La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a survécu à sa toute première motion de censure en juillet. Trois mois plus tard, elle doit faire face à deux motions de censure pour les mêmes raisons. Le groupe des Patriotes pour l’Europe à l’extrême droite et celui de La Gauche ont présenté leur texte au Parlement européen de Strasbourg.
Selon Euronews, les débats au Parlement européen sur les deux motions ont eu lieu conjointement lundi après-midi, tandis que les votes se tiendront séparément jeudi en fin de matinée.
À ce propos, le porte-parole d’Ursula von der Leyen a confirmé que la présidente participerait au débat en plénière de lundi et « aurait l’occasion d’écouter les questions et d’y répondre ».
Bien que les motions, déposées par l’extrême droite et l’extrême gauche, semblent vouées à l’échec, elles représentent un nouveau défi pour le maintien au pouvoir d’Ursula von der Leyen et son style de gouvernance, qui font l’objet de critiques croissantes depuis le début de son second mandat.
Un point commun lie les deux motions : la vive réaction contre l’accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis et les conditions très défavorables qu’il a imposées aux exportateurs européens.
Cet accord inclut des engagements de l’UE de dépenser 750 milliards d’euros en énergie produite aux États-Unis et d’investir 600 milliards d’euros sur le marché américain. Ceci continue de faire l’objet de vives critiques de la part de tous les secteurs de l’échiquier politique.
Y réagissant, Ursula von der Leyen avait admis que l’accord était « imparfait », tout en prétendant qu’il est suffisamment « solide » pour permettre à l’UE de traverser la tourmente commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump.
Les Patriotes pour l’Europe (PfE) et La Gauche, les auteurs des motions respectives partagent un autre grief : l’accord de libre-échange UE-Mercosur qu’Ursula von der Leyen a conclu en décembre 2024 et dont les textes juridiques sont maintenant en cours d’adoption.
Les deux groupes politiques s’inquiètent de l’impact potentiellement néfaste de cet accord sur les agriculteurs européens et dénoncent un manque de transparence d’Ursula von der Leyen, un thème déjà très présent dans la motion de censure de juillet.
Pour le reste, les avis divergent. Les Patriotes pour l’Europe se plaignent de la gestion par la Commission de l’immigration clandestine, tandis que La Gauche dénonce l’« échec » de l’exécutif européen à traiter la crise climatique et sociale, ainsi que la guerre génocidaire du régime israélien contre la bande de Gaza.
Le mois dernier, Ursula von der Leyen a proposé de suspendre partiellement l’accord d’association UE-Israël, une mesure préconisée depuis longtemps par les élus progressistes. L’approbation dépend désormais des États membres, qui n’ont pas encore trouvé de majorité qualifiée.
Ursula von der Leyen devrait survivre à ces nouvelles motions de confiance, grâce au soutien des trois partis centristes : le Parti populaire européen (PPE), les Socialistes et Démocrates (S&D) et les libéraux de Renew Europe.
Cette coalition pro-européenne a joué un rôle fondamental dans la réélection de la cheffe de la Commission en été 2024, mais des divisions sont depuis apparues en raison du rapprochement du PPE avec l’extrême droite et de la forte pression exercée pour simplifier la réglementation.
Malgré leurs différences marquées, les centristes sont d’accord pour dire que le Parlement ne devrait pas banaliser les motions de censure à un moment de crises multiples à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE.
Les Verts, qui entretiennent une relation ambivalente avec Ursula von der Leyen, devraient la soutenir, même si certains de leurs membres pourraient voter en faveur de la motion proposée par la gauche.
Deux tiers des suffrages exprimés, soit une majorité de 719 eurodéputés, sont nécessaires pour renverser la Commission lors d’une motion de censure.
Lors du vote de juillet, 360 élus s’étaient prononcés contre la destitution d’Ursula von der Leyen, 175 pour et 18 abstentions, bien loin du seuil nécessaire.
Néanmoins, la simple existence de ces motions consécutives souligne la polarisation politique à laquelle la présidente de la Commission est confrontée au cours de son second mandat, alors que l’UE fait face à une stagnation économique, à la guerre en Ukraine, à l’administration Trump, à la concurrence chinoise et à une désinformation croissante.
Jamais le Parlement européen n’a renversé une Commission à ce jour. Avec cependant un cas particulier en 1999 : avant un vote perdu d’avance, la Commission européenne de l’époque, présidée par le Luxembourgeois Jacques Santer, avait démissionné à la suite d’un rapport accablant sur sa « lourde responsabilité » dans des affaires de fraude.