L’Iran a condamné une résolution « politiquement motivée » adoptée par le Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), affirmant qu’elle ne repose sur aucune base technique et juridique.
L’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) et le ministère des Affaires étrangères ont publié, jeudi, un communiqué conjoint après l’adoption par le Conseil des gouverneurs, composé de 35 États membres, d’une résolution accusant l’Iran de « non-respect » de ses engagements nucléaires.
La résolution, rédigée par les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, a été adoptée par 19 voix pour, 3 contre et 11 abstentions. La Russie, la Chine et le Burkina Faso ont voté contre. Parmi les pays qui se sont abstenus figuraient l’Afrique du Sud, l’Inde, le Pakistan, l’Égypte, l’Indonésie et le Brésil.
« Comme nous l’avons déjà annoncé, la République islamique d’Iran n’a d’autre choix que de répondre à cette résolution politique », indique le communiqué conjoint publié en réaction à l’adoption du texte.
Le communiqué précise que le président de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, a donné les instructions nécessaires pour construire un nouveau centre d’enrichissement dans un endroit sûr.
« Le nouveau site remplacera les centrifugeuses d’enrichissement de première génération de l’installation nucléaire de Fordow par des centrifugeuses avancées de sixième génération », a-t-il été précisé.
Le ministère iranien des Affaires étrangères et l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran (OIEA) ont déclaré que la résolution adoptée constituait une nouvelle instrumentalisation du Conseil des gouverneurs, motivée par des considérations politiques et dénuée de fondements techniques et juridiques.
Les autorités iraniennes ont une nouvelle fois réaffirmé l’attachement absolu de la République islamique d’Iran aux garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), soulignant qu’aucun des rapports émanant de cette instance n’a jamais fait état de violations ou d’anomalies dans les activités nucléaires de l’Iran.
Dans le communiqué conjoint, Téhéran a dénoncé le caractère « politiquement motivé et partial » du récent rapport publié par l’AIEA. Ce document, déjà contesté, a servi de base à une résolution rédigée par les États-Unis et les trois puissances européennes — la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni — dont le contenu, selon l’Iran, va encore plus loin dans la politisation, au point de contredire même le rapport politiquement motivé présenté par le directeur général de l’agence nucléaire de l’ONU.
Les quatre pays concernés sont accusés de poursuivre des agendas politiques propres, tentant de raviver des accusations anciennes de plus de 25 ans contre Téhéran, alors qu’ils n’ont pas réussi à identifier la moindre irrégularité dans les activités nucléaires actuelles de l’Iran.
« Cela survient malgré le fait que toutes les réclamations passées ont été déclarées closes en vertu de la résolution de l’Agence de novembre 2015 », indique le communiqué.
Enfin, le texte fustige le silence des États-Unis et de leurs alliés européens face au refus persistant du régime israélien d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), tout en poursuivant dans l’ombre un programme de développement d’armes de destruction massive, notamment nucléaires — une politique jugée à la fois dangereuse et hypocrite.
Il souligne qu’aucune réponse concrète n’a été apportée aux menaces explicites formulées par Israël à l’encontre des installations nucléaires pacifiques des États membres du TNP, illustrant ainsi un silence complice de la part de ces gouvernements occidentaux.
« Les États-Unis et les E3 n’ont pas rempli leurs obligations en vertu de l’article 6 du TNP concernant le désarmement nucléaire, tandis que l’Allemagne continue d’héberger de telles armes mortelles sur son territoire », indique le communiqué.
Le communiqué souligne que les efforts des quatre pays pour adopter une résolution contre l’Iran ont « complètement miné la crédibilité et la réputation » de l’agence nucléaire de l’ONU et ont davantage exposé la nature politique de cet organisme international.
« Une telle approche politique envers un pays qui a toujours respecté ses engagements et s’est largement engagé auprès de l’Agence nous amène à conclure que les politiques d’interaction et de coopération produisent des résultats contre-productifs », a-t-il ajouté.
Le communiqué conclut que, face à cette dynamique défavorable et aux pressions injustifiées, l’Iran envisage d’ores et déjà des plans alternatifs, dont les détails seront annoncés en temps opportun.
Dans ce contexte, une lettre officielle adressée mercredi au Conseil de sécurité des Nations unies par l’ambassadeur iranien Amir Saïd Iravani prévient que Téhéran pourrait, si les pays européens engageaient une tentative juridiquement infondée de rétablir les sanctions de l’ONU, exercer son droit légitime de se retirer du TNP.