Selon Abdelbari Atwan, ce sont des mercenaires Blackwater qui remplaceront les soldats US en Syrie et non des soldats des pays arabes. Pour Atwan, cette opération aura néanmoins un prix pour les monarchies arabes qui garderont au chaud chez elles leurs troupes peu vaillantes, à savoir 4 milliards de dollars.
L’éditorialiste du journal Raï al-Youm, Abdelbari Atwan, a consacré une analyse à l’annonce faite il y a quelques jours par le président américain, qui a dit son intention de remplacer les troupes américaines présentes en Syrie par des forces arabes venant essentiellement des monarchies du golfe Persique.
Atwan écrit de prime abord que ce projet de Donald Trump lui paraît irréalisable.
Pour Atwan, Trump attend avant tout que les monarchies arabes lui paient les 4 milliards de dollars annoncés pour qu’il envoie à la place de leurs armées sur les champs de bataille des mercenaires de la société Blackwater, ces derniers ayant déjà été employés par Washington en Irak et au Yémen.
À cet égard, l’éditorialiste arabe précise que le chef de la société militaire en question a annoncé il y a peu qu’il avait commencé avec les monarchies du golfe les pourparlers nécessaires.
Atwan ajoute ensuite que ce qui inquiète beaucoup Trump, c’est que Damas et ses alliés entreprennent une contre-offensive pour se venger de l’attaque du 14 avril de la coalition tripartite Washington-Paris-Londres contre la Syrie. Trump recevrait en ce moment des rapports venant de la CIA qui lui feraient part de l’imminence de cette contre-offensive.
« L’un des principaux groupes qui se tiennent aux côtés de l’armée syrienne dans la lutte antiterroriste, c’est la brigade Baqer, composée de 5 000 hommes et commandée par le général Soleimani du CGRI. Cette brigade a annoncé qu’elle était prête à se battre contre les troupes américaines, que cela soit en Syrie ou en Irak. Il y a aussi le mouvement irakien al-Nujaba, dont la plus grande partie est composée des forces des Hachd al-Chaabi, qui comprend 15 000 hommes et qui dispose même d’une chaîne de télévision en Irak. Al-Nujaba se préparerait aussi pour lancer cette contre-attaque dans les semaines à venir. Et enfin, il ne faut pas oublier le Hezbollah libanais, qui sera aussi certainement de cette contre-offensive contre les troupes américaines en Syrie. »
Sur les capacités des armées arabes, Atwan émet aussi de réels doutes.
Concernant l’Égypte, il précise qu’al-Sissi, qui n’a pas envoyé de troupes au Yémen, ne le fera pas non plus en Syrie. Bolton aurait pris contact avec le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel, pour lui demander d’envoyer des troupes égyptiennes en Syrie, mais ce dernier aurait refusé, car Le Caire ne veut pas se brouiller avec les pays alliés de la Syrie et il ne veut pas non plus participer au soutien apporté par les États-Unis aux séparatistes kurdes syriens.
Il est utile de préciser que Daech, qui est embourbé dons des conflits sanglants avec Le Caire dans le Sinaï, aurait trouvé là une occasion en or pour se venger de l’armée égyptienne, sur la rive est de l’Euphrate. Et il faut préciser qu’il y a encore, à la frontière syro-irakienne, près de 15 000 daechistes.
L’éditorialiste arabe évoque aussi l’incapacité des autres pays arabes du golfe Persique à participer au projet de Trump.
Pour Atwan, Adel al-Joubeir n’est pas crédible lorsqu’il parle d’envoyer des troupes saoudiennes en Syrie. Riyad n’a envoyé que peu de soldats au Yémen où il est avec Ansarallah depuis 3 années. Et d’ailleurs, le peu d’hommes qu’il a envoyé dans ce pays, il les a installés dans le sud du pays, à l’écart des combats féroces qui ont cours quotidiennement dans d’autres régions du pays. Il en va de même pour Abu Dhabi selon Atwan, qui évoque enfin le cas particulier de Doha. En ce moment, ce dernier craint pour sa survie face aux tentatives de renversement du régime qatari venant justement de la part des pays lui ayant imposé un blocus.
Atwan dit en conclusion qu’en annonçant retirer ses troupes d’ici peu de Syrie, Trump n’a fait que reconnaître l’échec américain dans ce pays et que l’attaque de la coalition tripartite a aussi été l’occasion pour Washington de laisser à leur propre sort les groupes armés présents dans les pays du golfe Persique et en Turquie.