Soixante-deux Palestiniens, pour la plupart des demandeurs d'aide, ont été tués par des tirs israéliens à Gaza depuis l’aube samedi 2 août, ont indiqué à Al Jazeera des sources hospitalières du territoire assiégé.
Le bilan des morts inclut 38 Palestiniens qui cherchaient de l’aide près de sites de distribution gérés par la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), une organisation soutenue par les États-Unis et Israël.
Entre le 30 et le 31 juillet seulement, 105 Palestiniens ont été tués et au moins 680 autres blessés le long des routes des convois dans la zone de Zikim au nord de Gaza, au sud de Khan Younès et à proximité des sites de la GHF au centre de Gaza et à Rafah, a indiqué le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies en Palestine( HCDH ) dans un communiqué de presse publié vendredi.
Au total, depuis le 27 mai, au moins 1 373 Palestiniens ont été tués alors qu’ils cherchaient de la nourriture : 859 à proximité des sites du GHF et 514 le long des itinéraires des convois alimentaires.
Le HCDH a noté que la plupart des meurtres ont été commis par l’armée israélienne et que, bien qu’il soit conscient de la présence d’autres éléments armés dans les mêmes zones, il ne dispose pas d’informations indiquant leur implication dans les meurtres.
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Les Palestiniens de Gaza évoquent de nombreux cas où des soldats israéliens et des agents de sécurité américains recrutés par la GHF ont délibérément tiré sur des civils venus chercher de l’aide près des sites de distribution.
Face à la condamnation internationale croissante des conditions de vie à Gaza, Israël a autorisé ces derniers jours des largages d’aide humanitaire par voie aérienne dans la zone assiégée, effectués par des pays tels que la Jordanie, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Espagne, l’Allemagne et la France.
Cependant, les groupes humanitaires, dont l'agence d'aide des Nations Unies pour les Palestiniens, l'UNRWA, ont averti que les largages aériens étaient insuffisants et ont appelé Israël à faciliter la libre circulation de l'aide par voie terrestre.
Selon le bureau des médias du gouvernement de Gaza, seulement 36 camions d’aide sont entrés dans la zone samedi, alors qu’il en faut 600 par jour pour subvenir aux besoins de la population.
Entre temps, la Société du Croissant-Rouge palestinien a annoncé, dans un communiqué, qu'un de ses membres a été tué et trois autres ont été blessés à Khan Younès lors d’une attaque israélienne visant le siège de l’organisation.
« Un membre du personnel de la Société du Croissant-Rouge palestinien (PRCS) a été tué et trois autres blessés après que les forces israéliennes ont ciblé le siège de l’organisation à Khan Younès, provoquant un incendie au premier étage du bâtiment, » a déclaré le PRCS dans un message publié samedi sur X.
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Dans un reportage réalisé plus tôt dans la journée depuis Deir al-Balah, au centre de Gaza, Hind Khoudary, journaliste pour Al Jazeera, a affirmé que les Palestiniens ne constatent aucune amélioration concrète de leur situation malgré les récentes livraisons d’aide.
« Sur les marchés, il est presque impossible de trouver de la nourriture. Tout ce qui est disponible est extrêmement cher, et les Palestiniens sont toujours contraints de risquer leur vie pour se procurer quoi que ce soit » a-t-elle témoigné.
Philippe Lazzarini, directeur général de l'UNRWA, a déclaré samedi que Gaza connaissait une famine qui avait été « largement façonnée » par les tentatives de remplacer le système d'aide dirigé par l'ONU par la GHF « à motivation politique ».
« Mettre l'UNRWA à l'écart et l'affaiblir n'a rien à voir avec les allégations de détournement d'aide au profit de groupes armés. Il s'agit d'une mesure délibérée visant à exercer une pression collective sur les Palestiniens et à les punir pour leur présence à Gaza », a noté Lazzarini dans un message publié sur X.
De son côté, l’UNICEF a averti que la malnutrition à Gaza a dépassé le seuil de famine, avec 320 000 jeunes enfants menacés de malnutrition aiguë.
« Nous sommes à la croisée des chemins, et les choix faits maintenant détermineront si des dizaines de milliers d’enfants vivront ou mourront » a alerté Ted Chaiban, directeur exécutif adjoint de l’UNICEF pour l’action humanitaire, à l’issue d’une visite en Israël, à Gaza et en Cisjordanie occupée.