L’Algérie a officiellement rejoint le Système PAPSS, une infrastructure financière destinée à faciliter les transactions commerciales entre pays africains en utilisant les monnaies locales. Cette adhésion marque une nouvelle étape dans la stratégie d’intégration régionale d’Alger, avec des conséquences économiques et diplomatiques notables.
L’Algérie renforce son orientation vers le continent africain en intégrant le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), une initiative développée sous la houlette de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank).
L’annonce a été faite par les responsables de la plateforme, qui saluent cette adhésion comme un pas important vers une meilleure intégration financière à l’échelle du continent. La Banque d’Algérie rejoint ainsi le réseau en qualité de membre actif.
Elle sera chargée d’assurer la connexion technique et institutionnelle du pays à cette plateforme conçue pour faciliter les paiements transfrontaliers en monnaie nationale. À ce jour, le PAPSS couvre 18 pays répartis sur quatre régions africaines. Il s’appuie sur un réseau de plus de 150 banques commerciales reliées via 14 commutateurs nationaux.
Dans un environnement où coexistent 41 devises africaines, avec une convertibilité encore limitée, ce système vise à simplifier les échanges tout en réduisant la dépendance au dollar ou à l’euro.
Son fonctionnement repose sur un mécanisme de conversion directe : un paiement peut être initié en dinar algérien, traité par la plateforme, puis crédité dans la devise locale du pays destinataire. L’objectif est clair : réduire les coûts de transaction, accélérer les délais de règlement et encourager le commerce intra-africain.
Ce dispositif s’inscrit dans le cadre plus large de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), dont il constitue l’un des instruments techniques. Lancé officiellement en janvier 2022 à Accra, le PAPSS ambitionne de devenir le moteur d’une nouvelle dynamique économique africaine, en supprimant les étapes coûteuses liées aux paiements internationaux.
Pour les entreprises algériennes, cette évolution pourrait représenter une opportunité stratégique, notamment dans les secteurs à fort potentiel exportateur comme l’agroalimentaire, la logistique ou l’industrie pharmaceutique.
En particulier, les petites et moyennes entreprises, souvent marginalisées par les systèmes financiers traditionnels, pourraient bénéficier d’un accès facilité aux marchés d’Afrique subsaharienne. Au-delà des avantages logistiques, cette démarche traduit également une volonté politique de souveraineté monétaire et de modernisation du système bancaire national.
La mise en œuvre du PAPSS nécessitera une adaptation technique des banques algériennes ainsi qu’un cadre réglementaire cohérent en matière de change et de paiement. En 2024, les exportations algériennes à destination de l’Afrique représentaient à peine 2,2 % du total national, un chiffre jugé largement en dessous des ambitions affichées.
L’adhésion au PAPSS offre donc un levier concret pour inverser la tendance, à condition que les efforts diplomatiques s’accompagnent d’une mobilisation effective des acteurs économiques.