Dans ce numéro de Zoom Afrique :
L’actualité en Afrique :
Les analyses de la rédaction :
Djibouti : une visite douteuse qui reflète les pressions occidentales
Selon le média hch24, une délégation conduite par le président de l’État autoproclamé du Somaliland est arrivée ce mardi 3 septembre 2019, à Djibouti pour une visite de 48 heures. Ce qui a obligé le président djiboutien à reconnaître l’État autoproclamé du Somaliland.
Le Premier ministre de Djibouti, Abdoulkader Kamil Mohamed, chargé d’accueillir M. Muse Bihi Abdi, a publié sur son compte officiel Facebook la phrase suivante qui a énervé Mogadiscio : « À l’aéroport de Djibouti pour accueillir Moussa Bihi, président de la République du Somaliland. » Le site allègue que c’est comme si le Premier ministre de Djibouti reconnaissait la Somaliland comme une république indépendante de la Somalie.
Le président djiboutien, Omar Guelleh, est, depuis son rapprochement avec la Chine et même la Russie et son détachement d’avec la France, sujet à des pressions diplomatiques et des attaques des médias mainstream comme HCH24. Les dernières allégations concernant la complicité du président djiboutien avec le groupe terroriste Daech de la Somalie le montrent. Djibouti et la Somalie sont tous deux des États qui résistent encore aux pressions occidentales, mais aussi de certaines monarchies du golfe Persique. En effet, les Émirats arabes unis détenaient la gestion du port de Doraleh, à travers la société DP World. Mais Djibouti a décidé de rompre le contrat et de l’accorder à Pékin. Une pilule qui n’est pas passée, sachant que ce sont encore les EAU qui sont aux commandes dans le Somaliland. Car l’État autoproclamé est devenu une plaque tournante pour faire rentrer des armes sur le continent africain. Mais pourquoi cette visite ? Car aucun communiqué n’a été transmis concernant la nature de cette visite. Le site HCH24 parle d’une rancœur du président Guelleh par rapport à la victoire du Kenya au poste de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2021-2022. Un vote secret, selon le site, dont les résultats auraient été de 37 voix pour le Kenya contre 13 pour Djibouti. Ce qui ne serait pas vraiment assez pour pousser le président Omar Guelleh a accepté la reconnaissance du Somaliland. Par contre, vu la campagne médiatique de déstabilisation à son égard, toutes les manœuvres sont utilisées afin de le faire partir du pouvoir. Djibouti se trouve à un endroit extrêmement stratégique, surtout par rapport aux événements actuels au Moyen-Orient. Il faut savoir aussi que les rumeurs disant que la Chine et l’Iran voudraient coopérer militairement au large de Djibouti avaient sorti Washington de ses gonds. Le gouvernement américain avait d’ailleurs tout de suite convoqué un représentant du gouvernement djiboutien à Washington pour qu’il s’explique sur ce lien présumé. Ce qui fait que les États-Unis entreprennent des plans pour atteindre le président djiboutien et le faire tomber. Djibouti fait encore partie des rares pays à résister aux pressions internationales, mais le pays devrait se joindre à l’axe de la résistance, car seul, il aura beaucoup peut-être du mal à résister aux pressions.
Mali : la France plume l’État malien
Au Mali, l’affaire de l’achat des hélicoptères Puma continue de faire du bruit. L’affaire remonte à 2017. Pris dans la tourmente du fait de la multiplication des attaques terroristes, l’État malien avait pris la décision d’augmenter la puissance de feu des Forces armées maliennes (FAMA) en les dotant de deux hélicoptères de manœuvre « Puma ». Mais très vite, le scénario a tourné au vinaigre. En effet, quelque temps après leur acquisition, les appareils sont cloués au sol. Si le chef de l’État, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), justifie cette brusque atrophie des hélices des « Puma » par des problèmes de maintenance, des organisations de la société civile, elles, évoquent des malversations financières. Pourtant ce genre d’achat concerne bien le fournisseur même, qui en l’occurrence serait la France. Les accusations se retournent vers le gouvernement, alors que ceux qui sont censés fournir l’armée nationale sont les mêmes qui occupent le pays sous la bannière de la lutte contre le terrorisme, alors que de nombreuses bases militaires sont déployées sur le territoire malien, et de nombreux effectifs militaires y sont présents. Cette affaire ressemble fort à l’affaire des 1 400 fusils d’assaut que la France a fourni à la République centrafricaine. Les fusils avaient bel et bien été fournis, mais sans chargeurs ni munitions. Donc, le résultat est bien le même, une manœuvre qui a beaucoup fait parler d’elle dans les médias mainstream, mais sur le terrain, elle ne sert à rien. Une armée nationale est très importante pour le développement d’un pays. C’est d’ailleurs pour cela que l’Occident investit tant dans ses armées nationales, mais ne laisse en aucun cas les armées nationales africaines se développer surtout dans le Sahel. D’ailleurs, la mise en place du G5 Sahel était à la base une idée en interne. C’était en occurrence le président tchadien Idriss Déby qui avait lancé l’idée pour pouvoir combattre l’émergence du terrorisme qui commençait à être très menaçante et surtout qui a suivi l’arrivée des troupes militaires occidentales en Afrique de l’Ouest. Mais voilà que la France s’en est emparée, et actuellement, cette association militaire entre les 5 pays d’Afrique, à savoir, le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, est sérieusement remis en question.
L’achat des hélicoptères Puma était très important pour le Mali et aurait même pu empêcher beaucoup des terroristes d’agir librement contre les populations maliennes. Mais cela ne rentrait visiblement pas en compte, car le but de la manœuvre était bel et bien de monter les ethnies maliennes les unes contre les autres pour, au final, conduire la population à émettre la volonté de démembrer le pays en justifiant que c’est le seul moyen de ramener la paix. La population malienne n’est pas dupe. Elle sait très bien que les gouvernements occidentaux ne veulent pas du bien pour le Mali. C’est pour cela qu’une résistance accrue est née, et qu’elle arrive à mettre des bâtons dans les roues des plans néocoloniaux des Occidentaux.
Congo-Brazza : la France menace Brazzaville !
La France commence à se montrer de plus en plus hostile vis-à-vis du Congo-Brazzaville. Elle a récemment déclaré qu’elle « attendait des actes » du président congolais, Denis Sassou Nguesso, face à des opposants emprisonnés tels que Jean Marie Michel Mokokoko, candidat à l’élection présidentielle de 2016 au Congo.
Mardi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré qu’il s’attend à ce que ce sentiment soit repris par le président français lors de sa prochaine rencontre avec son homologue congolais.
Le gouvernement français est le dernier à s’être joint à l’opposition congolaise, qui a également appelé samedi à la libération des opposants, Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, avant les élections présidentielles du pays en 2021.
La petite phrase de Jean-Yves Le Drian n’est pas passée inaperçue. Le ministre français des Affaires étrangères a expliqué qu’il avait demandé au président congolais des « actes » envers l’opposant Jean-Marie Michel Mokoko et d’autres personnes emprisonnées… Et le ministre français de préciser : « Je le lui ai dit avec fermeté. » Ces propos ont été accueillis avec incrédulité par la délégation congolaise. Seule personnalité à accepter de réagir à cette déclaration, Jean-Claude Gakosso, le ministre congolais des Affaires étrangères.
« Ces propos ne m’émeuvent pas outre mesure et je prends note de ce qui est dit. Je connais bien Jean-Yves Le Drian et je peux témoigner de l’amitié qu’il a pour le président Sassou. Ce sont des amis, donc ils peuvent tout se dire avec le président Sassou », a déclaré le patron de la diplomatie congolaise tout en reconnaissant bien sûr la sensibilité du sujet abordé entre le président congolais, Denis Sassou N’Guesso, et Jean Yves Le Drian, peu avant sa rencontre, mardi, avec son homologue français, Emmanuel Macron, à l’Élysée.
« Ce sont des questions complexes et je ne voudrais pas faire quelque injonction que ce soit, encore moins à la justice de mon pays que je respecte », a-t-il ajouté.
Concernant l’entretien entre les deux présidents, le ministre congolais a affirmé que les deux hommes ont évoqué l’accord signé entre le Congo-Brazzaville et le Fonds monétaire international. La France avait conditionné une aide financière à la signature d’un tel accord. Résultat, selon Jean-Claude Gakosso, « le président Macron s’est engagé à débloquer déjà le tiers de cette aide qui est de 88 milliards de francs CFA ». Il est affirmé que les sujets ont principalement tourné autour de l’environnement et qu’une idée aurait aussi émergé lors de cet entretien en tête-à-tête : celle d’organiser une des prochaines éditions du One Planet Summit, peut-être celle de 2020, à Brazzaville, la capitale congolaise. Ce rendez-vous concernant l’environnement du Congo-Brazza aurait aussi un lien avec certaines filiales chinoises qui détiennent le monopole du bois aussi bien au Gabon qu’au Congo-Brazza. Cet échange d’argent pourrait très bien signifier l’arrêt des activités du groupe chinois Dejia Group, qui est une puissante entreprise dans le secteur du bois.
Pourtant, le dossier libyen a aussi été mis sur la table. La semaine dernière le président français a souhaité que l’Union africaine (UA) joue pleinement son rôle dans le dossier libyen. La question a aussi été évoquée avec son homologue qui assure la présidence du Comité de haut niveau de l’UA sur la Libye, selon une autre source diplomatique relayée par le média RFI. Avec les menaces de la France et le comportement de ses médias, il semblerait que le Congo-Brazza soit dans le viseur de l’Élysée.
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