Le gouvernement américain renonce à l’évaluation annuelle de l’insécurité alimentaire des ménages, avait annoncé le ministère de l’Agriculture en septembre, en raison « d’études redondantes, coûteuses, politisées et superflues [qui] ne font qu’alimenter les craintes ».
Mesurer l’insécurité alimentaire est « inutile ». Aux États-Unis, le gouvernement arrête de financer de l’étude annuelle sur les adultes et les enfants qui ne mangent pas à leur faim dans le pays. D’après le rapport de 2023, 13,5% des foyers étaient concernés, soit la proportion la plus élevée depuis 2014. Celui de 2024, publié mercredi 22 octobre, sera le dernier, l’administration Trump critiquant la méthodologie employée pour réaliser cette évaluation mise en place dans les années 90. Il n’y aura donc plus d’état des lieux, alors que l’insécurité alimentaire ne cesse de progresser.
À Atlanta, dans l’État de Géorgie, Jean navigue entre les transpalettes au sein de l’entrepôt de la banque alimentaire : « On a aussi une chambre froide pour les produits laitiers, les légumes, la viande. C’est une chose dont on est très fiers : 65% des aliments qu’on distribue sont des produits frais. » La nourriture est envoyée dans 700 points de distribution à travers la région. « On touche à peu près 750 000 personnes par mois, cela représente 12% de la population », précise Kyle Wade, qui dirige la Banque alimentaire d’Atlanta.
Chaque année, il s’appuyait sur l’étude du gouvernement pour connaître le profil des bénéficiaires. « L’administration nous a dit que la méthodologie de l’étude était défaillante et qu’elle devait être améliorée, explique Kyle Wade. Donc on va les croire sur parole et on espère qu’ils vont proposer autre chose… Si ce n’est pas le cas, on s’adaptera, on travaillera avec des partenaires privés pour obtenir ces données. Mais oui, on est dans un environnement compliqué en ce moment, c’est une période difficile. »
Des salariés parmi les bénéficiaires
Pourtant, en raison de l’inflation, qui s’élève à environ 3% sur un an, les distributions alimentaires sont souvent une bouée de sauvetage, même pour ceux qui travaillent, comme Barbara : « Cela coûte cher de nourrir sa famille. Tu vas à l’épicerie, avec 30 dollars, tu remplis un sac et demi, même pas. Tout a augmenté, sauf mon salaire ! Lui il ne bouge pas. Je travaille chez America’s Best, un opticien. C’est plutôt un bon boulot, mais il y a le loyer, les factures, l’essence… Il ne me reste quasiment rien pour la nourriture. Je reçois aussi des bons alimentaires, une fois par mois. Mais ça non plus, ça ne dure pas. J’ai une fille de 37 ans, elle aussi vient ici, et elle aussi a un travail. » Depuis le Covid, dans la région d’Atlanta, la demande d’aide alimentaire a augmenté de 70%.