Aux États-Unis, l'annulation inédite du rapport sur l'emploi d’octobre, en raison du shutdown, plonge économistes et investisseurs dans une zone d’incertitude à l’approche des décisions cruciales de la Fed.
Le marché du travail américain évoluera en zone d’ombre un peu plus longtemps que prévu. Le Bureau of Labor Statistics (BLS) a confirmé mercredi que le rapport mensuel officiel sur l’emploi du mois d’octobre ne sera jamais publié, conséquence directe du shutdown fédéral qui a paralysé l’administration pendant 43 jours, du 1er octobre au 12 novembre.
Dans une mise à jour exceptionnelle de son calendrier statistique, le BLS indique que le rapport apparaît désormais comme « annulé », faute d’avoir pu mener les enquêtes nécessaires. « Les données ne peuvent pas être collectées rétroactivement », explique l’agence, précisant que l’absence de budget a conduit les fonctionnaires en charge du sondage sur le chômage au chômage technique.
Le gouvernement fédéral avait averti qu’un tel scénario était possible, mais c’est la première fois depuis des décennies qu’un mois complet d’indicateurs-clés disparaît ainsi des radars économiques. Le niveau de chômage d’octobre ne sera donc jamais connu.
Le BLS souligne toutefois que « les données de l'enquête (...) pour octobre 2025 seront publiées avec les données de novembre 2025 ». Concrètement, seul le nombre de créations d’emplois d’octobre sera diffusé — dans un rapport combiné avec celui de novembre — mais pas le taux de chômage. Cette publication conjointe est attendue le 16 décembre, soit après la prochaine réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed).
Ce nouvel épisode de rupture statistique tombe au plus mauvais moment pour la banque centrale américaine. Les dernières données officielles disponibles montraient que les créations d’emplois étaient quasiment à l’arrêt, une situation qui avait déjà poussé la Fed à abaisser ses taux directeurs à deux reprises pour soutenir l’activité.
L’étape suivante apparaît désormais bien plus incertaine. Les responsables monétaires peinent notamment à évaluer la vigueur réelle du marché du travail. Le manque de données officielles « crée un vide » dans l’analyse macroéconomique, fragilisant les décisions de politique monétaire. Certains banquiers centraux craignent de laisser « trop filer l’inflation » sans pouvoir mesurer précisément si le marché de l’emploi s’affaiblit réellement.