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"Riyad doit se rapprocher de l’Iran et de la Russie" (Atwan)

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le roi Salman d'Arabie et le prince héritier Mohammed ben Salmane. (Archives)

Après les menaces formulées par Trump contre Riyad l’avertissant d’un « châtiment sévère » si son implication dans la mort présumée de Khashoggi est avérée, le royaume doit, selon certains analystes, opter pour un rapprochement ou bien avec l’Iran ou bien avec la Russie ou alors les deux à la fois puisque l'affaire Khashoggi risque de s'inscrire dans la durée. 

Le président américain Donald Trump a menacé Riyad d’un « châtiment sévère » si son implication dans la mort présumée du journaliste saoudien, Jamal Khashoggi, est avérée. Cette menace a été reprise par le porte-parole du Département d'Etat, dimanche soir. A peine quelques heures après, un responsable au sein du ministère saoudien des Affaires étrangères a réagi en disant que toute menace de sanction recevra "une réponse encore plus sévère". Al Arabiya, agence de propagande saoudienne, a quant à elle, brandi l'épouvantail d'un baril à 200 dollars ou pire, une reprise de langue avec l'Iran. Il est difficile de croire le régime saoudien être suffisamment courageux pour riposter aux éventuelles mesures prises à son encontre par Washington, n'empêche que certains analystes y voient le seul vrai échappatoire qui reste aux Salmane. 

Pour en savoir plus: Riyad : toute menace visant l’Arabie saoudite aura une réponse encore plus forte

L’analyste arabe du Raï al-Youm, Abdel Bari Atwa revient sur le sujet et relève que le communiqué que le royaume saoudien a publié, dimanche 14 octobre, où il a réagi aux menaces du président américain traduit en premier lieu le "sérieux de ces menaces", en second lieu, "l’inquiétude qui s’est emparée de Riyad à l’idée d’avoir à y faire face", et en troisième lieu, une "réaction quasi suicidaire d’une Arabie saoudite déterminée cette fois à ne pas se laisser faire". C’est en fait la première fois, en 80 ans, que les deux alliés échangent publiquement, des menaces aussi ouvertes.

"Il est bien clair que Trump n’aime pas les Saoudiens, mais en plus il déteste les Arabes et les musulmans. Ce qu'il adore chez les Salmane, c'est avant tout leurs pétrodollars. Trump a la ferme conviction qu’il devrait d'une manière ou d'une autre s’approprier une grande partie de cette richesse dans la mesure où son pays a soutenu, 80 années durant, Riyad et ses alliés arabes".

Les déclarations du conseiller économique de Trump, Larry Kudlow viennent d'ailleurs appuyer l’analyse d’Abdel Bari Atwan : "M. Kudlow, aussi anti-Arabe et anti-musulmans que Trump a avertis que les menaces du président US étaient « très très sérieuses ». Cela signifie qu’au cas où l’implication de Riyad dans la mort présumée de Khashoggi s'avérerait vraie, il est fort probable que les avoirs, les comptes bancaires et les investissements de l’Arabie saoudite aux États-Unis, estimés à deux trillions de dollars, soient bloqués. Une mesure semblable, selon Atwan, à celle entreprise par l’administration américaine après l’avènement de la Révolution islamique en 1979".

Les Saoudiens ont très bien compris la manœuvre car au lieu de chercher à s'en prendre à la Turquie, ils se sont engagés sur la voie de réconciliation : "La décision du royaume d’envoyer le prince « modéré » saoudien, Khaled al-Faisal, conseiller du roi Salmane, à la tête d’une délégation, à Ankara pour s’y entretenir avec des responsables turcs témoigne que Riyad compte éviter toute confrontation avec Ankara, quitte à opter pour la diplomatie".

L’analyste de Rai al-Youm estime que le leadership saoudien se trouve, actuellement, face à une impasse sans précédent. Les compassions exprimées dans les quatre coins du monde, pour le journaliste Khashoggi, les accusations qui dénoncent le régime saoudien ne semblent rien changer à la réalité.  Les soutiens à Riyad sont rares et il est quasi impossible qu’une simple visite diplomatique à Ankara puisse apporter quoi que ce soit à la donne. Les prémices de ce qui risque de se produire, sont terrifiants : dimanche, la bourse saoudienne s'est effondré en perdant 7 point à la fermeture, soit l'équivalent de 33 milliards de dollars soit toutes les bénéfices réalisées depuis le début de 2018".

"Pire, le "Davos du désert, ce forum trop mbsien qui devrait décider de l'avenir du projet futuriste du prince héritier, Neom, a été boudé voire boycotté par les gros bonnets du monde des affaires et les grandes compagnies, dans les domaines économique et médiatique, ont annoncé qu’ils pourraient  boycotter la Conférence sur l’investissement. Même l'Europe a été poussée à réagir. Les ministres des Affaires étrangères britannique, français et allemand ont demandé dimanche à l’Arabie saoudite et la Turquie de mener une « enquête crédible » sur la disparition de Jamal Khashoggi, pour identifier et faire comparaître les responsables de l’assassinat présumé de ce journaliste devant la justice. Dans une déclaration commune, ils ont dit partager les « graves préoccupations » de la Haute représentante de l’Union européenne, Federica Mogherini, et du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, sur le sort de cet opposant saoudien.

Cela peut, selon Atwan, porter préjudice aux coopérations militaires et des traités d’armement signés par le royaume avec ces pays pour pouvoir continuer sa guerre au Yémen.

Mais le royaume a-t-il une quelconque chance pour se tirer d'affaire?  

La solution passerait peut-être par la Russie et l’Iran. Al-Arabiya a évoqué dimanche qu’au cas où l’Arabie saoudite serait visée par des sanctions occidentales, elle pourrait reprendre le dialogue avec l’Iran ou encore se rapprocher de la Russie de façon à faire grimper le prix du baril à 200 dollars. Ce qui ressemble aujourd'hui à une plaisanterie, pourrait devenir une nécessité. En effet, vu l'ampleur qu'est en train de prendre l'affaire Khashoggi, Riyad ferait mieux de revoir tout et ce "tout" veut dire avant tout sa confiance aveugle envers les Américains. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV