C'est une pratique désormais bien courante des faiseurs de guerre de l'Empire : bien avant le fameux "Printemps arabe" qui a mis en 2011 sens dessus dessous des pays du nord de l'Afrique pour s'étendre dans la foulée, à la Syrie, les États-Unis ont tenté un scénario similaire en Iran. Mais cette tentative a largement échoué dans la mesure où les Iraniens font face depuis 40 ans aux "projets US" et que ces projets-là n'ont plus aucun secret pour eux. La réélection du président sortant de l'époque, Mahmoud Ahmadinejad aurait dû déclencher "le mouvement" et ce fut le cas.
Sous prétexte d'avoir à faire face à des fraudes électorales, la capitale s'est transformée en l'espace de quelques semaines en un champ de bataille où des "éléments" pilotés de l'extérieur auxquels se mêlaient des casseurs, provoquaient chaos et violence. Deux ans plutôt, le Congrès avait voté en 2007 une enveloppe de 400 millions de dollars pour « changer le régime » en Iran. Celle-ci s’ajoutait aux budgets ad hoc de la NED, de l’USAID, de la CIA et tutti quanti. L’administration Bush avait pris la décision de commanditer une « révolution colorée » en Iran après avoir confirmé la décision de l’état-major de ne pas attaquer militairement ce pays. Et ce choix s'est trouvé validé par l’administration Obama. Or la tentative a lamentablement échoué puisque trois ans plus tard, Obama demandait à dialoguer avec l'Iran.
En effet, le principal ressort des « révolutions colorées » n’a pas été correctement activé. Le Peuple iranien ne s’est pas trompé, il n’a pas rendu le président sortant ni aucun officiel responsables des conséquences des sanctions économiques US sur le pays et de leurs conséquences économiques. L'État iranien a fait le choix stratégique et bien intelligent de s'abstenir d’opposer des manifestants les uns contre les autres et a laissé les comploteurs se découvrir; puisqu'en Iran, l'État et la nation ne font qu'un, et qu'il n'est pas question de recourir aux méthodes largement déployées par les démocraties occidentales. Le 30 décembre 2009, des milliers d'Iraniens sont descendus dans les rues pour dénoncer les saccageurs, les fastueux, et surtout leurs commanditaires et le calme a fini par être de retour.
Ayant renoncé à la guerre et échoué à renverser l'État iranien, quelle carte restait-il dans les mains de Barack Obama ? Quémander pour dialoguer.
Ce 9 décembre 2018, des millions d'iraniens ont commémoré à travers tout le pays l'anniversaire de l'échec de la première et de loin la dernière tentative de révolution colorée en Iran. Mais l'administration Trump est-elle prête à tirer leçon de la défaite de son prédécesseur? Rien n'est moins sûr: les États-Unis de Trump qui se sont retirés de l'accord nucléaire, quitte à mettre sous pression de leurs sanctions le peuple iranien, caressent à nouveau le rêve d'une révolution haute en couleur en Iran. Même la France semble vouloir y croire, elle qui capitalise tout sur les terroristes de l'Organisation des Mojahedin du peuple [OMK], ... Mais le pari est déjà perdu.