Par Nahid Poureisa
L’arrestation et l’incarcération de l’universitaire iranienne Mahdieh Esfandiari en France ne constituent pas un incident isolé, mais révèlent une politique de répression systématique et délibérée contre ceux qui osent s’exprimer en faveur de la vérité et de la justice.
Cette politique va au-delà de la censure. Elle met en lumière le double standard de la politique française en matière de liberté d’expression, un concept instrumentalisé au service de l’Empire et réprimé lorsqu’elle est utilisée par les marginalisés.
En 2015, la publication de caricatures blasphématoires du Prophète Mahommad (que le salut de Dieu soit sur lui et sa descendance) par le magazine controversé Charlie Hebdo a suscité une indignation massive dans le monde musulman.
Au lieu de reconnaître cette insulte et de prendre des mesures correctives, le président français Emmanuel Macron a défendu la « liberté d’expression » du magazine, présentant la satire et la liberté d’expression comme des valeurs françaises sacrées, même au prix de blesser les sentiments religieux de milliards de musulmans, y compris ceux de son propre pays.
En 2022, Masih Alinejad, une agitatrice résidant aux États-Unis, qui est sponsorisée par le lobby américain anti-iranien pour orchestrer des campagnes de diffamation et diffuser de la désinformation dans le but de déstabiliser l’Iran, a été chaleureusement accueillie à l’Élysée.
Macron a salué son rôle dans l’incitation aux émeutes en Iran, qu’il a qualifiées de « révolution », et a publiquement soutenu la prétendue « liberté » des femmes iraniennes. Il s’agissait d’un signal clair de l’alignement stratégique de la France dans une guerre hybride plus vaste visant à affaiblir psychologiquement et culturellement la République islamique de l’intérieur.
Aujourd’hui également, en 2025, l’affaire Esfandiari se déroule dans l’ombre du même théâtre géopolitique.
Elle a été soudainement arrêtée, il y a trois mois, suite à une publication Telegram, où elle avait exprimé son soutien à la Palestine. Son seul « crime » est la défense d’un peuple opprimé qui subit près de 20 mois de guerre génocidaire.
Sans convocation officielle ni mandat légal, la police française a perquisitionné son domicile et l’a soumise à des sévices et à du harcèlement avant de l’arrêter.
Au même moment, le cinéaste iranien controversé Jafar Panahi a été récompensé au Festival de Cannes, non pas pour sa lutte contre le pouvoir ou l’injustice, ni pour sa dénonciation du génocide, mais pour avoir élaboré des récits qui s’intègrent parfaitement aux intérêts géopolitiques de l’Occident.
Alors que Gaza souffre sous les bombardements israélo-américains, l’accent mis par Panahi sur l’Iran dépeint la nation qui résiste activement à l’entité sioniste comme le méchant, détournant commodément l’attention mondiale des véritables violations des droits de l’homme et de leurs auteurs.
Ce contraste met en lumière un système qui punit ceux qui défendent la vérité et la justice, alors qu’il récompense ceux qui s’alignent sur les récits stratégiques occidentaux.
Le site web Press TV a contacté Bashir Biazar, un éminent chef d’orchestre iranien, arrêté, lui aussi, en France l’année dernière pour ses activités en faveur de la Palestine.
Biazar a expliqué comment le gouvernement français cible systématiquement les défenseurs de la Palestine, les qualifiant de terroristes et les piégeant sous de fausses accusations.
Ce dernier avait été détenu pendant un mois pour rien qu’une publication Instagram peu vue. La France l’avait accusé de promouvoir le terrorisme ; une accusation qu’il a qualifiée d’« incroyable et choquante », difficile à comprendre pour lui.
Selon Biazar, la France est sur le premier front pour réprimer ceux qui soutiennent la cause palestinienne dans le contexte du génocide en cours à Gaza, qui a coûté la vie à plus de 54 000 personnes depuis octobre 2023, pour la plupart des femmes et des enfants.
« Ces arrestations et ces mesures agressives sont dénuées de fondement juridique. C’est pourquoi il n’y a jamais de véritable procédure judiciaire : aucune accusation formelle, aucune audience au tribunal, aucune voie légale et aucune responsabilité », a-t-il précisé.
Les arrestations ont lieu soudainement, généralement suite aux descentes matinales des policiers qui défoncent les portes et terrorisent les habitants.
C’est exactement ainsi qu’Esfandiari a été arrêtée. Il n’y a eu ni avertissement ni notification légale. Pendant des jours, elle n’a pas répondu à son téléphone. Alors des amis inquiets sont venus chez elle, mais n’ont reçu aucune réponse. C’est finalement avec l’aide des pompiers qu’ils ont forcé l’entrée et ont trouvé son appartement saccagé.
Mahdieh avait disparu. La scène ressemblait à un enlèvement.
Pendant près de cinq semaines, l’on était sans nouvelles de son sort, jusqu’à ce qu’un article de presse ait révélé son arrestation.
Elle n’avait aucun contact avec sa famille, et l’ambassade d’Iran était également tenue dans l’ignorance. Même son avocat a dû faire face à d’énormes obstacles et il lui a fallu 50 jours avant qu’il soit enfin autorisé à rencontrer Mme Esfandiari.
Le gouvernement français souhaite maintenir ces affaires hors du système juridique, car elles sont motivées par des considérations politiques.
Ces actions s’accordent avec les intérêts du régime sioniste, soutenu totalement par le gouvernement français. Les accusations sont presque toujours les mêmes : des accusations de soutien au terrorisme. Ce seul fait montre qu’il ne s’agit pas d’une affaire juridique, mais d’une affaire politique.
La France se revendique comme le berceau de la liberté d’expression. Le slogan de la Révolution française défendait la liberté d’expression. Pourtant, lors de l’incident de Charlie Hebdo, même après que le Prophète de l’islam (que Dieu le bénisse ainsi que sa famille) avait été insulté à plusieurs reprises, Macron a déclaré comprendre la colère des musulmans, mais il a insisté sur le fait que la liberté d’expression était la ligne rouge de la France.
« Prise d’otages judiciaire » : l’Iran condamne la détention de Mahdieh Esfandiari en France
— Press TV Français (@fr_presstv) June 4, 2025
🇮🇷 🇫🇷 A Téhéran, une table ronde a été organisée pour enquêter sur le cas d’un ressortissant iranien, diplômé de l’Université de Lyon, emprisonné par les autorités françaises. pic.twitter.com/jdyRkcy6nD
Le président français a pleinement soutenu la liberté d’expression, même si cette dernière offensait des milliards de musulmans, y compris des musulmans français.
Cependant, aujourd’hui, depuis la tempête d’Al-Aqsa, la France répond aux condamnations du génocide en cours à Gaza, diffusées en ligne et hors ligne, par une répression impitoyable. Les voix soutenant la Palestine sont étouffées par la répression et les poursuites pénales.
Le prétendu délit de Mahdieh ? Partager des publications en faveur de la Palestine sur Telegram. C’est tout. Son seul « crime » est de défendre la Palestine. C’est une honte absolue pour la France.
Les autorités françaises savent que si son affaire est portée devant les tribunaux, il n’y aura aucune preuve. C’est pourquoi elles opèrent dans les coulisses, plutôt comme une mafia que comme une justice transparente.
La confidentialité même de son arrestation et de sa détention prouve qu’il s’agit d’une manœuvre politique. Pendant 40 jours, les autorités françaises ont caché sa détention au public, y compris à sa famille et à son avocat. En ce moment, seules la pression politique et l’exposition médiatique peuvent la libérer.
Une prise de conscience et une mobilisation mondiales sont urgentes. Ces arrestations ne servent qu’à nuire davantage à l’image internationale de la France. L’Histoire se souviendra de ceux qui ont soutenu le génocide et de ceux qui se sont rangés du mauvais côté.
L’ironie est aiguë et douloureuse : la France, foyer autoproclamé de la liberté, pratique l’une des plus hypocrites démarches de deux poids, deux mesures, à l’ère moderne. La liberté n’est accordée que lorsqu’elle s’aligne sur les intérêts occidentaux. Les voix honnêtes et légitimes en soutien à la justice et à la Résistance – notamment celle des Iraniens et des Palestiniens – sont rapidement réprimées.
L’importante population musulmane vivant en France, dont beaucoup déplorent les atrocités génocidaires perpétrées à Gaza, sera punie si elle s’exprime. Sa liberté est révoquée dès qu’elle remet en question le récit dominant.
Il y a quelques jours à peine, la sœur d’Esfandiari a finalement rompu le silence. Dans sa première interview, elle a révélé les conditions difficiles que Mahdieh endure dans une prison française. Elle a déclaré que Mahdieh était contrainte de retirer son voile (hijab). Où est sa liberté dans tout cela ?
Pour une musulmane qui a porté le voile toute sa vie, une telle coercition constitue une forme de torture psychologique et une violation de son droit le plus fondamental. Elle est privée de ses droits humains les plus basiques et emprisonnée aux côtés de criminels, uniquement en raison de ses convictions humaines et politiques.
Défendre Mahdieh ne se limite pas à la liberté d’une femme. Il s’agit de s’élever contre une répression politique généralisée qui punit ceux qui disent la vérité.
De la défense par Macron des caricatures offensantes à son soutien à la mascarade du « changement de régime » en Iran, des arrestations secrètes à la célébration d’artistes politiquement opportunistes, l’utilisation sélective de la « liberté » par la France dresse un tableau inquiétant.
Cette situation montre un pays qui manipule la liberté d’expression et l’instrumentalise à son profit, réduisant au silence les voix de la conscience tout en récompensant ceux qui servent ses intérêts.
La campagne pour la libération de Mahdieh Esfandiari s’oppose à cette hypocrisie flagrante, appelle à la justice pour la Palestine et à se placer du bon côté de l’Histoire.