Il y a un aspect fort peu médiatisé de la frappe qu'ont menée, le 14 septembre dernier, les drones de la Résistance yéménite contre Aramco et qui semble plus que tout autre partie, alerter les Salmane. Comme l'a bien affirmé le général Yahya Saree dans les heures suivant l'attaque, la frappe n'aurait pu avoir été menée à bon terme sans la participation de "braves Saoudiens". Si Riyad prétend désormais avoir retrouvé sa pleine production pétrolière deux semaines après l'attaque, ce qui reste à prouver, il est aussi vrai que le régime saoudien ne saurait renier que ses bases sont bien vermoulues.
La dernière attaque contre l’infrastructure pétrolière saoudienne a bel et bien démontré comment ce conflit se propage à la vitesse grande V à l’intérieur des frontières saoudiennes, sans que Riyad puisse contrer la saignée : malgré l’habitude de pointer du doigt l’Iran, la Maison des Salmane sait désormais et avec certitude que l'attaque du 14 septembre a reçu le propre soutien de l’Arabie saoudite qui en a assez de la folie destructrice des Salmane. D'où cette proposition de Riyad de cessez-le-feu limité qui ne peut évidemment pas satisfaire le camp d'en face qui est parvenu, au prix de cinq ans de sacrifice, à inverser la donne. Le Gouvernement de salut national rejette la proposition de l'Arabie saoudite sur l’établissement d’un cessez-le-feu partiel au Yémen affirmant que le Yémen n'acceptera rien de moins qu'une cessation complète de l'agression et du blocus imposé par l’Arabie saoudite.
Selon un rapport de l'agence de presse Fars News, le Gouvernement de salut national yéménite a rejeté l'offre de cessez-le-feu parce qu'il en a assez des mensonges saoudiens et qu'il veut que l'Arabie saoudite mette une bonne fois pour toutes fin à la guerre et non pas acheter du temps pour se refaire une santé.
Le Wall Street Journal a prétendu dans son édition du 27 septembre que l'Arabie saoudite avait accepté l'Initiative du Gouvernement de salut national yéménite et proposé l’établissement d’un « cessez-le-feu partiel », dans quatre districts y compris la ville de Sanaa. Or cette proposition prévoyait une trêve totale et la fin des frappes de la coalition pro-Riyad sur l'ensemble du territoire yéménite en échange d'un arrêt des tirs de missiles et de drones d'Ansarallah contre l'Arabie saoudite.
Le 20 septembre, six jours après l’attaque de représailles menée par l'armée et les Comités populaires yéménites contre l'est de l'Arabie saoudite, le président du Conseil politique suprême yéménite, Mahdi al-Mashat a fait part de l'initiative de Sanaa, visant à mettre un terme aux attaques sur Riyad.
Il a déclaré que le Gouvernement de salut national mettrait fin « volontairement et unilatéralement » à ses opérations contre le sol saoudien, à condition que l'Arabie saoudite mette également un terme aux attaques contre le Yémen.
Mahdi al-Mashat, qui s’exprimait vendredi soir 20 septembre, a précisé, au nom des forces armées yéménites, qu’elles avaient mis momentanément fin aux « attaques de missiles et de drones contre les cibles saoudiennes », espérant que « l'Arabie saoudite agirait de la même manière » et qu'elle « cesserait d’attaquer le Yémen ».
Or, Riyad ne veut pas jouer franc jeu : la chaîne libanaise Al-Mayadeen citant Daif Allah al-Shami, ministre de l’Information du Gouvernement de salut national, a annoncé que le gouvernement n'accepterait pas l'offre saoudienne pour une trêve partielle et que toutes les frappes aériennes devraient être arrêtées dans toutes les régions yéménites.
Mohammed Ali al-Houthi, président du Comité suprême révolutionnaire yéménite, a également évoqué l'initiative de Sanaa et déclaré que selon cette initiative, toutes les attaques saoudiennes contre le Yémen devraient être arrêtées.
Le régime de Riyad saura-t-il refuser pour longtemps l'offre de paix? Rien n'est moins sûr. Après les attaques contre Aramco qui risquent à tout moment de se reproduire, l’Arabie saoudite n’a reçu que peu ou pas de soutien tant au niveau régional qu’international, car ses affirmations selon lesquelles l’Iran était derrière ces attaques sont tombées dans l’oreille d’un sourd. À la seule exception du secrétaire d’État américain Mike Pompeo, aucun État de la région – Égypte, Émirats arabes unis, Koweït, Bahreïn, Jordanie, Turquie, n’a soutenu l’accusation contre l’Iran. Même le président US, Donald Trump a déclaré qu’il fallait « vérifier » si l’Iran était impliqué dans l’attaque ou s'il était derrière elle. La vérité est que l'attaque contre Abqayq, le 14 septembre a provoqué un séisme au cœur du pouvoir saoudien qui est potentiellement isolé, faible et vulnérable à de nouvelles attaques, et s'attend au pire et ce pire pourrait être un coup d'État à l'intérieur du pays.