Le quotidien américain The Washington Post a révélé que les relations entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu pourraient se ternir sérieusement si le Premier ministre israélien rejetait l’initiative américaine connue sous le nom du Deal du siècle.
« L’amitié entre le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a été jusqu’à présent ferme et inébranlable. Mais les circonstances de la réélection de Netanyahu, cette semaine, et les détails probables du Deal du siècle proposé par Trump, pourraient sérieusement mettre à l’épreuve ces liens. Netanyahu a remporté un cinquième mandat de Premier ministre, en grande partie grâce à son adhésion au nationalisme israélien [la ligne politique des partis radicaux, NDLR]. Il a toujours fait campagne pour un programme axé sur la sécurité, accusant ses adversaires de vouloir compromettre la sécurité d’Israël en échange de promesses arabes et d’applaudissements internationaux. Il l’a fait de nouveau, mais cette fois, il a ajouté de nouvelles revendications de souveraineté israélienne sur la Cisjordanie. Netanyahu a déployé tous les efforts possibles pour attirer plus d’électeurs. Il a négocié une alliance électorale entre un parti ultranationaliste, Otzma Yehudit, et deux autres partis nationalistes un peu moins extrémistes pour créer l’Union des partis de droite. Netanyahu a également franchi une étape dans les derniers jours de sa campagne qui, à elle seule, pourrait saboter tout plan [proposé par Donald Trump, NDLR]. Les colons veulent depuis longtemps voir toute la Cisjordanie annexée à Israël. Netanyahu a souscrit à une partie de cet idéal, affirmant qu’il souhaitait intégrer les colonies israéliennes à Israël proprement dit. Il a également déclaré qu’il ne déracinerait pas un seul colon de Cisjordanie. Aucune de ces déclarations n’est propice à un règlement avec les Palestiniens. Trump a offert à Netanyahu de nombreux cadeaux, bien plus qu’à tout autre leader mondial. Certains pourraient soutenir que le retrait du président américain de l’accord nucléaire iranien est dans les intérêts nationaux des États-Unis, mais c’est certainement ce que Netanyahu souhaitait vivement. Il en va de même du transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem [Qods, NDLR], ce qui n’était pas dans l’intérêt des Américains, même si les présidents avaient promis de le faire. Et la reconnaissance sans contrepartie par Trump de l’annexion par Israël du plateau du Golan, à la veille des élections israéliennes, n’était rien de moins qu’une Mitzvah pour son ami.
Nous savons une chose à propos de Trump : il peut faire des cadeaux, mais il s’attend toujours à être remboursé. Netanyahu devra faire très attention à la manière dont il va réagir à tout accord proposé par Trump impliquant la création d’un État palestinien viable et contigu. Tous les actes de Netanyahu montrant qu’il pourrait accepter l’initiative de Trump plairont au président américain mais ébranleront, d’autre part, la confiance de ses électeurs. Rejeter de plein fouet l’initiative de Trump ravirait ses partisans mais pourrait potentiellement enrager Trump. Il a passé trop de temps dans l’indécision ou la négociation et il pourrait les exaspérer. Mais ses relations avec le versatile Trump pourraient être particulièrement mises en danger.
Bien sûr, si le plan [Deal du siècle, NDLR] ne rend pas le terrain propice à la création d’un État palestinien viable, ou si le problème n’a pas d’importance pour Trump, il est peu probable que les relations entre Netanyahu et Trump fassent l’objet d’une brouille. Mais si cela importait à Trump, Netanyahu pourrait rapidement découvrir ce que d’autres membres de l’entourage de Trump ont appris sur le tas : la loyauté est toujours exigée et cela ne vaut que dans un seul sens. La manière dont Netanyahu gérera un choix aussi cornélien pourrait déterminer l’évolution des relations américano-israéliennes et de la politique intérieure israélienne pour les années à venir. »