À trois semaines du référendum constitutionnel en Turquie, l'incertitude la plus grande règne sur le résultat du scrutin qui vise à changer le régime parlementaire en un régime présidentiel.
Selon les hauts responsables du Parti de la justice et du développement (AKP), le parti du président Erdogan, une enquête d'opinion financée par le parti donnait au début du mois le "oui" en tête avec 52% des intentions de vote.
Un mois plus tôt, les partisans de la réforme qui fera d'Erdogan, un président à vie, étaient mesurés à environ 56 % et l'AKP s'attendait à ce que la crise diplomatique qui a éclaté entre les autorités turques et les Européens accentue l'avance du "oui". Or le plan semble être tombé à l'eau : les accusations virulentes lancées par Ankara après l'annulation, en Allemagne et aux Pays-Bas de meetings de campagne pro-Erdogan pour mobiliser les électeurs de la diaspora et la poussée nationaliste qui a suivi ne semblent pas avoir eu l'effet escompté par le camp du "oui".
Réputé pour être un politicien volatil, Erdogan ne semble pas avoir cette fois convaincu la majorité de ses partisans de rester à ses côtés : ses déboires en Syrie, ses échecs dans le cadre de ses plans de réconciliation avec les Kurdes et surtout la crise sécuritaire ont ravivé le mécontentement de l'opinion qui est aussi victime d'une chute de la valeur de la livre.
Les Turcs sont appelés le 16 avril à se prononcer sur une modification majeure de la Constitution qui prévoit de remplacer le système parlementaire par un régime présidentiel, un changement qu'Erdogan justifie par la nécessité d'éviter la fragilité des gouvernements de coalition du passé et de donner à la Turquie la stabilité nécessaire face aux nombreux défis qui pèsent sur elle dans le domaine de la sécurité. Mais l'argument ne passe pas dans la mesure où la Turquie, membre actif de l'OTAN, est constamment prompte à sacrifier ses propres intérêts sur l'autel de ceux des grandes puissances.