TV

Deir ez-Zor : les dessous de la proposition "pétrolière" d'Erdogan à Poutine

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des soldats de l'armée syrienne avancent sur une route dans la campagne du nord d'Alep le 17 février 2020. ©AFP

Le M4, cette voie stratégique reliant Idlib à Lattaquié est rouverte depuis 15 mars et selon les sources militaires syriennes quelques 800 kilomètres carrés du territoire syrien sont passés sous contrôle de l'armée syrienne.  Ankara a accepté de redonner à l'armée syrienne 800 autres kilomètres carrés du territoire syrien, situés à l'ouest de la province d'Idlib. Il s’agit d’une zone se trouvant au sud de l'autoroute M4 », affirment les mêmes sources.

A ce qui parait, les terroristes pro-Ankara se sont retirés d’un secteur du nord-ouest syrien, la Turquie les ayant évacués pendant ces derniers jours de cette localité avant de livrer le contrôle de cette dernière à l’armée syrienne. Conformément à l’entente établie lors des négociations entre les présidents russe et turc à Moscou, la Russie et la Turquie ont créé un centre conjoint de coordination pour la Syrie. Moscou et Ankara se sont entendus sur la présence sur le terrain de forces turques supplémentaires après concertation avec la Russie ; ainsi que sur l’organisation à partir du 15 mars, de patrouilles communes sur un secteur de la route M4, un axe stratégique qui relie Alep au gouvernorat de Lattaquié.

800 km2 remis à l'Etat syrien au sud d'Idlib/Avia.pro

Les deux pays prévoient de mettre en place un «couloir de sécurité» de six kilomètres de profondeur de part et d’autre de la route, soit une zone tampon de 12 kilomètres », a-t-on appris de l’édition du 14 mars de Sputnik. Tout ceci est bon sur le papier mais dans les faits, il y a un pas que peu d'analystes risquent de franchir à savoir prendre Erdogan à la lettre. Des informations conséquentes font état d'agissements américains à Hassaké où  un convois armé US composé de 62 véhicules blindés avec à leur bord des effectifs armés vient de débarquer en provenance d'Irak. Il s'ajoute à un autre, arrivé dans cette même région un peu plutôt pour se diriger droit vers la base russe à Qamishli. Un front nouveau incluant Hassaké et Deir ez-Zor, soit deux provinces pétrolifères de l'est de l'Euphrate se forme. 

Al Alam rapporte d'ailleurs une mutinerie à l'intérieur d'une prison dans la ville Al Sour, située sur les frontières de Hassaké et Deir ez-Zor, un peu comme ce à quoi nous a habitué l'Amérique à chaque fois qu'elle s'apprête à ouvrir un front nouveau et qu'elle a besoin d'effectifs supplémentaire, les prisonniers daechistes étant les meilleurs d'entre eux. Quelques 4 000 terroristes seraient détenus dans cette prison, ce qui pourrait bien arranger le Pentagone et ses alliés turcs. Après tout une base aérienne russe à Qamichli est un obstacle trop grand pour que le camp atlantiste puisse s'en passer sans rien faire. 

 

Les sources russes affirment que déjà à Idlib, les terroristes pro-Ankara offriraient une certaine somme d’argent à toute personne "leur ramenant des militaires et des journalistes russes". Des terroristes offrent jusqu’ à 25 000 de dollars de récompense pour que l'on capture vivants ou morts des journalistes ou des militaires russes. Parmi les journalistes russes, il y en a ceux qui diffusent des nouvelles sur les soutiens de la Turquie aux terroristes et Ankara a dans sa ligne de mire ces derniers. Parmi les groupes de terroristes concernés, il y a Hayat Tahrir al-Cham qui s’est dit prêt à payer 100 000 dollars supplémentaires de récompense pour toute information donnée pouvant le conduire lui-même à saisir les soldats ou les journalistes russes. Bref, d'un choc frontal, soldé par la défaite militaire renaissante turque, Ankara passe aux moyens moins loyaux pour contrer la Russie à Idlib tout en ouvrant aux côtés des Américains un nouveau front  Hassaké et Deir ez-Zor avec comme point d'orgue un face-à-face plus que frontal avec la Résistance. Quelle sera la prochaine étape? 

La présence des forces US dans le nord-est de la Syrie est un problème pour la Russie et l'Etat syrien, car l'objectif est de «rendre très difficile» la défaite finale des terroristes  et « d’interdire toute aide [à la reconstruction] pour remettre le pays sur pied. Or contrairement à l’armée syrienne, la Turquie est capable de négocier avec la Russie, la présence américaine dans le nord-est de la Syrie qu'occupent les États-Unis. Et c'est de cette carte que le couple Ankara-Washington semble vouloir user pour "sommer" la partie russe.  C’est pourquoi Erdogan a proposé à Poutine la gestion conjointe des champs pétroliers dans l’est de la Syrie sous contrôle américain. Poutine a laissé la porte ouverte sans accepter la proposition de Erdogan et évitant pour le moment le piège. Il devrait se dire sans doute que la présence turque en Syrie est devenue plus problématique que l’occupation américaine tant qu'Erdogan est au pouvoir.

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV