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Le rapport des forces au Moyen-Orient se penche du côté de la Russie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président russe Vladimir Poutine a reçu jeudi au Kremlin le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu ©REUTERS

La Russie et Israël cherchent à établir un équilibre dans leurs rapports de forces au Moyen-Orient mais tout porte à croire que la balance a tendance à pencher du côté des Russes.

Nombreux sont les analystes qui affirment qu'Israël et ses relations avec Moscou constituent un obstacle de taille à l'émergence d'une alliance stratégique durable Iran/Russie. On évoque çà et là d'excellentes relations qu'entretiennent Moscou et Tel-Aviv, mais peu d'analystes relèvent les divergences qui opposent la Russie et le régime israélien et qui pourraient tourner à l'avantage de l'Iran. 

Quel regard porte donc réellement Moscou sur ses relations avec Israël ?

On le sait, la communauté russophone est largement présente en Israël et elle a même intégré les plus hauts sommets du pouvoir. Or, depuis Staline, la Russie n'a pas cessé de voir en Israël, un allié inconditionnel des États-Unis dans la région névralgique du Moyen-Orient. Partant de ce constat, Staline n'a jamais pu faire confiance en Tel-Aviv et a même pris part aux côtés de l'Égypte à la guerre de six jours en 1967. Cet état de choses n'a pas changé tout au long de la guerre froide. Pendant cette longue période, Israël a joué le rôle de garde-chiourme des intérêts américains. Il a fallu attendre l'apparition d'un Gorbatchev et sa Perestroïka pour aplanir le terrain à l'effondrement de l'URSS et au départ des milliers de Russes de confession juive en Israël. Cette présence renforcée de la Russie en territoires occupés de la Palestine a alors servi de catalyseur à l'élargissement des relations de part et d'autre. 30% des immigrants qui débarquaient en Israël à l'époque ont été de nationalité russe. S'ensuivirent alors les échanges culturels, scientifiques, agricoles et technologiques entre les deux pays au point que Moscou a cru voir en Israël une porte d'entrée dans le monde "hermétiquement fermé du savoir occidental". 

Relations en dent-de-scie 

La Russie de Poutine continue de voir en Israël un pont qui la relie aux technologies de pointe occidentales. Mais ce n'est pas tout : aux yeux de Moscou, Israël se présente potentiellement comme un levier de pression sur les Américains en ce qui concerne leurs politiques au Moyen-Orient. Et puis Moscou de Poutine a de bonnes raisons pour ne pas faire confiance en Tel-Aviv : d'abord, l'importante communauté russe d'Israël pourrait à tout moment se transformer en un moyen de pression et de chantage contre la Russie. Ensuite, Israël est bien trop actif au Caucase pour que les Russes puissent fermer les yeux sur le double jeu que mène Tel-Aviv dans cette région vitale pour les intérêts russes. Sur l'ordre de Washington, les Israéliens ont établi une situation "ni guerre ni paix" en Asie centrale dont Moscou a tout intérêt de se méfier. En d'autres termes, à la moindre étincelle, Israël choisira sans hésiter son camp qui est celui des Américains : à titre indicatif,  Israël ne cesse de soutenir en apparence l'intégrité territoriale de la Géorgie tout en apportant un soutien financier indéfectible aux juifs d'Abkhazie et d’Ossétie du nord. En Azerbaïdjan aussi, les Israéliens n'agissent pas dans le sens des intérêts de Moscou : certes armer et équiper Bakou vise surtout à inquiéter les Iraniens qui partagent de longues frontières avec la Republique d'Azerbaïdjan mais de là à dire que ces agissements passent inaperçus aux yeux de Poutine, c'est un pas qu'aucun analyste n'ose franchir. D'autant plus que la Russie ne cesse de renforcer ses relations avec la voisine et rivale de l'Azerbaïdjan c'est-à-dire l'Arménie où elle détient des bases militaires. 

Les analystes le savent bien : les agissements israéliens au Caucase visent à contrôler les excès russes et à offrir à Tel-Aviv des moyens de riposte, le cas échéant. Depuis 2011 et le début de la guerre en Syrie, un autre motif d'inquiétude vient s'ajouter à la longue liste qui empêche Israël de voir réellement en Russie un partenaire : les relations en nette croissance de Moscou avec Téhéran.

Les Israéliens et au-delà d'eux, leurs maîtres américains le savent pertinemment : cette alliance qui a pris corps en Syrie et qui se renforce de jour en jour pourrait les priver de leurs atouts anti-russes et de faire pencher la balance en faveur de Moscou. La Russie a beau tenter de rassurer les Israéliens, ces derniers ne peuvent, ne pas se soucier des S 300 et S 400 livrés à l'Iran et à la Syrie et par le truchement de ces derniers au Hezbollah. À Moscou, Netanyahu n'a cessé d'afficher son cynique sourire devant la presse à chacune de ses rencontres avec Poutine. Mais personne n'est dupe : pour une fois la Russie a trouvé un moyen plus que sûr pour déposséder Israël et son parrain américain de tous leurs leviers de chantage : l'alliance avec l'Iran car l'Iran à lui seul a tout : il est la porte d'entrée de la grande Russie au Moyen-Orient, région où Moscou saura riposter au moindre agissement occidental contre ses intérêts au Caucase…. Les médias ont largement répercuté la réponse cinglante du président russe à la ridicule falsification de l'Histoire faite par Netanyahu quand ce dernier a accusé l'Empire perse et ses descendants iraniens d'avoir cherché à "massacrer les juifs". " Mais cette histoire date du Ve siècle, parlons plutôt de l'époque présente, M. Netanyahu", lui a lancé Poutine...... 

 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV