Nouvelle charge agricole contre Emmanuel Macron et l’accord du Mercosur. Sur la table depuis des décennies mais signé fin 2024, il doit permettre à l’Union européenne (UE) d’exporter davantage vers l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay. Mais il facilitera aussi l’entrée de bœuf, volaille, sucre, miel… via des droits de douane réduits.
Les représentants du monde agricole ont fustigé ce vendredi 7 novembre les propos du président français Emmanuel Macron, qui s’est dit "plutôt positif" quant à la possibilité d’accepter l’accord commercial.
Pour le puissant syndicat agricole FNSEA, la position du chef de l’Etat est "un reniement total". Après avoir affirmé au monde agricole "sa ferme opposition" à cet accord, le président Macron se dit désormais plutôt enclin à l’accepter, depuis le Brésil, "au cœur du territoire de nos concurrents agricoles", a réagi Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.
Romain Blanchard, secrétaire général adjoint du syndicat, se dit en colère : "Ça suffit d’être pris pour des imbéciles". "Ce bœuf qui est nourri au soja OGM… On ne le retrouvera pas chez le boucher mais dans les cantines scolaires". L’agriculteur s’interroge sur la valeur de la parole publique et sur l’état de la démocratie. "Il y a quelque chose qui ne va pas dans ce pays, vraiment". Et concernant la colère des agriculteurs : "Elle va repartir. Alors sous quelle forme ? Ça va dépendre du jusqu’au-boutisme de nos dirigeants".
"Emmanuel Macron a fait tout ce qu’il faut pour se faire détester", selon le syndicaliste qui estime que le président fait du "mépris de classe" lorsqu’il s’adresse aux agriculteurs.
Véronique Le Floch, présidente de la Coordination rurale, a également exprimé son étonnement et sa colère : "Le Mercosur, c’est une catastrophe de la part de Macron. C’est une hypocrisie de sa part et c’est surtout la mort de l’agriculture française."
Emmanuel Macron a cité l’obtention par la France de clauses de sauvegarde renforcées censées préserver les produits agricoles européens en cas de brusque hausse des importations ou baisse des prix liées à l’importation de produits latino-américains. Mais les agriculteurs ne croient plus et n’espèrent plus rien.
La patronne de la CR n’est pas dupe : "Mais bien sûr qu’on ne l’a jamais cru. Et la preuve, c’est qu’il avance alors que la balance commerciale de l’agriculture et de l’agroalimentaire entre l’Europe et les pays du Mercosur est déficitaire de 20 à 30 milliards d’euros. Et là, qu’est-ce qu’on va faire ? On va permettre de faire rentrer 50 % de viande de plus vers l’Europe."
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Les déclarations d’Emmanuel Macron mettent de l’huile sur un feu endormi, car les agriculteurs sont toujours en colère. Une étincelle pourrait-elle déclencher de nouvelles manifestations ?
"Bien sûr, les braises sont là, c’est évident. On a l’impression qu’on avance et tout d’un coup, on nous ramène à la case départ. C’est infernal", lance Véronique Le Floch.
"On est en totale soumission face à l’Europe et on est des vrais esclaves", accuse-t-elle. "Et on ne peut pas dire à nos jeunes que ce que prévoit l’Europe leur permettra d’être des paysans heureux. C’est leur mentir. C’est faire la même trahison que Macron."