À Gaza, un blocus quasi total de l’aide humanitaire est en rigueur depuis le 2 mars par le régime israélien qui se sert de la faim comme arme de guerre et qui tire sur des enfants à balles réelles, lorsque, au bord du désespoir, ils se rendent sur des points de distribution alimentaire auprès d’une fondation américaine qui n’a d’humanitaire que le nom.
Un tiers de la population de l’enclave palestinienne est totalement privée de nourriture depuis plusieurs jours maintenant. En l’espace de 24 heures (du 22 au 23 juillet), 15 personnes sont mortes de faim, dont quatre enfants. Près de 100 000 femmes et enfants dans la bande de Gaza souffrent en effet de malnutrition aiguë sévère, a déploré le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM).
« Un tiers de la population ne mange pas pendant plusieurs jours d’affilée », s’est alarmé Ross Smith, le directeur adjoint de pays du Programme alimentaire mondial (PAM), qui répondait mardi aux questions des journalistes. La crise alimentaire à Gaza a certainement atteint « des niveaux de désespoir inédits et stupéfiants », a-t-il indiqué.
Il est question d’une situation d’urgence humanitaire dans la région, où un quart de la population est confrontée à une famine imminente note d'ailleurs le Programme alimentaire mondial avant d'avertir que les conditions actuelles de Gaza rendent toute opération humanitaire impossible, rappelant que « l’utilisation de la famine comme arme de guerre contre les civils constitue un crime de guerre ».
« 71 000 enfants risquent de mourir »
Mercredi 23 juillet, 111 ONG ont appelé la communauté internationale à agir contre la « famine de masse » qui s’étend dans la bande de Gaza. Sur place, les organisations sont mises en difficulté par le blocus, mais aussi par les frappes continues de l’armée israélienne. Et parmi les premières victimes, les enfants de la bande de Gaza.
Dans une déclaration commune les signataires, parmi lesquelles figurent Médecins Sans Frontières (MSF), Save the Children, Amnesty International et Oxfam, ont déploré le fait que « nos collègues et les personnes que nous servons dépérissent ».
Les organisations ont appelé à un cessez-le-feu immédiat, à l’ouverture de tous les points de passage terrestres ainsi qu’à un acheminement sans restriction de l’aide humanitaire par le biais de mécanismes dirigés par les Nations Unies.
Dans leur déclaration, les organisations ont dénoncé une situation où les travailleurs humanitaires eux-mêmes font la file pour obtenir de la nourriture, au péril de leur vie, tandis que le blocus imposé par le régime continue d’affamer la population gazaouie.
Selon ces groupes, les stocks humanitaires atteignent un niveau critique, et les collègues et partenaires sur le terrain montrent des signes alarmants de détérioration physique.
« Chaque matin à Gaza, les gens se posent la même question : est-ce que je vais manger aujourd’hui ? », a confié un travailleur humanitaire, résumant le sentiment général de désespoir.
La déclaration souligne que des massacres sont signalés presque quotidiennement aux points de distribution de nourriture. Selon les données des Nations unies, 875 Palestiniens ont été tués en cherchant à se nourrir jusqu’au 13 juillet – dont 201 sur les routes d’aide et les autres près des centres de distribution. Des milliers d’autres ont été blessés.
Malgré l’existence de stocks massifs d’aide, à l’intérieur comme à l’extérieur de Gaza, la distribution reste bloquée par les restrictions israéliennes, les retards et la fragmentation du système humanitaire. « Ces obstacles engendrent chaos, faim et mort », alerte la déclaration.
Un travailleur en santé mentale a rapporté la gravité de la situation psychologique : « Des enfants disent à leurs parents qu’ils veulent aller au paradis, car là-bas au moins, il y a de la nourriture. »
Tout ceci, alors que le régime israélien a prétendu, mercredi, qu’il n’était pas responsable de la pénurie chronique de nourriture dans la bande de Gaza et a accusé le mouvement de résistance palestinien Hamas d’avoir délibérément créé une crise.
« À Gaza, aujourd’hui, il n’y a pas de famine causée par Israël », a lancé le porte-parole du régime David Mencer, après la mise en garde lancée par les ONG contre une « famine » généralisée, exhortant Israël à débloquer l’aide humanitaire.
« Il s’agit d’une pénurie provoquée par le Hamas », a avancé Mencer, accusant le mouvement d’empêcher la distribution de nourriture et de piller l’aide pour ses propres besoins.
Et pourtant les médecins font état de taux inédits de malnutrition aiguë, notamment chez les enfants et les personnes âgées, ainsi que de poussées de diarrhée, d’amoncellements de déchets et d’évanouissements dans la rue liés à la faim et à la déshydratation.
En moyenne, seulement 28 camions d’aide entrent chaque jour à Gaza, bien en dessous du minimum requis pour plus de 2 millions de personnes, dont beaucoup n’ont reçu aucune assistance depuis des semaines.
Les ONG rejettent fermement l’idée d’un échec du mécanisme humanitaire dirigé par l’ONU. « Il n’a pas échoué — il a été sciemment entravé, » affirme la déclaration.
Elles ont également critiqué les récentes annonces d’Israël et de l’UE sur un soi-disant élargissement de l’accès à l’aide. « Ces promesses de “progrès” sonnent creux sans changement concret », déplorent-elles. « Chaque jour sans flux constant d’aide se traduit par de nouvelles morts – de maladies évitables, de la faim, du désespoir. »
Enfin, le communiqué conclut en soulignant que la population de Gaza est piégée dans un cycle d’espoir et de désespoir, guettant chaque annonce d’aide ou de cessez-le-feu pour se réveiller dans une situation encore plus catastrophique. « Ce n’est pas seulement une épreuve physique – c’est une torture psychologique, » avertissent les groupes.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti mardi que la situation humanitaire dans la bande de Gaza se détériorait rapidement, la décrivant comme un « spectacle d’horreur » marqué par une destruction massive et la famine.
« La malnutrition explose. La famine frappe à toutes les portes. Et désormais, nous assistons à l’agonie d’un système humanitaire fondé sur des principes humanitaires », a-t-il poursuivi, ajoutant : « Ce système se voit refuser les conditions nécessaires pour fonctionner. On lui refuse l’espace nécessaire pour agir. On lui refuse la sécurité nécessaire pour sauver des vies ».
Il a dénoncé les offensives militaires d’Israël, soulignant qu’avec l’intensification des attaques israéliennes et la publication de nouveaux ordres de déplacement à Deir el-Balah, au centre de la bande de Gaza, « la dévastation s’ajoute à la dévastation ».
Conformément aux dernières données du ministère de la Santé de Gaza, depuis le 7 octobre 2023, date à laquelle le régime israélien a lancé sa guerre sanglante contre l’enclave palestinienne, au moins 59 219 personnes sont tombées en martyr et plus de 143 045 autres ont été blessées.