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Erdogan se sert de l’affaire Khashoggi pour se venger de l’Arabie saoudite

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président turc (D) et le roi d'Arabie saoudite. (Archives)

Le président turc cherche à profiter de l'occasion favorable que lui offre l’affaire Khashoggi pour non seulement affaiblir le statut de l’Arabie saoudite, mais aussi pour s'ériger en leadership du monde de l'islam.

 Recep Tayyip Erdogan souhaite donc exploiter l’affaire Khashoggi pour affaiblir le statut de l’Arabie saoudite. C’est du moins l’avis du journaliste donné dans une récente analyse dans le quotidien britannique The Guardian.

L’analyste estime qu’à l’insu des Saoudiens, les officiers des services de renseignements turcs (MIT) ont procédé à l'écoute de la scène qui s'est déroulée à l’intérieur du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul grâce à des appareils d'écoute et un microphone directionnel axé sur le bâtiment depuis l’extérieur, tous deux relevant techniquement des capacités du MIT. Une autre possibilité, selon l’analyste, est que certains des ravisseurs ont enregistré la scène avec leurs téléphones portables pour le montrer, plus tard, aux autorités saoudiennes. Et ces enregistrements ont été interceptés par la suite.

Quoi qu’il en soit, les responsables turcs ont eu accès à la bande sonore de l’assassinat flagrant et brutal qui a eu lieu entre les murs du consulat d’Arabie saoudite.

La bande sonore a été, ensuite, remise par le chef du MIT, Hakan Fidan au président turc Recep Tayyip Erdogan, qui sous le choc après l'écoute, a convoqué les Saoudiens et exigé des explications sur le sort de Khashoggi qu’il connaissait, d’ailleurs, très bien.

Les Saoudiens ont tout démenti et c’est ce qui a conduit ainsi les responsables turcs à révéler, quelques heures après, tout ce qu’ils savaient à l’agence Reuters, en rappelant précisément que Khashoggi avait été assassiné.

Dix jours après la disparition du journaliste et suite aux révélations précises des Turcs, le roi Salmane d’Arabie saoudite a envoyé son émissaire Khaled al-Faissal à Ankara pour s’entretenir avec Erdogan ; une méthode désuète des Saoudiens que les Turcs connaissent bien : ils envoient un personnage digne de confiance pour pouvoir se tirer d’affaire, comme l’a souligné un responsable turc.

Aussitôt après cette rencontre, Riyad a publié un communiqué dans lequel il a mis l’accent sur les relations « amicales » entre les deux pays.

Pourtant, en coulisses, les choses n’étaient pas aussi bonnes que l’Arabie saoudite voulait le suggérer. « Khaled al-Faissal a supplié, au sens réel du terme, l’aide d’Ankara. Ils étaient véritablement irrités », a estimé une source turque.

L’analyste du journal britannique poursuit qu’avec une telle fuite d’informations, les Turcs semblent se diriger vers une vengeance. Comme s’ils voulaient tuer les Saoud en leur infligeant des milliers de coups.

Les Saoudiens ont eu tort de croire qu’Ankara prendrait une décision par rapport à sa mauvaise situation actuelle. Riyad croyait pouvoir donner un pot de vin et régler tout de suite l’affaire. Or, Erdogan cherchait quelque chose de beaucoup plus grand : une chance d’affaiblir un rival qui se prétend être un porte-parole de l’islam et transformer ainsi la Turquie en un pouvoir islamique.

Rappelant que les enquêteurs turcs n’ont pas encore publié les éléments les plus destructeurs de l’affaire pour l’Arabie saoudite, notamment les enregistrements, l’analyste indique que Washington souhaite atténuer la tension. Le dossier de Khashoggi menace l’avenir des relations de la communauté mondiale avec l’Arabie saoudite et MBS. « Il est approprié de dire que l’ordre mondial est mort ici avec Khashoggi. Je redoute ce qui suivra par la suite », a conclu l’analyste en citant un haut diplomate régional.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV