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Comment les usines de propagande israéliennes ont recyclé des allégations fabriquées d'interception de missiles iraniens

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Ivan Kesic

Pour la troisième fois, le régime israélien a annoncé un taux d’interception des missiles balistiques iraniens jugé invraisemblable, avançant cette fois un chiffre de 86 %, une affirmation qui a été largement reprise sans grand intérêt par la plupart des grands médias occidentaux.

Cette semaine, les médias israéliens ont rapporté des déclarations du ministère de la Guerre, affirmant que 86 missiles iraniens et 99 % des drones avaient été interceptés durant l’agression israélienne non provoquée contre l’Iran. Ces chiffres concernent une période de 12 jours de guerre, au cours de laquelle l’Iran aurait tiré en représailles 532 missiles balistiques en environ 42 vagues d’attaques ciblant les territoires palestiniens occupés.

Selon les mêmes sources, environ 300 missiles auraient atteint des « zones ouvertes », tandis que 200 auraient été interceptés par les systèmes de défense aérienne israéliens et américains. Les systèmes d’interception mentionnés incluent Fronde de David, Arrow-2 et Arrow-3, ainsi que les systèmes THAAD et Aegis fournis par les États-Unis, le tout pour un coût total d’environ 5 milliards de shekels, soit près de 1,5 milliard de dollars.

Dans une évaluation, le ministère israélien de la Guerre a affirmé que leur interception avait permis d’éviter plus de 15 milliards de dollars de dommages matériels potentiels et « avait sauvé d’innombrables vies ».

Certains responsables sionistes sont allés encore plus loin, affirmant que seulement 25 à 31 missiles balistiques iraniens ont effectivement frappé des cibles dans les territoires occupés.

Malgré les incohérences flagrantes de ces chiffres et leur mépris des preuves disponibles et des mathématiques de base, les médias occidentaux ont répété ces affirmations presque avec révérence, offrant peu d’examens critiques.

Un modèle de succès fabriqué

Il ne s’agit pas d’un cas isolé. C’est la troisième fois que le régime israélien publie des données manifestement falsifiées sur les taux de réussite des interceptions.

Après les opérations iraniennes « Vraie Promesse I » et « Vraie Promesse II » lancées en avril et en octobre de l’année dernière, les responsables du régime israélien se sont vantés d’un taux d’interception désormais familier de « 99 % ». Rien que pour la deuxième opération, ils ont affirmé que 200 missiles balistiques iraniens avaient été lancés, ce qui implique que seuls deux d’entre eux ont réussi à contourner les défenses israéliennes.

Pourtant, les images satellites révèlent une tout autre réalité. Sur la base aérienne de Nevatim, l’une des trois principales cibles iraniennes (avec la base aérienne de Tel Nof et le siège du Mossad), 33 missiles iraniens ont directement touché leurs cibles, dont 26 ont causé de graves dommages structurels, dont cinq hangars.

Ces chiffres à eux seuls démentent les affirmations exagérées d’Israël, tout comme les images indépendantes provenant de sources civiles, qui ont enregistré des dizaines de frappes, bien plus que les « trois » que le régime était prêt à admettre.

La base aérienne de Tel Nof a été touchée directement, provoquant des explosions secondaires parmi les munitions stockées. Au moins deux missiles ont touché des zones proches du siège du Mossad. Au total, plus de 40 missiles iraniens ont réussi à pénétrer les défenses israéliennes tant vantées lors de l’opération « Vraie Promesse II », soit vingt fois plus que ce que les responsables israéliens ont admis.

Leur évaluation du nombre de tirs de missiles était également exagérée. Des preuves visuelles montrent que 53 missiles ont été tirés en trois vagues : 25 depuis Kermanchah, 18 depuis Tabriz et 10 depuis Chiraz. Cela indique que plus de 75 % des missiles iraniens ont atteint leurs cibles, un taux de précision qui se rapproche davantage des estimations iraniennes de 90 % que du taux de réussite annoncé par Israël, qui est de seulement 1 %.

Des distorsions similaires ont été observées après l’opération « Vraie Promesse I », où Israël a de nouveau affirmé avoir intercepté « 99 % de 300 missiles et drones ». Ce chiffre est clairement contredit par des images accessibles au public, qui montrent de nombreux impacts.

Dernière vague de tromperies

Les récentes déclarations du régime israélien, selon lesquelles 86 % des missiles balistiques iraniens auraient été interceptés, que 300 auraient atterri sans causer de dégâts dans des « zones ouvertes » et que seules 30 frappes auraient atteint leurs cibles, manquent totalement de vérification indépendante.

Comme lors des deux précédentes opérations de représailles menées par la République islamique d’Iran, ces affirmations s’inscrivent dans une logique de communication unilatérale, sans preuve concrète ou évaluation impartiale permettant d’en confirmer l’exactitude.

La majorité des frappes de représailles iraniennes et des tentatives d’interception israéliennes se sont produites durant la nuit, et de nombreuses vidéos publiques en témoignent. Ces enregistrements capturent des traînées lumineuses de missiles en approche, ainsi que des explosions au moment de l’impact, visibles à travers les territoires occupés.

Les systèmes israéliens déployés, tels que la Fronde de David, Arrow-2 et Arrow-3 et le THAAD, reposent sur une technologie de type « hit-to-kill », spécifiquement conçue pour intercepter des missiles à longue portée et à haute altitude. Lorsqu’une interception réussit, elle engendre des collisions hypersoniques massives, produisant des explosions éclatantes qui peuvent être observées sur une vaste zone.

Si Israël avait réellement intercepté 200 missiles balistiques, comme cela a été affirmé, on pourrait s’attendre à une multitude d’images corroborantes provenant de caméras personnelles et de sécurité, toutes datées. Cependant, ces preuves sont remarquablement absentes. Même l’armée israélienne, réputée pour mettre en avant ses « succès », n’a pas réussi à fournir des éléments probants. De plus, il n’existe aucune preuve matérielle de débris de missiles en Irak ou en Jordanie, ce qui serait attendu si un grand nombre de missiles avaient été interceptés dans ces régions.

Des centaines de vidéos témoignent de missiles iraniens perçant les défenses israéliennes et explosant sur des territoires occupés. Si la majorité de ces missiles tombaient réellement dans des zones désertes, comme le prétend le régime, il ne manquerait pas de diffuser des images pour le prouver. Cependant, une censure stricte des photos et vidéos a été mise en place, limitant l’accès à ces preuves.

L’ampleur des destructions observées indique plutôt des frappes massives ciblant les infrastructures militaires israéliennes, plutôt que de simples cratères dans des terres agricoles. Les médias israéliens eux-mêmes évaluent les pertes à environ 12 milliards de dollars, avec des estimations pouvant atteindre 20 milliards de dollars si l’on prend en compte les coûts indirects.

Ces chiffres impressionnants semblent contredire l’affirmation selon laquelle seulement 25 à 31 missiles auraient atteint leur cible. À moins de croire que chaque missile a causé des dommages de 500 à 800 millions de dollars, ce qui paraît hautement improbable.

Le taux de réussite officiel de 86 % semble contredire les propos d’un haut responsable des renseignements israéliens, qui a révélé aux médias américains qu’au septième jour des hostilités, seulement 65 % des missiles iraniens avaient été interceptés. Cette disparité soulève des questions sur l’efficacité des systèmes de défense en place.

Le responsable a expliqué que cette diminution de l’efficacité était due à l’utilisation par l’Iran de missiles plus rapides, plus maniables et plus avancés technologiquement.

L’Iran a d’abord recouru à des missiles balistiques à propergol liquide, tels que le Shahab-3, qui se caractérisent par leur lenteur et leurs trajectoires prévisibles, ce qui les rendait plus vulnérables aux interceptions.

Ces modèles, bien que dépassés, étaient souvent accompagnés de leurres, perturbant ainsi les systèmes de défense aérienne et épuisant les réserves d’intercepteurs. Malgré une documentation abondante sur les attaques de missiles, aucune étude exhaustive n’a encore été réalisée pour quantifier le nombre de missiles iraniens et d’intercepteurs israéliens déployés ni pour évaluer le véritable taux d’interception.

Des analystes utilisant des sources ouvertes ont tenté d’estimer ces chiffres à partir d’images nocturnes fournies par le photographe jordanien Zaid M. al-Abbadi. Cependant, ces enregistrements ne couvrent qu’une petite partie du conflit, se limitant à des observations nocturnes et à une portée géographique et verticale restreinte.

Malgré ces limitations, les analyses indiquent que les missiles iraniens ont réussi à franchir les défenses israéliennes plus fréquemment que ne le laissent entendre les statistiques officielles, dépassant même le nombre d’intercepteurs déployés.

Détournements et désinformation

Le régime israélien, en plus de gonfler les chiffres d’interception, utilise diverses stratégies de propagande pour masquer ses échecs et minimiser les succès de l’Iran. Lors de l’opération « Vraie Promesse I », des images frappantes de missiles iraniens illuminant le ciel au-dessus de la mosquée Al-Aqsa et du Dôme du Rocher à Qods occupée ont captivé l’attention mondiale, illustrant la portée et la détermination de l’Iran.

En réaction, des responsables israéliens, dont l’ambassadeur à l’ONU Gilad Erdan, ont avancé un récit surprenant selon lequel Israël « protégeait Al-Aqsa des missiles iraniens », cherchant ainsi à créer une fracture entre l’Iran et le monde musulman. En réalité, ces missiles étaient dirigés vers la base aérienne de Nevatim, située à 65 kilomètres au sud de Qods occupée.

De même, lors de l’opération « Vraie Promesse III », les propagandistes israéliens ont prétendu que l’Iran avait intentionnellement frappé la mosquée Al-Jarina à Haïfa. En vérité, un missile a touché le complexe immobilier du régime Sail Tower, à seulement 50 mètres au sud-est, causant des dommages mineurs à la façade de la mosquée en raison des ondes de choc.

Israël a également avancé des accusations infondées concernant des attaques iraniennes visant des écoles et des habitations. Cependant, les images diffusées révèlent des destructions qui correspondent non pas à des frappes iraniennes, mais à des missiles intercepteurs israéliens défaillants.

Un exemple particulièrement marquant est l’allégation selon laquelle l’Iran aurait attaqué l’hôpital Soroka. En réalité, les dommages proviennent d’une opération ciblant un quartier général du renseignement militaire C4I situé à proximité. Le régime a l’habitude de placer des installations militaires près de zones civiles, puis d’exploiter les conséquences de ces frappes pour accuser l’Iran de méfaits.

Des sites tels que la base militaire de Kirya à Tel-Aviv et l’Institut Weizmann, associé à l’armée, sont souvent qualifiés des « endroits civils » dans les narrations officielles. De plus, les vidéos montrant des frappes de missiles iraniens sur ces installations sont sévèrement censurées, et leur diffusion peut entraîner de lourdes sanctions.

Enfin, la propagande israélienne soutient que la majorité des victimes des missiles sont des « non-Israéliens », tout en omettant de préciser que les résidents non juifs se voient souvent refuser l’accès aux abris anti-bombes.

Au cours de la récente guerre, des Palestiniens, des travailleurs chinois et des journalistes turcs ont tous témoigné du refus d’accès aux abris, mettant en évidence à la fois la discrimination systémique et l’hypocrisie des récits de victimisation israéliens.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV