Quatre personnes ont été interpellées et placées en garde à vue après les incidents survenus, jeudi 6 novembre au soir, à la Philharmonie de Paris, lors du concert de l’Orchestre philharmonique d’Israël dirigé par Lahav Shani.
Des militants pro-palestiniens ont interrompu à plusieurs reprises la représentation, dénonçant la présence en France d’un ensemble étroitement lié au régime israélien en pleine guerre contre Gaza. Des fumigènes ont été allumés dans la salle, provoquant trois interruptions successives du concert.
Selon plusieurs sources concordantes, des spectateurs se sont interposés, entraînant quelques tensions avant que les activistes pro-palestiniens ne soient évacués. Le parquet de Paris a confirmé la mise en garde à vue de quatre personnes.
⚠️ 🇫🇷 Des incidents perturbants sont survenus à la Philharmonie de Paris lors d’un concert de l’Orchestre philharmonique du régime sioniste après que des spectateurs ont tenté d’interrompre la représentation avec des fumigènes pic.twitter.com/8vs1ptUZyd
— Press TV Français (@fr_presstv) November 7, 2025
Si la Philharmonie de Paris a condamné ce qu’elle a qualifié de « grave incident », tout comme certains politiciens, dont le ministre français de l’Intérieur, Laurent Nuñez, d’autres ont agi autrement.
Ce fut le cas du chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon qui n’a pas condamné les incidents de jeudi soir, expliquant qu’il est impossible d’empêcher des gens à exprimer une protestation contre un génocide.
« Moi, je regrette surtout le génocide, plus que l’affaire de la Philharmonie. Il y a des conséquences à des actes sur le plan international », a ajouté Jean-Luc Mélenchon, en référence à la guerre sanglante israélienne contre l’enclave palestinienne qui a fait plus de 68 500 morts.
Ce fut également la même prise de position pour Sophia Chikirou qui s’est présentée vendredi soir devant le commissariat du 19e arrondissement de Paris.
Sur X, la députée LFI a diffusé une longue vidéo tournée sur place. Face caméra, elle explique la raison de sa venue : « Je suis là devant le commissariat du 19e arrondissement de Paris. Je suis venue exercer mon droit des visites des lieux de détention, parce que quatre militants de la cause palestinienne sont actuellement détenus depuis [jeudi] soir.» L’élue raconte avoir rencontré les personnes gardées à vue. «J’ai vu les quatre détenus, dont une jeune femme qui va être emmenée à l’hôpital pour vérifier qu’elle n’a pas un traumatisme crânien.»
« La Philharmonie de Paris a reçu l’orchestre national d’Israël et il y a eu des protestations, car nous sommes toujours dans un contexte où Israël continue de bombarder Gaza et le Liban (...), les accords de paix sont violés chaque jour.»
«La mobilisation doit se poursuivre. Il y a des militants qui le font, et à juste titre.»
Dans sa vidéo, la députée conteste fermement la version majoritaire des événements. «Les images que nous avons vues [jeudi], ce n’était pas des militants agressifs, ce sont des militants qui ont été agressés.»
Elle assure avoir rencontré l’un d’entre eux : «J’ai d’ailleurs pu voir la personne qui est filmée et qui a été victime de coups d’une extrême violence. (...) La violence, c’est nous qui la subissons. Ce sont les militants propalestiniens qui la subissent, alors que ce sont des militants pacifiques.»
Sophia Chikirou s’attarde aussi sur les tensions aux abords du commissariat. «Depuis que j’y suis, j’ai vu plusieurs passants les insulter, les agresser. J’appelle au calme, car il ne faut pas tomber dans les provocations.» Elle pointe alors du doigt une autre source de tensions : «Les provocations ne viennent pas toujours que des passants et c’est bien malheureux (...) que certains [en pointant du doigt les policiers présents au balcon du commissariat] ne se comportent pas comme on attend d’eux quand on porte l’uniforme, quand on représente l’ordre républicain, on doit être à la hauteur et être dignes de l’uniforme qu’on porte.»
Ces incidents sont intervenus dans un contexte de fortes tensions, après la polémique déclenchée par la CGT Spectacle, qui avait reproché à la Philharmonie de ne pas avoir pris position face aux « accusations graves visant les responsables israéliens » et dénoncé une « entreprise de normalisation ».
À noter que le chef d’orchestre Lahav Shani avait déjà été déprogrammé en septembre du festival de Gand, en Belgique.