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L'ambassade US incite à la désobéissance civile

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Donald Trump annonce le retrait des troupes américaines de Syrie. (Illustration)

Le 19 décembre, le président américain ordonnait le retrait des troupes américaines de Syrie. Le même jour, l’ambassade des États-Unis à Riyad appelait les citoyens saoudiens à manifester contre les Al-Saoud. Trump cherche-t-il à étendre le conflit syrien à l’Arabie saoudite ?

Dans un geste surprenant, Donald Trump a ordonné le retrait des troupes US de Syrie, en prétendant avoir atteint son objectif de « vaincre Daech ». Tous les membres de son administration ne sont pourtant pas du même avis. « La campagne contre Daech n'est pas terminée », a d'ailleurs souligné le Pentagone qui a fait des terroristes de Daech et leurs crimes commis en Syrie et en Irak un fond de commerce pour justifier sa présence. 

La décision de Trump intervient alors que l’émissaire spécial américain pour la Syrie James Jeffrey avait évoqué, lundi, trois conditions au retrait des forces US de Syrie : l’échec de Daech, le retrait des forces alliées de Bachar al-Assad et le changement politique en Syrie sur la base de la résolution 2254 du Conseil de sécurité.

Les États-Unis prétendent avoir envoyé des troupes en Syrie avec l’objectif de « vaincre Daech », mais la réalité est que tout au long de ces 7 années de guerre en Syrie, Washington a joué un rôle de premier plan pour faire perdurer la crise en formant des groupes terroristes en Jordanie, dans la base d’al-Tanf et en leur fournissant des armes et des équipements militaires, estiment par ailleurs les experts.

L’envoi de 2.500 commandos spéciaux en Syrie dont la plupart ont été déployés au nord-est du pays pour former une armée composée de forces kurdes et arabes de la région de l’est de l’Euphrate n’a eu d’autre objectif que de mettre en place un « État kurde » et de démembrer la Syrie. La tentative de former une force de sécurité de 30.000 hommes et son déploiement le long de la frontière turque faisaient partie du plan de démembrement de la Syrie, plan qui s’est heurté à l’opposition d’Ankara et des alliés de Damas.

Les victoires fulgurantes de l’armée syrienne sur les groupes terroristes et le maintien de la souveraineté syrienne par le gouvernement de Bachar al-Assad d’une part, et de l’autre l’opposition violente du gouvernement turc à toute tentative visant à démembrer la Syrie et à y former un État kurde ont fait voler en éclat l’application du plan de démembrement de la Syrie. Pour ainsi dire, la présence des militaires américains sur le territoire syrien n’a pas pu contribuer à l’avancement et la réalisation de ce projet.

Mais si les États-Unis finissent par se retirer de Syrie, que feront-ils avec leur "frères d'armes", et à commencer avec Riyad? 

La publication d’une vidéo sur le compte Twitter de l’ambassade des États-Unis à Riyad, le mercredi 19 décembre, appelant le "peuple saoudien à protester contre le gouvernement" afin qu’il "apporte des changements politiques et sociaux positifs", apportent la réponse. Tout en soutenant des manifestations pacifiques en Arabie saoudite, la vidéo explique à ses interlocuteurs comment ils peuvent y prendre part pour réclamer des changements. Le narrateur souligne dans une partie de la vidéo que "les manifestants peuvent protester avec succès même dans une situation marquée par la répression et l’autocratie".

Ni l’ambassade américaine ni les autorités saoudiennes n’ont encore réagi à cette vidéo qui tombe au pire moment pour le régime de Riyad. En effet, malgré d'inlassables efforts déployés par le prince Ben Salmane, ce dernier ne semble pas encore s'être remis du séisme que fut l'affaire Khashoggi. Largement fragilisé, toute manifestation de masse au royaume pourrait se heurter à une répression cinglante du régime de Riyad qui ne tolérerait aucune "tentative de déstabilisation". En effet, on ne sait que trop, les manifestations sont vivement interdites et les protestataires sont impitoyablement exécutés. À titre d’exemple, en 2016 le gouvernement saoudien a condamné à la pendaison au moins 21 personnes pour avoir participé aux manifestations anti-régime.   

Le journal Rai al-Youm souligne à ce sujet que le choix de la date de la publication de ce tweet en anglais et en arabe par l’ambassade US à Riyad et leurs consulats à Djeddah et Dhahran, ne peut pas être accidentel. 

« En août dernier, l’ambassade du Canada à Riyad a fait publier le tweet de la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland dans lequel elle critique violemment les atteintes saoudiennes aux droits de l’homme, appelant à la libération des militants derrière les barreaux en Arabie saoudite. Cela a suscité la colère des Saoudiens qui ont entrepris des actions à l’encontre d’Ottawa, en communiquant ce message au Canada et d’autres pays de ne plus commettre de tels actes », a écrit Rai al-Youm.

La coïncidence de ces deux événements (l’annonce par Trump du retrait US de Syrie et l’incitation du peuple saoudien à des manifestations anti-régime, NDLR) laisse penser qu’au moment où le gouvernement de Bachar al-Assad est en train de renforcer sa souveraineté sur tout le territoire de la Syrie et que le plan de démembrement de ce pays est tombé à l’eau, la guerre du pouvoir en Arabie saoudite et l’affaiblissement du prince Mohammed ben Salmane après l’assassinat de Jamal Khashoggi, ont amené la Maison Blanche à tenter son plan de démembrement du Moyen-Orient dans une nouvelle espace géographique en l'occurrence la péninsule arabique.

Le dévolu US serait donc tombé sur l’Arabie saoudite qui est en conflit avec ses voisins, qui souffre de nombreuses crises internes et qui est discréditée sur la scène internationale surtout après sa guerre contre le Yémen et pour la propagation du terrorisme et de l’extrémisme ainsi que l’assassinat du journaliste dissident Khashoggi. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV