Dans un entretien accordé à l’agence de presse iranienne IRNA, Firas al-Choufi, spécialiste de la Syrie du quotidien libanais Al-Akhbar, a estimé que depuis l’opération de l’armée syrienne pour briser l’encerclement de Deir ez-Zor, et après le nettoyage de la Ghouta près de Damas, de Homs et des secteurs du sud, la guerre en Syrie a pris fin du point de vue stratégique.
Selon l’analyste libanais, les évolutions sur le terrain sont des signes de la fin de la guerre en Syrie, d’autant plus que les pays qui soutenaient les groupes terroristes et armés par tous leurs moyens reculent de leur position initiale, car « ceux qui ont longtemps misé sur les activités des groupes terroristes ont subi de lourdes pertes politiques et militaires ».
Firas al-Choufi croit qu’un changement important s’est également réalisé au niveau de la population syrienne, changement qui constituerait un élément décisif de la fin des hostilités en Syrie.
« Parmi les citoyens syriens, il y avait des gens qui surestimaient l’action des groupes terroristes et armés et de leurs soutiens étrangers. Ils réalisent maintenant que le projet des groupes armés et des puissances étrangères n’avait apporté que préjudices et destructions pour le pays », a précisé le journaliste libanais. Et d'ajouter:
« Aujourd’hui, les Kurdes établissent des liens avec le gouvernement de Damas et les Turcs se retirent progressivement. Tout cela indique que les occupants américains finiront bientôt par se retirer du territoire syrien. »
Firas al-Choufi rappelle ensuite les propos du président syrien Bachar al-Assad qui insistait sur la libération totale du territoire, en annonçant que la bataille finale aurait lieu à Idlib.
La victoire de l’axe de la Résistance
Interrogé sur la position actuelle de l'axe de la Résistance, le journaliste rappelle les objectifs des instigateurs de la guerre en Syrie:
« La Syrie a toujours été une pièce maîtresse de la Résistance et joué le rôle du soutien principal des mouvements locaux. Les ennemis cherchaient à briser en Syrie la colonne dorsale de la Résistance anti-israélienne pour empêcher l’acheminement d’armes et d’équipements aux mouvements locaux. Ils souhaitaient donc un “changement du régime” pour que la Syrie finisse par signer un accord de paix avec Israël. »
Al-Choufi souligne que ce plan a bel et bien échoué et qu’Israël avoue que le gouvernement du président Assad est plus fort qu’autrefois, car il a réussi à reconstituer les forces terrestres de son armée. Il estime que la victoire en Syrie a renforcé la position de l’Axe de la Résistance en Palestine, au Liban, mais aussi en Irak et en Iran.
Selon lui, la victoire de la Résistance aux élections législatives du Liban a été réconfortée par la victoire militaire de la Syrie sur le terrorisme. En Palestine, les groupes de la Résistance sont encouragés à se battre contre le nouveau complot de leurs ennemis, à savoir le « Deal du siècle ». Quant à l’Irak, la victoire des Syriens a exclu les pires scénarios que les ennemis de la Résistance avaient préparés pour les Irakiens.
« Aujourd’hui, le pont qui reliait Téhéran et Bagdad à Gaza, en passant par Damas et Beyrouth, a été reconstitué, alors que la guerre en Syrie a été déclenchée exactement pour briser ce pont », estime Firas al-Choufi.
Le rôle de l’Iran et du Hezbollah en Syrie
Firas al-Choufi indique que la présence de l’Iran et du Hezbollah libanais a fait l’objet d’une vaste campagne médiatique déclenchée par les ennemis de la Syrie. « L’Iran et le Hezbollah y sont intervenus à la demande du gouvernement syrien et ont joué un rôle limité au soutien logistique et au conseil militaire, sinon l’action principale a été assurée par le gouvernement syrien qui a toujours compté sur le soutien de Téhéran et du Hezbollah », a-t-il déclaré.
L’analyste libanais croit que les États-Unis et le régime israélien ont de plus en plus de mal à supporter cette situation qui leur rappelle d’ailleurs leur mauvaise expérience dans le sud du Liban où ils se sont avérés complètement incapables d’imposer leurs conditions à la Résistance.
« Ces derniers jours, certains médias ont essayé de suggérer que Moscou et Tel-Aviv se seraient mis d’accord sur un mécanisme à Quneitra et au Golan qui signifierait le retrait des forces de la Résistance de Syrie. Je ne partage pas cette idée, car la Russie confirme les choix de Damas. Certaines autorités russes m’ont dit en privée que Moscou considérait l’Iran comme un allié stratégique, et que le partenariat avec Téhéran allait au-delà du dossier syrien, car il concernait aussi les intérêts communs de la Russie et de l’Iran dans l’ensemble de l’Eurasie. Il serait donc irréaliste de croire que la Russie exercera ses pressions pour éloigner l’Iran et le Hezbollah de la Syrie », a-t-il poursuivi.