Al-Tanf fait mal et inquiète terriblement : depuis qu'Assad a exigé que les forces d'occupation US plient rapidement bagage et quittent cette base stratégique située dans le triangle frontalier Syrie-Irak-Jordanie en échange de la mise en liberté d'un ou de deux agents US et ce, sur les 500 organisateurs américains de réseaux terroristes que détient Damas, l'angoisse le discute à la crainte à Tel-Aviv.
C'est que cette base a été l'ultime carré d'espoir israélien dans un ciel syrien de mieux en mieux barricadé : les deux derniers raids qu'Israël a lancés contre le sol syrien (août et septembre) dans l'espoir de pouvoir anéantir les cargaisons bourrés des pièces de DCA iranienne, il l'a fait depuis la base d'al-Tanf puisque ses F-16 avaient peur de faire leur apparition dans le ciel du sud du Liban ou encore au Golan occupé, là où les batteries de Khordad-3 plantées depuis des semaines les attendent au tournant. Pour le reste, ces raids ont été un fiasco comme les 1 000 autres raids déjà effectués dans l'objectif de faire bouter l'Iran hors de la Syrie et qui ont fini par déboucher sur l'émergence de Bavar-373 en Syrie orientale!
Il faut bien croire que cette rageuse déclaration de l'envoyé spécial américain pour la Syrie, James Jeffrey qui juste à la veille de la Présidentielle, met l'accent sur l'inamovibilité de la politique US à l'égard de la Syrie, renvoie à cette angoisse. Si non comment mettre dans le même sac à la fois les propos de James Franklin Jeffrey, qui affirme qu'il n'y aurait pas de changement dans la politique régionale de Washington et que les troupes US maintiendront leur présence en Syrie et cette tribune alarmiste publiée par Haaretz où il est question des "efforts américains censés apprivoiser Damas" : "L'Egypte d'al-Sissi serait prêt à vendre des armes à Assad et créer avec lui une coalition anti-Turquie... la Ligue arabe ouvrirait ses portes a l'Etat syrien d'où l'arrivée de l'ambassadeur d'Oman à Damas... alors même qu'on parle d'une possible abrogation de la Loi César", l'une des deux conditions posées par Assad pour libérer ses prisonniers US. Au fait Jeffry est sur le point de tenter d'apaiser les craintes d'un régime israélien qui, encerclés, aura à perdre le seul vrai-faux atout qu'il croit posséder encore en Syrie, la possibilité de frapper depuis al-Tanf.
« Ce que je peux dire, a souligné James Jeffrey, en particulier au sujet du dossier syrien, c'est que je ne vois aucun changement en matière de déploiement prolongé de nos troupes en Syrie, du régime de sanctions ainsi que de notre demande de retrait de l'Iran de Syrie, qui ce soit à la présidence, Biden ou Trump ». Or le contraste est total entre ces propos et la réalité sur le terrain. "Les USA en sont désormais à chercher à appliquer un mécanisme à la soudanaise en Syrie où il y a une paix "froide" avec Tel-Aviv. D'où l'implication de l'Egypte dans le dossier et ses offres de vente d'armements et ce, à l'effet d'empêcher l'afflux d'armes iraniennes vers la Syrie qui la levée de l'embargo aidant, s'est même accéléré surtout qu'il bénéficie du soutien russe.
L'apparition de Khordad-3 a restreint l'action aérienne israélienne au Golan. Celle de Bavar-373 ira le faire en Syrie orientale et centrale, à savoir à Deir ez-Zor et à Homs., note le journal qui se réfère à un récent article d'Al-Sharq Al-Owsat sigén l'ex ambassadeur syrien, Robert Ford. Pour beaucoup d'électeurs pro Israël, le rôle futur des États-Unis en Syrie est très important... Trump et Biden sont tous les deux favorables à la présence continue et restreinte des forces terrestres US dans l'est de la Syrie. Cependant, Trump a accepté de maintenir les troupes américaines en Syrie à la demande des départements d'État et de la Défense".
Et l'article de conclure :
"Trump ne croit pas à la loyauté des Kurdes dans la province syrienne de Hassake et la montée en puissance des attaques anti-US des tribus lui donne raison. En revanche Biden et ses conseillers jouent encore la carte de daechistes et pour éviter le scénario de 2014, ils sont pour le prolongement de la présidence militaire sur le sol syrien. [ …] Biden croit également en la nécessité de soutenir les Kurdes syriens en prélude à un Etat indépendant. Si Joe Biden gagne, il soutiendra la formation d’un petit gouvernement kurde au nord de la Syrie, en préparant éventuellement un plan d'aide économique, l’initiative qui serait, bien entendu, contrée par Damas,Téhéran et Moscou. Ni Trump ni Biden n'abandonneront la politique du régime de sanctions visant le gouvernement de Damas.
Mais faire la campagne autour de la Syrie est une chose, affronter la réalité du terrain c'en est une autre : les forces US ne seront se maintenir en Syrie sans le consentement de Damas. Et ce consentement n'aura pas lieu sans un divorce Syrie-Iran. Reste que pour la Syrie ce divorce est inconcevable d'où ce paradoxe auquel fait face Israël: plus il frappe la Syrie, plus la menace syrienne agrandit ».