Le président français Emmanuel Macron a condamné dimanche des « attaques inadmissibles », trois jours après la condamnation de Nicolas Sarkozy dans l’affaire du financement libyen, qui a suscité menaces et intimidations envers les magistrats ayant rendu cette décision.
« Les attaques et menaces de mort, anciennes ou récentes, visant plusieurs magistrats sont inacceptables », a écrit Emmanuel Macron sur X, rappelant que « l’État de droit est le fondement de notre démocratie » et que « l’indépendance, l’impartialité de l’autorité judiciaire, ainsi que la protection des magistrats, en sont les piliers essentiels ».
« Les décisions de justice peuvent être débattues et critiquées dans l’espace public, mais toujours avec respect. Elles peuvent être contestées, notamment par les voies de recours », a-t-il ajouté.
Deux enquêtes ont été ouvertes vendredi par le parquet de Paris à la suite de « messages menaçants » adressés à la magistrate parisienne ayant prononcé jeudi la condamnation de l'ancien président à cinq ans de prison, avec une incarcération imminente.
Le Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche, a dénoncé dimanche le silence « assourdissant » de M. Macron, rappelant que, selon l'article 64 de la Constitution, le président de la République est garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire.
Le garde des Sceaux démissionnaire, Gérald Darmanin, avait déjà condamné samedi « sans aucune réserve » les « intimidations et les menaces de mort qui touchent les magistrats », qualifiant ces actes d’« absolument insupportables en démocratie ».
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Dans la foulée de sa condamnation, Nicolas Sarkozy a dénoncé dans la presse un « complot » et affirmé que « toutes les limites de l'État de droit » avaient été « violées ».
Plusieurs responsables politiques, tant de la droite que de l’extrême droite, dont Marine Le Pen, ont remis en question l’impartialité des magistrats, incriminant parfois leurs engagements syndicaux.
La députée européenne d’extrême droite Marion Maréchal a appelé dimanche sur BFMTV à « interdire la syndicalisation des magistrats », exigeant des juges une « neutralité personnelle et politique totale ».
Dans son communiqué, le Syndicat de la magistrature dénonce la confusion entretenue par certains médias et sur les réseaux sociaux entre la liberté syndicale et l’acte de juger.
L'ancien garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, s’est vivement insurgé sur BFMTV contre la « mode » de remise en cause des institutions judiciaires.
« Si l’on prouve qu’un juge condamne un homme à cinq ans de prison, une peine lourde, motivée par la haine, alors tous les recours doivent être engagés contre ce juge. Mais on ne peut pas lancer ainsi, à tort et à travers, des accusations de ce genre », a-t-il dénoncé avec force.
De son côté, l’ancien Premier ministre François Bayrou a appelé dimanche à « protéger les juges » et à « respecter les décisions », tout en reconnaissant « le droit de s’interroger sur une disposition comme l’exécution provisoire », qui prive l’appel de son effet suspensif.