Le retour d’Ahmed ben Abdelaziz, l’ancien ministre saoudien de l’Intérieur qui est aussi le frère cadet du roi Abdelaziz, du Royaume-Uni en Arabie saoudite, met la puce à l’oreille. En effet, l’accueil chaleureux du prince héritier à la tête d’une délégation qui lui souhaitait la bienvenue a suscité de nombreuses spéculations sur l’avenir du trône saoudien. D’autant que celui-ci avait dit aux protestataires qui s’étaient rassemblés devant son domicile londonien de ne pas blâmer les Saoud mais les principaux responsables de la guerre au Yémen.
Ahmed ben Abdelaziz avait quitté le royaume wahhabite avant l’assassinat de Jamal Khashoggi, le journaliste dissident saoudien dans l’ambassade de Riyad à Istanbul. Il va de soi que le meurtre de Khashoggi et son attribution par le pouvoir saoudien à un groupe constitué de 18 membres des forces de sécurité ainsi qu’à un médecin légiste sont à l’origine du retour du prince et de son accueil en héros par Mohammed ben Salmane, le prince héritier saoudien, analyse Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef du quotidien électronique en arabe Rai-al-Youm basé à Londres.
Mohammed ben Salmane qui, en raison de la maladie de son père, est à l’heure actuelle à la tête du pouvoir saoudien, ne tolère en aucun cas ceux qui ont refusé de lui prêter allégeance en tant que prince héritier, qu’ils fassent partie de la famille royale ou du peuple. Mohammed ben Salmane reconnaît lui-même que 1 500 de ses opposants, dont un certain nombre de princes, sont derrière les barreaux. Par conséquent, l’accueil chaleureux que Ben Salmane a réservé à son oncle rebelle, le prince Ahmed, qui ne lui avait jamais prêté allégeance et avait refusé d’accrocher sa photo au mur à côté celle de son père et de son grand-père (fondateur de la dynastie des Saoud), a tout pour susciter l’étonnement.
Eddie Cohen, chercheur israélien au Centre d’études stratégiques Begin-Sadate, a écrit le jeudi 1er novembre sur sa page Twitter que les États-Unis considéraient déjà Ahmed ben Abdelaziz Al Saoud comme le prochain roi saoudien.
Pour plus de détails : « Le renversement de Ben Salmane est déjà décidé » (Eddie Cohen)
Le président américain, de son côté, vient de lâcher Mohammed ben Salmane pour éviter un « fiasco certain » lors des élections de mi-mandat, surtout depuis que les médias évoquent le rôle qu’aurait joué son gendre Jared Kushner dans l’assassinat de Khashoggi.
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Une source fiable basée à Londres souligne que le prince Ahmed Abdelaziz avait l’intention d’effectuer un séjour prolongé à Londres. Son retour soudain trois semaines après le meurtre de Khashoggi n’est pas anodin et fait probablement partie d’un plan américano-britannique visant à modifier la structure du pouvoir à Riyad via un « coup d’État blanc », terme désignant un putsch réalisé en recourant à des moyens légaux.
Il est difficile pour le moment d’avoir une idée de la nouvelle structure du pouvoir saoudien, qui devrait être définie lors des rencontres qu'a établies le prince Ahmed ben Abdelaziz avec des responsables américains et britanniques et celles avec avec le prince Talal ben Abdelaziz ainsi que Moukrine ben Abdelaziz, l’ex-prince héritier destitué par le roi Salmane, à son retour à Riyad.
L’affaire Khashoggi a considérablement affaibli voire ébranlé la position du prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane.