Alors que les États-Unis travaillent d'arrache pied à la mise au point d'une "coalition anti-iranienne" dans le golfe Persique, et qu'ils se vantent d'avoir déjà lancé une invitation à 60 pays du monde y compris à la France, à l'Allemagne, à la Belgique ou encore aux Pays Bas, le président iranien s'est entretenu avec son homologue français. À Téhéran, on sait que ni la France ni l'Allemagne ne sauraient facilement se faire à l'idée d'un Brexit dur, une perspective que le nouveau Premier ministre britannique vient de brandir sous le nez de l'UE dans le stricte objectif de s'aligner sur Washington et de défier l'Europe. Alors tant que l'Europe y est, pourquoi ne pas riposter à cet anti-européisme primaire de l'axe Londres-Washington? Rohani y montre la voie.
Lors de son entretien avec le président Macron, le président iranien, Hassan Rohani, a proposé un mécanisme propre à neutraliser la possible première manœuvre anti-européenne de Londres : la normalisation des relations commerciales avec l'Iran qui est le premier pas de l'Union européenne vers le respect des obligations prévues par l’accord nucléaire iranien.
Lors de cette conversation téléphonique, Hassan Rohani a qualifié de positifs les résultats de la visite de son envoyé spécial, Abbas Araqtchi en France. Il a insisté sur l’impératif de poursuivre les négociations pour mettre pleinement en œuvre les engagements dans le cadre du Plan global d’action commun (PGAC).
Selon Rohani l'objectif du PGAC était de normaliser les relations économiques de l'Iran avec les autres pays.
« Malheureusement, malgré le plein respect par l'Iran de ses engagements, seule une partie de ses intérêts a été assurée. Après le retrait des États-Unis, non seulement l'Europe n'a pris aucune mesure sérieuse à cet égard, mais certaines entreprises européennes ont également quitté l'Iran à la suite des sanctions unilatérales des États-Unis », a-t-il fait remarquer laissant entendre que le maintien du statut quo pourrait tout remettre en cause et que ce sera là une seconde victoire des anti-Europe après évidemment le brexit dur.
Car pour avoir fait l'objet des menaces de sanctions US contre le vin français, Macron ne peut qu'être d'accord avec le président iranien qui a rappelé le caractère "inhumain" du terrorisme économique américain. Si la France est encore sanctionnée, ce seront les Français qui se trouveront tout comme les Iraniens en difficulté. « Le peuple iranien juge inadmissible le refus de l'Europe de respecter ses engagements pris dans le cadre du PGAC alors que Téhéran, lui, y reste entièrement fidèle ».
Guerre USA/Iran?
Un autre domaine où la France pourrait enfin se prévaloir face à une Amérique de plus en plus anti-Europe pourrait toucher les tensions au Moyen-Orient. Le président iranien a affirmé que la politique américaine visant à attiser les tensions au Moyen-Orient aurait des répercussions négatives sur la sécurité et la stabilité de la région et au-delà : « La République islamique d'Iran a toujours été et sera le principal garant de la sécurité et de la liberté de navigation dans le golfe Persique, le détroit d'Hormuz et la mer d'Oman », a dit Rohani en allusion à l'idée "provocatrice" et "hostile" de la création d'une "coalition anti-iranienne" dans le golfe Persique et dans le détroit d'Hormuz.
Au lieu de participer à une quelconque aventure guerrière anti-iranienne dans une région vitale pour l'avenir énergétique du monde, l'Europe, ainsi que l'a affirmé le président iranien, devra s'activer davantage et normaliser des relations bancaires et pétrolières avec l'Iran comme la première étape d'un retour à la normale : « L'attribution d'une ligne de crédit par l'Europe à cet égard peut être un bon début. Malheureusement l’Europe a raté de nombreuses opportunités pendant la dernière année pour respecter ses engagements et coopérer avec l’Iran. Plus le temps passe et plus l’Iran réduit ses engagements au titre du PGAC, plus il sera difficile pour les deux parties de faire un retour en arrière », a mis en garde le président iranien. Reste à savoir si la France est prête oui ou non à saisir la perche tendue par l'Iran, "raviver un accord historique qui symbolise le succès politique de l'Europe et barrer la route aux tendances guerrières US qui visent à entraient l'Europe dans une nouvelle aventure". En tout cas le président français a voulu se montrer ainsi: il a qualifié de "positive la récente visite de l’émissaire du président Rohani à Paris", soulignant que "Paris n’épargnerait aucun effort pour défendre les intérêts de l’Iran dans le cadre du PGAC et faire normaliser les relations économiques de la République islamique d’Iran avec d’autres pays".