristes. Erbil a-t-il nagé à contre-courant des Occidentaux ? Oui dans la mesure où le retrait d’Erbil a permis aux Russes de préserver leur place dans le pétrole du Kurditan comme cela est le cas depuis 2017. Alors l’Amérique a-t-elle un quelconque poids encore en Irak ? Décidément tout comme sa situation militaire elle pèse de moins en mois sur la scène irakienne d’où le retrait de Holliburton d’Erbil.