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La proposition américaine inclut l'enrichissement en Iran malgré l'insistance de Trump sur le niveau zéro

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Witkoff avec Trump à la Maison Blanche. ©Getty Images

Selon un rapport, rendu public, par le site d’information américain Axios, la proposition de Washington à Téhéran inclut l’enrichissement d’uranium sur le sol iranien, ce qui contredit les affirmations publiques du président américain Donald Trump qui avait déclaré que la République islamique devait abandonner complètement ses activités d’enrichissement.

Dans un article en date de ce mardi 3 juin, Axios cite deux sources ayant une connaissance directe des détails du plan.

Les États-Unis affirment avoir soumis la proposition à l’Iran via Oman samedi. Le même jour, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a confirmé que le pays avait reçu des « éléments » d’une proposition américaine par l’intermédiaire de son homologue omanais, et a indiqué que la République islamique y répondrait en respectant les droits et les principes de la nation.

Citant l’une des sources détaillant la proposition, Axios précise que celle-ci permettrait à la République islamique d’enrichir de l’uranium jusqu’à un niveau de pureté de 3 % pendant une période dont la durée sera déterminée ultérieurement.

Un accord permanent entre la République islamique et d’autres pays prévoit un plafond d’enrichissement de 3,6 %.

Les États-Unis ont cependant quitté l’accord, officiellement connu sous le nom de Plan global d’action commun (PGAC), en 2018, rétablissant toutes les sanctions illégales et unilatérales qu’ils avaient levées et imposant encore plus d’interdictions économiques à l’Iran.

La République islamique a adopté une posture de patience stratégique pendant deux ans, mais a été contrainte de recourir à une série de mesures de rétorsion qui ont conduit à un accroissement de ses niveaux d’enrichissement.

Les observateurs, quant à eux, notent l’écart entre les prétendus détails de la proposition et les déclarations publiques et largement médiatisées de responsables américains.

De hauts responsables américains, tels que l’envoyé régional Steve Witkoff et le secrétaire d’État Marco Rubio, ont en effet insisté sur un enrichissement « zéro » de la part de la République islamique.

Les États-Unis ont également appelé à plusieurs reprises au démantèlement total des sites nucléaires de la République islamique, Donald Trump menaçant même de détruire complètement ces installations.

Les responsables iraniens ont réagi à cette rhétorique en excluant catégoriquement toute hypothèse et en soulignant que les droits de l’Iran devaient être impérativement reconnus. 

Plus récemment, le responsable nucléaire, Mohammad Eslami, a qualifié l’enrichissement de « base et fondement » de tout programme nucléaire civil, y compris celui de l’Iran.

« [Les procédés de séparation et d’enrichissement des isotopes] doivent être accomplis [en premier lieu] pour que vous puissiez développer les produits [que vous exigez] et offrir un large éventail de services à votre société », a-t-il déclaré lors d’une interview télévisée ce lundi 2 juin.

Lundi également, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, a promis que le pays poursuivrait l’enrichissement de l’uranium. En effet, il a repris les propos d’Araghchi, qui a souligné que la République islamique poursuivrait ses activités d’enrichissement pacifiques, avec ou sans accord avec les États-Unis.

Des responsables iraniens, dont Araghchi, ont également affirmé qu’« aucune » installation nucléaire du pays ne serait démantelée, quelle que soit l’insistance des États occidentaux ou de leurs alliés.

Le rapport d’Axios souligne également que, tout en autorisant un enrichissement limité, la proposition américaine interdit à l’Iran de « construire de nouvelles installations d’enrichissement » et impose même la « non-exploitation » des sites d’enrichissement souterrains de la République islamique pendant « une période convenue par les parties ».

Elle va même jusqu’à obliger Téhéran à « démanteler les infrastructures critiques de conversion et de traitement de l’uranium ».

La proposition stipule que l’Iran devrait cesser toute nouvelle recherche ou développement sur les centrifugeuses.

De plus, le plan prévoit la formation d’un « consortium régional » pour les activités d’enrichissement.

Eslami a souligné que les Américains avaient formulé les mêmes exigences à l’égard de l’Iran, notamment la création d’un tel consortium, avant même la victoire de la Révolution islamique de 1979.

Une association de ce type avait même été créée avant la victoire de la Révolution, mais l’Iran s’était vu refuser son adhésion en raison de son appartenance à l’Union européenne, a indiqué le responsable. Même après l’adhésion de l’Iran au consortium par l’intermédiaire d’une entreprise franco-iranienne, le pays a été confronté à des interdictions concernant le développement de son industrie nucléaire qui perdurent encore aujourd’hui, a ajouté Eslami.

En outre, le rapport indique que la proposition impose à l’Iran l’adhésion au Protocole additionnel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui autorise l’agence à effectuer des inspections à court terme des installations nucléaires iraniennes.

L’Iran a signé le protocole en 2003, mais le document n’a pas encore été ratifié par le Parlement iranien.

La République islamique a commencé à s’y soumettre volontairement en signe de bonne volonté, mais a été contrainte d’en suspendre la mise en œuvre suite au sabotage de l’accord nucléaire par les États-Unis.

Parallèlement, la proposition conditionne la levée des sanctions illégales et unilatérales des États-Unis contre l’Iran à la « démonstration d’un réel engagement ».

Un tel engagement doit être satisfait par Washington et l’AIEA, écrit Axios.

Les observateurs notent que l’insistance, rapportée dans la proposition, sur la « satisfaction » des États-Unis quant à l’engagement de l’Iran intervient alors que l’engagement vérifiable et satisfaisant de la République islamique envers le PGAC s’est heurté au retrait et à la violation de l’accord par les États-Unis.

La période de « patience stratégique » de deux ans du pays – durant laquelle il s’est abstenu de recourir à des mesures nucléaires de représailles dans l’espoir d’un retour de Washington au PGAC– ne pouvait pas non plus garantir la coopération américaine.

Lundi, le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï a souligné que, jusqu’à présent, lors des cinq cycles de négociations indirectes menées sous la médiation d’Oman, les États-Unis n’avaient pas fourni d’assurances suffisantes quant au moment et aux modalités de la levée des sanctions

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SOURCE: FRENCH PRESS TV