L’armée américaine a préparé plusieurs options en vue d’une éventuelle intervention au Nigeria, après que le président Donald Trump a ordonné une action pour « protéger les chrétiens » des attaques menées par des groupes terroristes.
Selon des responsables du département de la Guerre cités par le New York Times, le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) a élaboré trois plans d’intervention de niveaux différents — léger, moyen et lourd — soumis à l’état-major interarmées du Pentagone.
Cette évolution survient après un message publié samedi par Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, dans lequel il a menacé de suspendre toute aide américaine au Nigeria si le gouvernement de ce pays « continue de permettre le massacre de chrétiens ». Le président américain a ajouté que les États-Unis pourraient « entrer dans ce pays déshonoré, armes à la main » et a demandé au Pentagone de « se préparer à une éventuelle action ».
Le plan « léger » envisagerait des opérations menées avec le soutien des forces américaines et du département d’État pour appuyer l’armée nigériane contre Boko Haram et d’autres groupes armés. L’option « moyenne » inclurait des frappes de drones contre des camps ou convois de combattants, mais poserait des difficultés logistiques et diplomatiques, les États-Unis n’ayant plus de base proche depuis leur retrait du Niger. Le plan « lourd », enfin, impliquerait le déploiement d’un groupe aéronaval et de moyens de frappe à longue portée, bien que les responsables aient précisé qu’une telle opération ne constitue pas, à ce stade, une priorité de sécurité nationale, peut-on lire sur Anadolu.
Des sources militaires ont qualifié d’« irréaliste » l’intervention militaire américaine au Nigeria. « Ce serait un fiasco », a estimé le général de division à la retraite Paul D. Eaton, notant qu’aucun soutien public ou politique réel ne semble exister pour une guerre terrestre de grande ampleur. Toute frappe aérienne américaine, a-t-il ajouté, ne provoquerait probablement guère plus qu’un « effet de choc ».
Le Nigeria dénonce une « vision déformée » après les accusations américaines de persécutions des chrétiens
Abuja rejette la décision des États-Unis de classer le Nigeria parmi les pays qui violent la liberté religieuse.
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Le gouvernement nigérian dénonce cette mesure qui est fondée sur des « données erronées » et une mauvaise compréhension de la situation sécuritaire. Alors que Washington brandit la menace d’une intervention militaire, Abuja appelle à la coopération et au respect mutuel.
En déplacement à Berlin, le 4 novembre, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yousuf Maitama Tuggar, a réagi aux accusations américaines de prétendues persécutions contre les chrétiens. Selon lui, la décision de Washington de classer le Nigeria parmi les pays « particulièrement préoccupants » repose sur « des données erronées et une vision déformée de la réalité sécuritaire ».
Tuggar a mis en garde contre l’influence de certains lobbies étrangers, estimant que ces accusations ne reflètent ni les faits ni la complexité de la situation sur le terrain.
À Abuja, le ministre de l’Information, Mohammed Idris Malagi, a appuyé cette position lors d’un point de presse. Il a qualifié de « mensongères » les allégations selon lesquelles l’État nigérian tolérerait des violences ciblées contre les chrétiens. « Toute tentative de présenter le Nigeria comme un pays qui encourage la persécution religieuse repose sur des données fausses », a-t-il affirmé, cité par RT.
« Il n’y a pas de génocide chrétien au Nigeria », a déclaré Kimiebi Ebienfa, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, le 3 novembre.
Depuis son arrivée au pouvoir en mai 2023, le président Bola Ahmed Tinubu affirme avoir renforcé la lutte contre le terrorisme. Le gouvernement revendique la neutralisation de plus de 13 500 terroristes, l’arrestation de 17 000 suspects et la libération de plus de 11 000 otages. Ces actions visent aussi bien Boko Haram que les groupes affiliés à Daech, qui attaquent des lieux de culte chrétiens comme musulmans.
« Les violences au Nigeria sont principalement liées à des questions économiques, foncières et sociales, pas à la religion », explique le politologue Abdullahi Mousa.
Avec plus de 200 millions d’habitants, le pays est partagé entre un nord majoritairement musulman et un sud à dominante chrétienne. Des tensions existent, notamment dans les régions centrales, mais elles sont souvent liées à l’accès aux ressources et non à la foi des populations.