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Pourquoi Riyad ne normalise-t-il pas publiquement ses relations avec Israël?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le roi et le prince héritier d'Arabie saoudite sont-ils en désaccord? ©Algérie Patriotique

Bien que l’Arabie saoudite ait des relations secrètes avec Israël et que des autorités membres de la famille dirigeante se soient rendues dans les territoires occupés, Riyad a jusqu’à présent refusé de signer comme les Émirats arabes unis et Bahreïn un accord de normalisation avec Tel-Aviv.

Abdel Bari Atwan s’est penché dans un article diffusé par Rai al-Youm sur la question de la normalisation entre Riyad et Tel-Aviv. 

Il y a quatre signes évidents qui rendent plus probable ce que dit ce quotidien américain Wall Street Journal. Ces signes sont mentionnés ci-dessous :

Tout d’abord, Trump a contacté le roi Salmane d’Arabie saoudite pour essayer de le convaincre de la nécessité de signer un accord de paix similaire, mais l’appel n’a jusqu’à présent donné aucun résultat, le président américain se contentant de dire que « l’Arabie saoudite normalisera ses relations au bon moment ».

Deuxièmement, la déclaration publiée par le Conseil des ministres saoudiens lors d’une réunion présidée par le roi Salmane mardi dernier non seulement n’a pas salué les accords signés par les Émirats arabes unis et Bahreïn, ne les a pas évoqués. « Le roi d’Arabie saoudite a souligné l’unité et la santé des terres arabes et le fait que l’Arabie saoudite resterait aux côtés du peuple palestinien et qu’elle soutiendrait les efforts et les mesures pour une solution juste et globale à la question palestinienne », lit-on dans cette déclaration.

Troisièmement, l’Arabie saoudite n’a pas l’habitude d’être subordonnée à aucun autre pays arabe, même si elle veut signer un accord de paix avec le régime israélien occupant, car elle préfère toujours faire son travail seule et non en association avec d’autres pays plus petits. Il est devenu courant que tout responsable américain ou arabe souhaitant entamer une tournée dans la région doive se rendre d’abord à Riyad ou retourner dans son pays avant de se rendre en Arabie saoudite. Si cette condition s’applique aux voyages officiels, elle s’applique également aux actions et accords clés, tels que les traités de paix.

Quatrièmement : la princesse Rima Bent Bandar, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis, n’a pas assisté à la cérémonie de signature à la Maison-Blanche samedi dernier et n’a envoyé personne pour la représenter ou son ambassade.

Il n’est pas exclu que le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, ait promis à son meilleur ami Jared Kouchner, chef des accords et gendre du président US, que l’Arabie saoudite suivrait les traces des Émirats arabes unis et de Bahreïn et qu’elle signerait les deuxième et troisième accords. Mais il n’a pas réussi à persuader son père de le faire et a caché l’utilisation par les avions israéliens de l’espace aérien de la région et donné le feu vert à Bahreïn pour suivre le même chemin suivi par les Émirats arabes unis. Mais toutes ces spéculations resteront sans preuve convaincante.

Il y a une théorie selon laquelle un « échange de rôles » s’effectue entre le roi d’Arabie saoudite et son prince héritier, ainsi que le roi s’oppose à une question alors que le prince héritier l’accepte parce que l’Arabie saoudite a pris des mesures secrètes pour normaliser ses relations avec le régime d’occupation en y envoyant des responsables dont des princes de la famille au pouvoir y compris le prince Turki al-Faisal, l’ancien chef des services de renseignement saoudiens. Riyad a également utilisé ses cyberarmées pour jeter les bases de cette normalisation et pour encourager la proximité et les déplacements vers les territoires palestiniens occupés.

Il est difficile pour un observateur d’être sûr ces jours-ci de l’exactitude ou de l’inexactitude de cette théorie en raison de la dissimulation de l’Arabie saoudite sur les politiques et les positions liées à cette affaire d’autant plus que le roi d’Arabie saoudite parle très peu et a très peu de réunions directes, alors que le prince héritier s’est caché de la vue pour probablement des raisons de sécurité et avec sa main de fer dirigent les médias et arrête quiconque au sein de la famille dirigeante ou dans les institutions religieuses et médiatiques s’y oppose. À présent, un grand nombre de princes et d’oulémas qui sont soupçonnés ou même qui ont critiqué lors de réunions privées sont derrière les barreaux.

Le leadership saoudien dans le monde arabo-musulman est en déclin depuis ces dernières années en raison des soupçons de normalisation des relations avec le régime occupant et de la guerre contre Yémen. Les dirigeants saoudiens craignent que toute tentative de normalisation de relations sous la pression des États-Unis conduise à des crises internes et à la perte de la «gloire» de l’Arabie saoudite et de la gestion absolue des lieux saints de La Mecque et de Médine face à une concurrence intense et aux approches fortes des pays islamiques qui cherchent des excuses pour lui reprendre herchent à la lui reprendre cette gestion.

Si la version du Wall Street Journal qui écrit le roi saoudien et son prince héritier ne sont pas unanimes, cela aura des conséquences dangereuses pour le pays dans un proche avenir et pourrait refléter des changements inattendus au sein du gouvernement saoudien dans les semaines ou les mois à venir.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV