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Comment les USA "ont poussé à jamais la Syrie dans les bras" de la Résistance? Brookings Institution répond

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Syrie/Loi César : « Sanctions US auront l'effet inverse » (Brookings Institution) ©AFP

A Moscou, le Ministre iranien des Affaires étrangères s'est implicitement moqué de la Loi César que l'administration US a fait entrer en vigueur le 17 juin, croyant de la sorte étouffer l'Etat syrien économiquement et jeter les Syriens dans la rue et à obtenir le renversement du "régime" qui lui paraît désormais militairement inoxydable. Mais aux USA, il y a des voix qui décèlent à travers la Loi César, une arme à double tranchant. The Brookings Institution y revient dans un article. 

« En effet cette mesure "unilatérale" qui a déjà visé 40 individus et entreprises, y compris le président Assad et sa famille, oblige textuellement l'administration américaine à déterminer, dans les 180 jours suivant sa signature à voir si la Banque centrale de Syrie est engagée dans le blanchiment d'argent. Mais comment pourrait-elle le vérifier? Le modus operandi est opaque. Puis, la loi exige que l'administration impose des sanctions à toute personne étrangère qui fournit sciemment un soutien important au gouvernement syrien, aux entités détenues ou contrôlées par son gouvernement, ou aux entrepreneurs militaires affiliés à Damas, "aux mercenaires et aux acteurs paramilitaires (formels ou informels), y compris forces affiliées à la Russie et à l'Iran ». Mais est-ce faisable? Là encore on ne voit pas trop comment. Pis encore, le texte désigne les secteurs du pétrole et du gaz et de la construction comme des zones de "sanctions possibles", ce qui revient à dire que ces secteurs sont pour l'heure à l'abri des sanctions. La loi vise également la vente d'avions et de pièces détachées, y compris des avions militaires tels que des hélicoptères. Mais croyez-vous qu'Assad irait s'alimenter en armes chez d'autres que l'Iran et la Russie, la Chine et la Corée du Nord, lesquels pays s'en foutent des sanctions? D'ailleurs les bases militaires russes, Hmeimim pour n'en citer qu'elle, accueillent depuis un bon bout de temps, des vols militaires iraniens, lesquels sont justement destinés à détourner ce genre d'embargo sur armement."

Et Brookings Institution de faire ce constat : Textuellement parlant, la loi n'est pas si complexe, ambiguë ou déroutante mais sa mise en œuvre l'est à plus d'un titre. En effet à y regarder de près, cette loi ne sert que les intérêts des alliés d'Assad au détriment des pays arabes de la région que le secrétaire d'Etat, Mike Pompeo, a tenté d'introduire en Syrie pour leur faire partager le gâteau syrien au détriment de la Russie, de la Chine et de l'Iran. On pense plus particulièrement aux Emirats qui ont ouvert leur ambassade en Syrie il y a plus d'un an et établi des liaisons aériennes et qui paradoxalement vient de recevoir une première menace de sanctions des Etats Unis par la voix de James Jeffery qui affirme "ne pas apprécier les relations de plus en plus étendues d'Abou Dhabi avec Damas". 

Et Brookings Institution poursuit : Mais ce n'est pas le pire dans cette loi. Le pire est que celle-ci ne vise pas le pétrole et le gaz ou encore le secteur de la construction, soit des secteurs où l'Iran ou "l'axe de la Résistance" est bien actif. En effet, les investissements iraniens dans ces secteurs remontent bien à l'avant de la guerre et ils ont l'avantage d'être à moyen ou à court terme. Ce qui les mettent d'ailleurs à l'abri des sanctions. Ce sont des investissements basés sur la production ou les importations et partant peu vulnérables aux sanctions. On pense surtout au secteur pétrochimique, a la machinerie, au transport, aux matériaux de la reconstruction, au secteur électronique, soit des pans entiers qui échappent à la Loi César. Le fait que la Loi César est unilatérale rend d'ailleurs les procédés destinés à la contourner infiniment plus faciles. Et sur ce point les Iraniens ont passé maîtres. Fin mai, l'Iran a envoyé cinq navires-citernes livrer leur essence au Venezuela, inaugurant ainsi un axe maritime anti-sanction US qui relie le golfe Persique aux Caraïbes. Les Etats Unis n'ont pas été à même de l'en en empêcher; comment voulez-vous qu'ils puissent le faire en Méditerranée, à deux pas du golfe Persique? Selon des sources, la manière dont l'Iran compte briser la Loi César ne se réduirait pas à l'envoie de quelques navires-citernes à Baniyas ou à Lattaquié. Avec 40 ans d'expérience en la matière, Téhéran saurait défier les USA.  

Au fait, cette loi ne ferait que pousser la Syrie davantage dans les bras de l'axe de la Résistance et approfondir les relations entre Damas et Téhéran. Certes, le Liban, pays du Hezbollah, en pâtirait mais, là encore, l'impact sur la politique US n'est pas à mésestimer. Hassan Nasrallah plaide désormais en faveur d'un rapprochement avec l'Iran, la Chine et la Russie, et la Loi César ne fait que renforcer son argument. Un diplomate iranien cité par des sources libanaises le disait: "l'Iran est de loin le seul pays au monde sur qui les sanctions US ont perdu tout effet". Du militaire, à l'agroalimentaire, les sanctions US visent le pays, ce qui veut dire que la Loi César fait de l'Iran et de ses alliés de la Résistance l'une des rares parties au monde avec qui la Syrie pourrait commercer.

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C'est paradoxale mais c'est comme cela, les Etats Unis viennent de supprimer de leur propre chef leurs alliés arabes du vaste marché de la reconstruction en Syrie. Après la défaite militaire américaine en Syrie, c'est la plus grosse balle "économique" que Washington tire dans leurs propres pieds et dans ceux de leurs alliés arabes. Quant à la Syrie, la Loi César lui apprendra à s'appuyer économiquement sur ses propres capacités, ce qui coupera le peu de lien qui existe entre l'Etat syrien et l'Occident.

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV