Pourquoi la tournée Moyen-Orient du président Biden a-t-elle été reportée sans fixer de nouvelle date ? Comment la Russie a-t-elle joué le plus grand rôle dans cette fausse couche ? Le tigre américain blessé hissera-t-il le drapeau blanc de la reddition, ou frappera-t-il dans toutes les directions, notamment l'Arabie saoudite, où et comment ? Et surtout l'Iran a-t-il oui ou non joué un quelconque rôle dans cette affaire? Les dernières nouvelles sur la tournée du président américain Joe Biden au Moyen-Orient confirment qu'elle a été reportée à juillet prochain sans préciser la date qui elle, pourrait être à nouveau reportée, voire annulée. Cette tournée vacille, alors que les autres tournées du président américain, comme celles qu'il a effectuées en Asie de l'Est, en Nouvelle-Zélande et en Europe, se déroulent comme prévu sans aucun retard ni délai.
La réponse pourrait se résumer au fait que l'Ukraine, qui est devenue le centre des intérêts et des priorités du président américain et son Etat profond, a réduit d'une manière ou d'une autre, même temporairement, l'importance du Moyen-Orient. L’organisation d’un sommet avec les ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du golfe Persique à Riyad sur la coordination des positions dans les domaines de l'énergie, et le renforcement de l'accord « OPEP+ » qui a conduit à l'avortement de la tournée de Biden avant même qu'elle ne commence, ont donné un coup presque fatal aux tentatives américaines de « sauve-qui-peut » et de restaurer des relations qui ne cessent de se détériorer. Une escale à Riyad et la rencontre avec Mohammed ben Salmane, prince héritier de l’Arabie saoudite, pour mettre fin à la détérioration des relations Riyad/Washington étaient le programme le plus important prévu dans l’emploi du temps du président américain lors de sa tournée au Moyen-Orient. Mais l’Amérique de Biden a changé d’avis, suite à quoi toutes les estimations positives se sont effondrées comme un château de cartes.
Tout cela s'est reflété dans un ancien discours du président américain au cours duquel il a déclaré que « je n'ai pas de plans directs pour le moment pour visiter l'Arabie saoudite et que « l’annonce par l'OPEP d'une augmentation de la production de pétrole est une étape positive, mais pas suffisante ». Biden affirme par ailleurs qu’il est trop tôt pour parler de sa rencontre avec le prince ben Salmane maintenant. Dans la foulée, le porte-parole de la Maison Blanche tente de justifier les propos de Biden, en disant : « Le président Biden ne changera pas sa vision des droits de l'homme et du rôle du prince héritier saoudien dans le meurtre du journaliste dissident Jamal Khashoggi. »
Mais le pétrole et l'Ukraine ne sont que deux des aspects de cet incroyable antagonisme. Après l’épisode rapporté mais jamais confirmé d’un incident entre le prince héritier Mohamed Ben Salman et le conseiller à la Sécurité nationale US Sullivan, des officiels saoudiens ne cachaient plus en effet leur mécontentement sur la gestion militaire de Washington du conflit au Yémen et dénigrent pour la première fois depuis 1935 la qualité des armements occidentaux dont le nec plus ultra est engagé sur le théâtre des opérations face à Ansarallan un Ansaralalh qui en a fait une bouchée de pain en 8 ans de guerre. Ce dénigrement ne tarda pas à se traduire par la recherche de nouveaux fournisseurs et la mise en place des bases d’une industrie militaire. Riyad se tourne désormais vers la Chine et la Russie dans un mouvement qui semblait à la fois contre-nature et totalement inédit. Ce qui fait que Washington se retrouve en difficulté avec un allié majeur comme l’Arabie Saoudite.
C'est énorme et c'est signée Iran. Ce qui est certain, c'est que l'Amérique a perdu la plupart des pays du golfe Persique (à l'exception du Qatar) au profit du nouvel allié russe parallèlement au fait qu'une certaine accalmie s'installe sur le front avec l'Iran. Cette perte s’est traduite lors de la dernière réunion de l'OPEP par une augmentation de la production de pétrole de seulement 200 000 barils par jour, bien en déca de la demande américaine sur une hausse supérieure à au moins un million de barils par jour.
Dans ces circonstances, l'administration Biden assumera-t-elle cette défaite pour hisser le drapeau blanc de la capitulation ? Et bien « non ». Biden applique la profonde politique de la Maison-Blanche au Moyen-Orient où il a de nombreuses cartes à jouer, à savoir, les bases américaines dans la région du golfe Persique, qui n'ont pas été établies pour protéger les pays d’accueil, mais pour dicter les ordres de l’impérialisme et de l’arrogance mondiale. La guerre en Ukraine, l’échec des sanctions économiques contre la Russie, le non-aboutissement des pourparlers de Vienne sur le nucléaire iranien ont fait que l'Amérique est désormais comme un tigre blessé mais sans force, face à une alliance sino-russo-iranienne et, se démène dans une cage et ne peut s’en prendre qu’à l’Arabie saoudite alors que tous ses autres alliés désertent le navire.