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Violences sexistes et sexuelles dans les forces de l’ordre, #Noustoutes alerte sur un phénomène systémique

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Une enquête militante dévoilent les violences sexuelles policières. (Illustration)

Le collectif féministe #Noustoutes publie une enquête révélant des violences sexuelles commises par des membres des forces de l’ordre. Parmi les 207 témoignages recueillis, près de 80 % émanent de victimes directes. Harcèlement, agressions et viols y sont fréquemment dénoncés, souvent survenant alors que les victimes cherchaient de l’aide.

Le collectif féministe #Noustoutes, en partenariat avec le média d’investigation Disclose, a publié le 15 novembre les résultats d’une enquête sur les violences sexuelles et sexistes attribuées à des policiers et gendarmes. Réalisée entre le 24 juin et le 8 octobre, cette étude s’appuie sur 207 témoignages recueillis via un court questionnaire de cinq questions.

Parmi les répondants, 78,6 % se déclarent victimes directes, 9,7 % proches de victimes et 11,7 % témoins. Dans près de neuf cas sur dix, l’agresseur présumé est un homme. La majorité des faits dénoncés concernent des agents de la police nationale (48,9 %), suivis par la gendarmerie (18 %) et la police municipale (15 %). Dans un cinquième des cas, l’appartenance au corps n’a pas été précisée.

Si le collectif rappelle que cette enquête est militante et non représentative, son but est clair : « mieux comprendre et combattre le phénomène systémique des violences policières. »

Au-delà du nombre de témoignages, la nature des circonstances rapportées est profondément troublante. Selon les données recueillies, 42 % des violences ont eu lieu alors que les victimes sollicitaient l’aide de la police ou de la gendarmerie. Plus précisément, 35 % des agressions se sont produites lors du dépôt d’une plainte ou d’une main courante, souvent liées à des violences conjugales ou familiales, tandis que 11 % ont eu lieu dans d’autres contextes administratifs.

Parmi l’ensemble des témoignages, 60 % concernent des violences sexuelles : 25 % relèvent de harcèlement sexuel, 20 % d’agressions sexuelles, 11 % de viols et 4 % d’exhibitions sexuelles. Ces actes ciblent fréquemment des personnes déjà vulnérables. Plus d’un tiers des victimes appartiennent à des groupes racisés, précaires, transgenres, sans-papiers, handicapés ou issus d’autres minorités marginalisées.

Certains récits dénoncent également des pressions exercées par les agents pour dissuader les dépôts de plainte, voire des stratégies d’intimidation. Des accusations de complicité avec des agresseurs connus, de manipulation ou de harcèlement moral ont par ailleurs été formulées dans plusieurs cas.

Ce rapport s’inscrit dans un contexte déjà marqué par plusieurs enquêtes médiatiques. En juin 2025, Disclose avait déjà publié deux dossiers distincts recensant plus de 400 cas d’agressions sexuelles impliquant des forces de l’ordre depuis 2012. Selon des données relayées par France Info, seules 18 procédures ont été recensées côté police en 13 ans, contre 223 sanctions disciplinaires du côté de la gendarmerie ces trois dernières années.

L’actualité récente renforce encore la gravité du sujet. Deux policiers du dépôt du tribunal de Bobigny sont actuellement accusés de viol par une femme retenue dans l’enceinte du tribunal. Face à cette affaire, le procureur de Bobigny, Éric Maté, a annoncé plusieurs mesures immédiates : présence obligatoire d’une fonctionnaire féminine lors des gardes de nuit, activation systématique des caméras-piétons dans les cellules et rénovation des installations.

Pour Maëlle Noir, membre de la coordination nationale #Noustoutes, cette enquête révèle « un angle mort du mouvement #MeToo, celui des violences sexuelles policières ». Elle appelle à une reconnaissance légale de ces faits et à la mise en place d’un plan de politique publique féministe intégrant ce volet.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV