La visite du ministre iranien de la Défense, le général de brigade, Amir Hatami, a presque pris de court les milieux militaires israéliens. Il est vrai que le séjour de deux jours du général iranien à Damas, marqué par ses rencontres avec le président Assad et son ministre de la Défense, le général Ayoub, est intervenu à la veille d'une offensive décisive qui devrait se solder par la libération d'Idlib alors que les États-Unis et leurs alliés ne cessent de montrer les dents.
Le site web israélien DEBKAfile s’attardant sur le voyage et relaie l'inquiétude qui règne au sein des milieux militaires et politiques israéliens à voir " le ministre iranien se rendre Damas" à peine quelques jours après le voyage de John Bolton à Tel-Aviv. "L'Iran et la Syrie viennent de signer un pacte défensif qui stipule le renforcement des relations irano-syriennes en termes de défense et de sécurité, souligne le site.
Pour DEBKAfile , le résultat de cette visite est pire que prévu pour Israël : A la tête d'une haute délégation militaire, le général de brigade Amir Hatami a réussi à signer des accords de coopération militaire et de défense : il s'agit d’un accord renforçant l’alliance défensive Téhéran-Damas tout comme le rôle de l'Iran dans la Syrie de l’après-guerre.
Ce voyage avait pour objectif de renforcer le front de la Résistance, estime le site israélien qui y voit aussi une "réaction iranienne" au déplacement, la semaine dernière, du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, en Palestine occupée. Au cours de cette visite, John Bolton a exigé devant les journalistes le retrait des forces iraniennes de la Syrie. "La réponse iranienne n'a pas tardé : et bien le ministre Hatami a même rétorqué en affirmant que l'Iran se trouve en Syrie à la demande de l'État syrien, ce qui n'est pas le cas des États-Unis. En ce sens, la partie qui devrait se retirer, ce n'est pas l'Iran mais bel et bien les États-Unis, fait remarquer le site.
L'appel au retrait iranien a aussi fait réagir la Russie : le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a réitéré le fait que Moscou "apprécie la présence iranienne" en Syrie, car elle contribue largement au succès de la lutte anti-terroriste. " C'est une présence qui est légale, car, contrairement à la présence américaine, la présence iranienne répond à la demande du gouvernement légitime syrien, a ajouté le responsable russe.
Le contexte qui a entouré la visite du ministre iranien de la Défense a plus que déçu Israël : A Tel-Aviv, les autorités n'ont cessé ces derniers jours de crier la victoire. A les croire, John Bolton aurait conclu un accord avec Israël pour viser les "sites iraniens" en Syrie et pousser l'Iran et le Hezbollah à quitter le territoire syrien. Cet accord aurait même remplacé, toujours selon les sources israéliennes, celui conclu entre Trump et Poutine lors du sommet de Helsinki au mois de juin.
"Or le ministre iranien semble avoir bousculé la donne : le pacte militaire qui vient d'être signé entre la Syrie et l'Iran consolide la présence iranienne en Syrie. Sa clause la plus importante prévoit même que l'Iran contribue à la remise en état de l'armée syrienne au bout de sept ans de guerre. Cela veut dire très clairement que les conseillers iraniens resteront et qu'ils participeront à la reconstitution des unités de l'armée nationale syrienne, qu'ils aideront à ce que ces unités maîtrisent des technologies militaires modernes, celles surtout qui leur permettront de se défendre contre Israël. Il y aurait même une possible émergence d'une force asymétrique au sein de l'armée syrienne, ce dont ont terriblement peur les Israéliens. Les milieux militaires israéliens ont effectivement de quoi s'inquiéter, ajoute l'analyste Mahdi Mohammadi.