Le plus haut responsable de la sécurité iranienne, Ali Larijani, a réaffirmé l’engagement de Téhéran envers la diplomatie tout en avertissant que les négociations ne peuvent avancer que si les États-Unis et l’Europe comprennent que menace, intimidation ou guerre ne feront pas plier la nation iranienne.
Dans une récente interview accordée au site web du Leader de la Révolution islamique, l’Ayatollah Seyyed Ali Khamenei, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien, Ali Larijani a souligné que la diplomatie reste un outil central pour la République islamique, mais seulement lorsqu’elle est menée de bonne foi.
« J’ai toujours conseillé que l'Iran ne doit jamais abandonner la diplomatie, car la diplomatie elle-même est un outil », a-t-il déclaré, rappelant que le Leader de la Révolution islamique avait également affirmé qu’il fallait rester toujours ouvert aux négociations.
« Les négociations ne sont fructueuses que lorsque l'autre partie comprend que la guerre est vaine et qu’elle cherche à résoudre les problèmes par le dialogue », a déclaré Larijani, tout en avertissant que « les négociations ne peuvent aboutir si l’Occident les utilise comme couverture pour des actions hostiles ».
Pour Larijani, si l'ennemi transforme la scène diplomatique en un simple spectacle au service de ses propres intérêts, rien de constructif ne pourra en sortir.
« S’ils emploient la diplomatie pour pouvoir justifier d’autres actions, cela n’est évidemment pas une diplomatie au sens vrai du terme. La diplomatie aura toute sa place lorsqu’ils reconnaissent que la guerre est inutile et qu’il faut opter pour la paix », a estimé Larijani, selon lequel l’état actuel n’est pas prometteur dans la mesure où les ennemis de l’Iran ne cherchent que des prétextes, via leurs soi-disant mesures diplomatiques. « Toutefois, cela ne signifie pas que nous devons abandonner la diplomatie », insiste-il.
La méfiance de l'Iran envers les États-Unis et leurs alliés s'est accentuée ces dernières semaines. Le 13 juin, le régime israélien a mené une frappe non provoquée contre l'Iran, assassinant de hauts commandants militaires, des scientifiques nucléaires et des citoyens ordinaires.
Moins de dix jours plus tard, les États-Unis sont entrés officiellement en guerre en bombardant trois installations nucléaires pacifiques, protégées par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du Traité de non-prolifération (TNP).
Ces attaques sont survenues alors même que l'Iran et les États-Unis, avec la médiation d'Oman, avaient tenu cinq cycles de négociations nucléaires indirectes depuis avril et préparaient un nouveau cycle de pourparlers à Mascate le 15 juin.
Larijani a réaffirmé les lignes rouges de l'Iran. « Nous cherchons certes de véritables négociations. Si vous cherchez la guerre, faites ce que vous voulez. Une fois que vous avez compris que ce peuple résistant et déterminé n’est pas du genre à se plier et se rendre, vous pourrez revenir, pleins de regrets, à la table de négociations. »
Larijani a souligné que la rhétorique occidentale qui prône pressions et intimidations pour contraindre l’Iran à capituler s'est déjà révélée creuse. « Dans cette guerre, ils ont eux-mêmes compris que les Iraniens ne sont pas du genre à capituler », a-t-il ajouté.
Sur le dossier nucléaire, Larijani a réitéré que l'Iran pourrait toujours envisager de se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Il a souligné toutefois qu'une telle décision nécessiterait mûre réflexion et sagesse.
« Ce qui est évident c’est que nous ne cherchons pas à se doter de la bombe nucléaire, et nous ne devons donc pas souhaiter quitter le TNP, mais la réalité est que le TNP ne nous a apporté aucun bénéfice jusqu’à présent. »
Larijani est d’avis que ce qui compte sur la scène internationale, c'est la force, et non des accords creux.
« Chaque fois que vous agissez avec force, vous avancez. Il est faux de penser que les problèmes se résolvent par une simple accolade diplomatique. Si vous possédez du pouvoir, vous progresserez ; l'Iran doit donc rechercher le pouvoir », a-t-il soutenu.
Le « snapback » fait partie de l'« opération américaine »
Le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien a également critiqué les tentatives européennes visant à relancer le mécanisme de « snapback », qu’il a décrit comme une menace compromettant tout engagement constructif.
Il a déclaré que les pays européens servent de fait les intérêts de Washington. « Leur comportement est clair : ils mènent une partie de l'opération américaine. »
Le mécanisme de retour aux sanctions restituerait six résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU contre l'Iran, rétablissant ainsi l'embargo sur les armes, le gel des avoirs et les interdictions de voyager, désormais expirés. L'Iran insiste sur le fait que les États européens n'ont aucune autorité légale ou morale pour invoquer de telles mesures, arguant qu'ils n'ont pas respecté leurs engagements au titre de l'accord nucléaire de 2015.
M. Larijani a qualifié l'approche des pays européens d'injustifiée et de politiquement biaisée. « Ce mécanisme était destiné à une partie qui n'a pas respecté les engagements du Plan global d’action commun (PGAC). Qui a violé l'accord ? Nos installations ont été bombardées, et pourtant ils veulent utiliser le retour des sanctions contre nous », a-t-il dénoncé.
Il a également souligné des violations de procédure. « Si vous souhaitez recourir au snapback, vous ne pouvez pas saisir directement le Conseil de sécurité [de l'ONU]. Vous soumettez d'abord votre demande, puis un groupe d'experts s’y penche, ensuite les ministres l'évaluent. Pourtant, ils ont tout de suite recouru au Conseil de sécurité », a regretté Larijani.
Larijani a soutenu que la voie logique à suivre est le dialogue sincère, et non la pression. « La voie raisonnable était de résoudre le problème par la négociation », a-t-il déclaré. « Mais ils veulent le résoudre par la pression – soit à la manière américaine avec des bombardements, soit à la manière européenne avec des menaces. »