Dimanche 28 septembre, alors que les Moldaves étaient appelés aux urnes dans le cadre d’élections législatives, Pavel Dourov, fondateur et PDG de Telegram, a rappelé que les services secrets français avaient tenté de le faire coopérer à une opération de censure visant des chaînes Telegram moldaves, à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2024.
« Il y a un an, alors que j’étais bloqué à Paris, les services de renseignement français m’ont contacté par un intermédiaire, me demandant d’aider le gouvernement moldave à censurer certaines chaînes Telegram avant les élections présidentielles en Moldavie », a-t-il écrit dans un poste.
À cette époque-là, Pavel Dourov était arrêté par la police française et mis en examen, après des plaintes visant l’absence de modération de sa plateforme. Aujourd’hui libéré, il a néanmoins obligation de se tenir à disposition des autorités françaises.
Selon Pavel Dourov, une première liste de chaînes lui a été fournie. Après vérification, quelques-unes ont été supprimées, car elles enfreignaient effectivement les règles de la plateforme. Mais ce n’est pas cette coopération technique qui a provoqué le scandale. Ce qui a suivi, d’après le fondateur de Telegram, constitue une ligne rouge : l’intermédiaire aurait promis que, en échange de cette coopération, les services français diraient du bien de moi au juge qui avait ordonné mon arrestation en août dernier.
🇲🇩 About a year ago, while I was stuck in Paris, the French intelligence services reached out to me through an intermediary, asking me to help the Moldovan government censor certain Telegram channels ahead of the presidential elections in Moldova.
— Pavel Durov (@durov) September 28, 2025
After reviewing the channels…
« Si l’agence a réellement parlé au juge, alors c’est une tentative de manipulation du système judiciaire. Si ce n’était qu’un mensonge, alors c’est l’utilisation de ma situation judiciaire pour influencer les événements politiques en Europe de l’Est », peut-on lire dans son poste.
Il ajoute que des faits similaires ont été observés en Roumanie, où il a reçu une demande équivalente concernant des chaînes conservatrices.
Ces remarques ont été fortement rejetées par Paris. Le ministère français des Affaires étrangères a démenti l’information avec humour par la voie de son compte de riposte sur X. « Pavel Dourov aime porter des accusations pendant que les élections sont en cours. Après la Roumanie, la Moldavie », a-t-il écrit.
After Romania, Moldova. 🗳️@durov likes making accusations while elections are ongoing. pic.twitter.com/tunJiwPa2L
— French Response (@FrenchResponse) September 28, 2025
Malgré les dénégations du ministère français des Affaires étrangères, Pavel Dourov maintient ses déclarations. Celui-ci a affirmé que « Telegram restera fidèle à ses principes et continuera de défendre la liberté d’expression contre toute tentative de censure politique ».
L’entrepreneur russe conclut qu’il continuera à dévoiler publiquement toute pression visant à faire taire des voix indépendantes sur sa plateforme. « Telegram ne supprimera pas de contenus pour des raisons politiques », a-t-il insisté.
Par la voie de la porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, Moscou y a réagi et déclaré que « quand l’Occident décide de détruire un autre État, il agit sans la moindre conscience sur tous les fronts ».
À noter que lors des récentes législatives en Moldavie, le parti Action et Vérité (PAS), au pouvoir depuis 2021 en Moldavie, a obtenu 50,16 % des suffrages, selon les résultats portant sur 99,91 % des bulletins dépouillés, publiés par la Commission électorale sur son site internet. Du côté des institutions européennes, on salue cette victoire du parti pro-européen de la présidente Maia Sandu.