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Un plan de partage de la Syrie serait à l’oeuvre

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président Poutine à droite et son homologue américain à gauche.(Photo d'illustration)

Depuis que Donald Trump a révélé le contenu de son "plan d'action" pour la Syrie, les commentaires ne cessent de se multiplier.

Certains y voient une prolongation de la stratégie d'Obama tandis que les autres soulignent "une subtile tentative de dissocier la Russie de Poutine" de l'axe de la Résistance. Il est vrai que l'alliance entre la Russie et l'Iran a entravé pour de bon le principal volet du plan américain dit " Grand Moyen-Orient".

D'après le contenu de l'entretien accordé par le nouveau président à ABC News, les États-Unis d'Amérique voudraient "appuyer davantage les Kurdes de Syrie" en vue de les aider à se doter d'une "région autonome au nord de la Syrie". Le président sortant Obama a d'ailleurs facilité la tâche de son successeur en créant juste avant son départ une base militaire américaine dans l'ouest de la ville à majorité kurde de Hassaka, ce qui signifie.... et c'est là le second volet du plan Trump, un élargissement de la présence militaire US en Syrie. Tout ceci ne sera évidemment pas du goût des Turcs, mais Erdogan s'est toujours montré "habile négociant" et les États-Unis finiront d'une manière ou d'une autre par trouver un compromis avec lui.

Reste la Russie soit le volet le plus stratégique du plan Trump : le nouveau président et son ministre "enragé" de guerre, le général Mattis ne cessent de reprendre le refrain qu'est le suivant : " coopérer avec la Russie pour combattre mieux Daech"

L'ex-secrétaire d'État Kerry a d'ailleurs à plusieurs reprises tenté d'aller en ce sens, mais les généraux du Pentagone ne cessaient de s'opposer au diplomate et de faire capoter tout plan allant dans cette direction. Trump, lui, croit avoir trouvé l'astuce : l'aval américain à la création des "zones tampons". Une dans le nord et une dans le sud : il faut dire que la Turquie, la France, l'Arabie saoudite et le Qatar n'ont pas eu de cesse de la demander depuis 2011 , mais à force de se heurter aux réticences d'Obama, ils ont fini l’un après l’autre par abandonner l'idée.

Signe des temps, la revue “American Interest” qui reflète les points de vue de puissants milieux politiques à Washington ne croit pas non plus que « Poutine lâche son allié iranien » pour plaire à la Maison-Blanche. «  La Russie a d’importants intérêts en Iran ce qui l’empêcherait de tourner le dos aux Iraniens. N’oublions pas que les relations irano-russes ont largement contribué à stabiliser la région du Caucase et si l’Iran le souhaite, il pourra davantage aider la Russie à se protéger du terrorisme takfiriste si actif dans cette région ».

« Et puis, Poutine ne pourra rompre avec Téhéran s’il veut préserver sa place de médiateur au Moyen-Orient », place qu’il doit en grande partie aux Iraniens. Il y a d’immenses gains tactiques et stratégiques dans ces liens qui ne pourront pas être ignorés par un fin stratège qu’est Poutine. »

En outre, Poutine n’est pas en mesure de mettre l’Iran et le Hezbollah hors du jeu syrien. Cela fait longtemps que le Hezbollah y est au contraire des Russes qui s’y trouvent impliqués depuis à peine 5 ans. Et pire encore, il existe une méfiance profonde entre les USA et la Russie que même Trump ne pourra effacer. De nombreux accords de part et d’autre ont échoué et ceux conclus sous Trump ne pourront échapper à la règle.

Depuis que Trump déterre l'idée, seule la France l'a cru : quant au Qatar, à l'Arabie et à la Turquie , ils restent incrédules et regardent en spectateurs les choses évoluer. Car pour eux, la Russie ne lâchera pas si facilement prise sur ce sujet fort délicat qui à y regarder de près finira par provoquer un démembrement de la Syrie. Si Trump insiste à créer la zone tampon sans la participation des Russes, il risque de perdre le soutien de Moscou. Il lui faudrait donc toute l'habilité possible et imaginable de faire impliquer Moscou dans le projet de la création des "zones sécurisées".

Prompt à prendre ses rêves pour la réalité, la seule partie à avoir tiré de gros bénéfices de toutes les guerres au Moyen-Orient, à savoir Israël anticipe les choses : Debkafile, site proche des milieux du renseignement de l'armée israélienne, prévoit d’ores et déjà la " fin de l'alliance" entre " la Russie d'une part et l'Iran et le Hezbollah de l'autre".

Debka va jusqu'à évoquer " le complot américano-turco-russe" contre l'Iran qui prévoit, évidemment " sur le dos des Iraniens" la formation d'une "zone sécurisée" en Syrie. Ce qui revient " à instaurer une domination militaire sur l'ensemble du territoire syrien". Toujours à en croire Debka passé maître en termes de campagne d'intoxication, ce seront les trois armées russe, turque et américaine qui " traceront les frontières de ces zones" et qui " en assureront la sécurité".

Mais Debka n'en reste pas là et ajoute : " d'après ce plan, l'Iran et le Hezbollah devront quitter pour de bon la Syrie et laisser aux Américains le contrôle d'une première zone sécurisée, dans le nord de la Syrie, étendue d'une part sur les frontières avec l'Irak et l'autre dans l'est de l'Euphrate incluant les régions kurdes".

La source israélienne place la seconde zone à créer dans le sud de la Syrie, le long des frontières avec la Jordanie et le régime israélien. Pour Debka, " ce volet du plan Trump est le plus important, car il exclurait tout bonnement le Hezbollah de la scène syrienne et l'aurait réenvoyé au Liban". La Turquie, elle, se contenterait d'Al-Bab, une ville qui avec Jarablous, lui donnerait la possibilité d'être présente sur une superficie de 5000 km2 du territoire syrien.

Si on en croit cette source de désinformation israélienne, Obama et Poutine seraient tombés d'accord sur le plan " de démembrement de la Syrie " fin 2016 avec en toile de fond le nord de la Syrie et l'est de l'Euphrate pour les Américains et la côte de la Méditerranée pour les Russes.

Mais peut-on croire Debka et ses spéculations?

Que Trump soit propulsé à la tête de l'exécutif américain avec pour mission de faire imploser la Syrie et dans sa foulée, d'autres pays de la région, il n'y a aucun doute. Mais que la Russie, impliquée depuis 6 ans dans une guerre qui lui offre d'abord l'occasion de sécuriser ses propres frontières contre les terroristes wahhabites, y apporte sa contribution, il y a bien lieu de s'en douter. Et puis cette analyse israélienne omet de prendre en compte un méga facteur : la Résistance. Celle-ci ne s'est pas engagée en Syrie dans le but d' assurer les intérêts des Russes. Elle s'y est engagée pour faire capoter le plan d'implosion des pays de la région qui vise à assurer les intérêts d'Israël. Et ce plan est déjà un échec, car la présence militaire du Hezbollah en Syrie en a fait une force incontournable avec qui les grandes puissances ne peuvent ne pas compter.

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV