Est-ce le début d'une nouvelle grande guerre avec le même scénario qui vient de s'annoncer au Maghreb? Il est vrai que le Maghreb à savoir la Tunisie, l'Algérie et le Maroc a plutôt échappé aux conséquences dévastatrices de la première guerre en Libye (2011) œuvre conjointe France/USA, laquelle guerre a réduit en état de ruine la Syrie. N'empêche que les acteurs de la guerre syrienne ne peuvent ne pas penser à retenter le coup dans cette vaste région stratégiquement vitale pour les puissances "classiques" dont l'influence et le poids s'y réduisent comme une peau de chagrin.
À l'heure qu'il est, la Turquie d'Erdogan, presque défaite à Idlib rameutent ses terroristes à destination de la Libye où le gouvernement de Tripoli et le super agent Haftar ont pour mission d'étendre leurs combats au-delà des frontières libyennes. L'Algérie et la Tunisie sont en état d'alerte. Mais l'Algérie a toutes les raisons du monde de l'être davantage. À peine trois jours après l'élection du président Tebboune, le chef d'état-major Gaid Salah a disparu dans des circonstances pour le moins étranges. Les Algériens ont très rapidement remplacé l'homme fort de l'armée par le général Saïd Chengriha, un "dur" comme le disent les médias français, n'empêche que les troubles internes demeurent. La Turquie dont le président a annoncé voir en la Libye un "héritage ottoman" -tout comme la Syrie en son temps, a donné son feu vert au déploiement de troupes-mercenaires- en Libye, ce qui incitera le camp d'en face à en faire autant.
Le résultat? L'intensification des combats avec en toile de fond le renforcement des risques de débordement. Le conseil de sécurité algérien a lancé l'alerte sur les frontières signe que l'État algérien n'acte plus désormais aucune hypothèse. Des frappes aériennes et terrestres anti-algériennes sont elles possibles?
Toujours est-il que l’Algérie a conclu trois contrats pour l’achat de Su-57, Su-34 et Su-35 avec 14 appareils pour chaque modèle, a indiqué le site algérien Menadefense. Le choix de Su-57 est fort significatif dans un contexte de tension où Américains et Israéliens testent à tout va leurs F-35.
Selon Menadefense, l’Algérie va donc acquérir des chasseurs furtifs Su-57 russes, devenant ainsi le premier client à qui le constructeur Sukhoi exportera ce fleuron de l’aviation de combat de 5e génération. Le site affirme qu'en 2025, l’Armée de l’air algérienne sera en mesure de déployer deux escadrons de Su-30MKA, un autre de Su-57, un de Su-35 et un de MiG-29M2, ce à quoi s'ajoutent deux escadrons de Su-24 modernisés et un de Su-34 pour la flotte de bombardiers. La formation des pilotes se fera avec des Yak-130, ajoute le site.
Mais pourquoi de tels préparatifs?
Cité par Sputnik, Akram Kharief, expert des questions sécuritaires et de défense et rédacteur en chef et éditeur du site Menadefense, estime que c’est « l’apparition de F-35 dans la flotte italienne qui a motivé la prise de décision rapide de l’Algérie ». Pour lui, l’acquisition du Su-57 par l’Algérie « est une révolution sur le flanc ouest de la Méditerranée », car « c’est la première fois qu’un avion furtif de 5e génération sera introduit en Afrique. C’est inédit également en Méditerranée, car dans ce bassin il n’y a qu’Israël et l’Italie qui disposent d’avions furtifs en l’occurrence le F-35. Même la France n’en dispose pas ».
Au train où vont les événements, l'Algérie n'écarte donc aucune possibilité : on imagine mal l'Italie se livrer à des frappes contre l'Algérie ; par contre Israël en est parfaitement capable. Des Sukhoi dont se dote l'Armée de l'air algérienne sont des bombardiers à long rayon d’action capables de mener des opérations à des milliers de kilomètres, ce qui étend les possibilités offensives de l’Armée de l’air algérienne, estime l'expert qui reconnait que l'Algérie reproduit là l'expérience de l'Armée de l'air syrienne, qui fait usage des Su-34 capables de se défendre eux-mêmes. Au fait, les États-Unis et l'OTAN, désormais largement impliqués au Sahel, se sentent plutôt déçus par l'échec de leur tentative de déstabilisation en Algérie. La deuxième guerre de Libye devrait leur permettre de s'implanter dans l'est de la Méditerranée, espace stratégique de concurrence, d'où l'inquiétude parfaitement justifiée à Alger de voir la guerre libyenne très rapidement contaminer les frontières.
Partant de ce constat, M.Larbi Chérif a expliqué que « l’Algérie qui ne participe à aucune alliance militaire entend par l’acquisition de ce genre d’armements, comme les Su-57, les Su-34 et les systèmes de défense antiaérienne tels que les S-300, maintenir l’équilibre militaire à même de lui permettre de défendre son intégrité territoriale et ses intérêts vitaux ». « Car bien que le projet américain du Grand Moyen-Orient ait échoué pour l’instant, rien ne dit qu’il ne reviendrait pas sous une autre appellation », a-t-il conclu.