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La nouvelle feuille de route US en Syrie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un soldat des Forces démocratiques syriennes aux côtés des Américains dans le nord de la Syrie ©RT français

Pourquoi Les Américains ont-ils choisi la ville de Raqqa comme épicentre de leur nouveau plan d'action en Syrie ? 

La situation géographique et militaire à Raqqa est sans doute l'une des raisons à l'origine de cet intérêt. C'est une province clé qui s'étend du nord à l'est de la Syrie et qui sert de maillon de connexion entre le centre, l'est et le nord. De plus, elle se trouve à la fois frontalière de l'Irak à l'est et de la Turquie à l'ouest. A l'intérieur de la Syrie, c'est cette même province qui relie la province pétrolifère Deir ez-Zor dans l'est à Alep dans le nord du pays. 

Mais quels sont les scénarios américains? Selon des milieux bien informés, ils sont plusieurs : 

1 L'un consiste à renforcer la présence des Américains dans le nord de la Syrie et à élargir leur influence. L'un des objectifs les plus importants de Washington, c'est un retour en force sur la scène syrienne. Il est vrai que depuis la reprise d'Alep par l'armée syrienne et ses alliés, et d'autres succès militaires, la Russie n'a cessé de gagner en poids en Syrie et ce, au détriment des États-Unis. Quoi de mieux donc que la "reprise de Raqqa aux terroristes de Daech" pour justifier ce retour. 

2 Selon des sources kurdes, les États-Unis envisagent de créer "leur plus grande base militaire au Moyen-Orient en Syrie et plus précisément dans la province de Raqqa". Une telle base revêt une double importance pour Washington : d'abord puisqu'elle se trouvera limitrophe à l'Irak et ensuite puisqu'elle se situe entre l'Iran d'une part et les pays arabes du golfe Persique de l'autre. 

L’aéroport militaire de Tabqa qui est tombé entre les mains des Américains et des Kurdes le 26 mars permettra aux premiers de s'implanter pour de très longues années en Syrie. Une information de Reuters datée du 31 mars cautionne d'ailleurs cette version des faits : selon Rojda Falat, l'un des commandants kurdes, "la présence des Américains dans le nord de la Syrie se maintiendra pour de nombreuses années". Mais ce n'est pas tout : les Français aussi se sont invités au jeu et sont présents dans la localité de "Jaabar", à 53 kilomètres de Raqqa, soit sur la rive gauche de l'Euphrate. Selon ces mêmes informations, le contingent français aura la même mission que celle du contingent américain : la France chercherait donc ainsi à peser sur la scène syrienne.

3 La fédéralisation de la Syrie constituerait le troisième objectif du plan américain, un euphémisme qui signifierait en réalité le démembrement de l'État syrien. Un État autonome kurde et totalement servile vis-à-vis des Américains dans le nord, un État riche, car limitrophe du barrage de l'Euphrate qui fournit la possibilité de produire 800KW d'électricité par jour, un État qui est de surcroît détenteur de vastes champs pétroliers avec une capacité de production journalière de 20000 barils. Cet État à naître a également un sol ultra fertile qui pourrait faire de lui un des principaux pôles agricoles de la région sans nulle dépendance vis-à-vis de l'État syrien.

4 La fédéralisation est un premier pas vers l'implosion de l'État syrien, ce qui bloque de facto toute solution politique à la crise. C'est d'ailleurs pour mettre en œuvre ce plan que Trump a parlé dès son entrée en fonction de la création des "zones sécurisées" dans le nord et dans le sud.

5 Et puis la présence militaire directe des Américains dans le Nord syrien poussera Daech vers l'est et le centre à savoir vers Deir ez-Zor. C'est la ville éponyme qui devrait d'ailleurs remplacer Raqqa à titre de capitale de l'émirat de Daech suivant le plan américain. Cette perspective mettra Daech face à l'armée syrienne et ses alliés. Pour les Américains, c'est faire d'une pierre deux coups : Daech et l'armée syrienne s'affronteront pour le grand bénéfice des Américains qui vont pouvoir préparer les autres volets de leur plan en Syrie...

En marge de tous ces scénarios, le président Trump a aussi l'intention de se goinfrer en s'emparant des champs pétrogaziers syriens, surtout ceux situés dans l'est, le nord et le nord-est... Mais la Russie et l'Iran vont-ils rester les bras croisés face à ces multiples scénarios aux visées diaboliques? 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV