Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, a annoncé que l’Iran ferait valoir ses exigences lors des prochaines négociations avec le groupe E3 (France, Allemagne, Royaume-Uni) concernant son programme nucléaire, les puissances européennes n’étant pas en mesure de formuler des exigences en raison de leur incapacité à respecter l’accord nucléaire de 2015 après le retrait des États-Unis.
Lors de sa conférence de presse hebdomadaire à Téhéran ce lundi 21 juillet, M. Baghaï a fait part de la reprise des négociations sur le programme nucléaire iranien avec l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Les discussions se tiendront le vendredi 25 juillet à Istanbul et se concentreront sur la levée des sanctions et de la question nucléaire.
La différence est que cette fois-ci, l’Iran « augmentera sérieusement ses exigences », a-t-il déclaré, « les pays européens doivent être tenus responsables de la position qu’ils ont adoptée lors de l’agression américano-israélienne contre l’Iran ».
« Ces trois pays, en tant que membres du PGAC [Plan global d’action conjoint] et parties ayant accepté à l’unanimité la résolution 2231 du Conseil de sécurité, avaient la responsabilité légale et morale de condamner ces agressions ; ce qui n’a malheureusement pas été le cas », a-t-il souligné.
Certains de ces pays « ont même soutenu le régime sioniste et les États-Unis, en justifiant leurs crimes ». « Ils doivent être tenus responsables », a-t-il noté.
Le 13 juin 2025, Israël a lancé une guerre non provoquée contre l’Iran, tuant de hauts responsables militaires, des scientifiques nucléaires et des civils.
Le 22 juin, les États-Unis sont entrés en guerre en bombardant trois installations nucléaires iraniennes à Fordow, Natanz et Ispahan, en violation flagrante du droit international et du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
Téhéran accueillera une réunion trilatérale Iran-Russie-Chine
Récemment, des pays européens ont également menacé de déclencher le mécanisme de « snapback » inscrit dans l’accord de 2015 et qui prévoit d’imposer des sanctions à l’Iran.
À ce sujet, M. Baghaï a indiqué : « Nous aurons une consultation trilatérale avec la Russie et la Chine demain [mardi] à Téhéran au niveau des directeurs généraux [des ministères respectifs des affaires étrangères] pour discuter de la question du nucléaire », a-t-il détaillé.
« Nous sommes en interaction et consultation permanentes avec ces pays afin de pouvoir soit empêcher cette situation de se produire, soit minimiser ses conséquences possibles », a-t-il déclaré, soulignant que « d’un point de vue juridique, logique, moral et politique, il n’y a aucune base ni raison justifiable pour le retour des sanctions qui ont été levées en vertu du PGAC ».
Le mécanisme de snapback a été intégré dans la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a approuvé le PGAC. Il permet à toute partie à l’accord de déclencher un processus rétablissant toutes les sanctions antérieures de l’ONU contre l’Iran – levées en vertu de l’accord – si l’Iran est reconnu coupable d’une violation « significative » de ses obligations.
L’E3 ne justifie en rien l’invocation de la résolution 2231
« Les pays européens membres du PGAC n’ont aucune justification morale, politique ou logique pour utiliser une résolution qu’ils ont créée comme base pour sa non-application afin de rétablir les sanctions », a déclaré le diplomate iranien.
Les parties européennes elles-mêmes « se trouvent dans la position des accusés en raison de leur négligence et du non-respect de leurs obligations en vertu du PGAC ».
Le responsable a souligné que les pays européens utilisent cet outil pour menacer l’Iran.
Si cette menace se matérialisait, cela démontrerait que les États européens ne se considèrent plus comme des acteurs pertinents dans les négociations sur le nucléaire iranien. Une telle démarche marginaliserait de fait leur propre rôle dans ce processus diplomatique crucial.
L’Iran n’acceptera jamais un enrichissement inférieur à 1 %
En réponse à une question sur les allégations de l’ancien secrétaire d’État américain concernant l’accord de l’Iran sur l’enrichissement en dessous de 1 %, M. Baghaï a déclaré qu’il n’y a rien de tel.
Anthony Blinken a déclaré dans une interview à CNN, avant l’agression américano-israélienne contre l’Iran, que Téhéran aurait présenté une série de propositions aux responsables européens, notamment la réduction de l’enrichissement de l’uranium à moins de 1 % et l’ouverture de négociations sur son programme de missiles balistiques.
Larijani a transmis un message sur les développements régionaux et internationaux à Poutine
Faisant allusion à la visite d’Ali Larijani à Moscou et à sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, M. Baghaï a déclaré que M. Larijani « portait le message et la vision large de la République islamique d’Iran concernant les développements régionaux, les développements internationaux et les relations bilatérales ».
Leurs discussions ont été fructueuses. Ils ont discuté « d’un large éventail de sujets, en particulier des relations bilatérales et des questions régionales suite aux développements des quatre dernières semaines », a-t-il ajouté.