Le chef des affaires humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, a déclaré que le blocage par Israël de l'aide alimentaire destinée aux Palestiniens affamés dans la bande de Gaza assiégée, dans l’objectif de les déplacer de force, constitue un crime de guerre.
« Nous constatons que de la nourriture est bloquée aux frontières et interdite d'entrée alors qu'une population de l'autre côté de la frontière meurt de faim et nous entendons des ministres israéliens dire que cela vise à exercer une pression sur la population de Gaza », a déclaré le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, dans une interview vendredi.
« Utiliser la nourriture comme arme constitue un crime de guerre », a-t-il ajouté, précisant qu’il appartiendra aux tribunaux et à l’Histoire d’en juger.
Ces derniers jours, plusieurs demandeurs d’aide ont été tués par les forces israéliennes alors qu’ils tentaient d’atteindre un point de distribution d’aide à l’ouest de Rafah, dans le sud de Gaza, dans le cadre du mécanisme américano-israélien.
Les agences d'aide internationales ont averti que les projets israéliens de contrôle de la distribution de l’aide, y compris une initiative soutenue par les États-Unis, ne feraient qu’aggraver les souffrances dans le territoire palestinien dévasté.
Le commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini a récemment critiqué ce nouveau modèle d’aide soutenu par les États-Unis à Gaza, affirmant qu'il s'agissait d'une « distraction par rapport aux atrocités » qui s'y déroulent.
« Je pense que c’est un gaspillage de ressources et une distraction des atrocités », a-t-il déclaré, ajoutant que l’agence dispose déjà d’un système de distribution adapté à ses besoins.
A lire: Appel à l'ouverture des routes maritimes aux navires d'aide humanitaire à destination de Gaza
Israël a bloqué l'entrée de toute aide à Gaza le 2 mars, avant de reprendre sa campagne de génocide le 18 mars, après l’échec des négociations visant à prolonger un cessez-le-feu de six semaines.
Fletcher a par ailleurs mis en garde Israël contre le déplacement forcé des Palestiniens de Gaza.
La coalition d'extrême droite au pouvoir en Israël, dirigée par Netanyahu, a adopté les propositions du président américain Donald Trump concernant Gaza visant à déplacer définitivement les Palestiniens hors du territoire et à le transformer en un complexe immobilier balnéaire.
Dans une autre partie de ses propos, Fletcher a appelé Netanyahu à veiller à ce que « ce langage, et en fin de compte, cette politique… de déplacement forcé, ne soient pas mis en œuvre ».
Début mai, le ministre israélien d’extrême droite des Finances Bezalel Smotrich a dit que Gaza serait « totalement détruite » en six mois et que les Palestiniens seraient si désespérés qu’ils « chercheraient à se relocaliser pour commencer une nouvelle vie ailleurs ».
La plupart des Gazaouis ont été déplacés au moins une fois au cours des 19 mois d’agression israélienne contre la région assiégée.
Fletcher a appelé à maintes reprises les organisations internationales à prendre des mesures contre la campagne génocidaire israélienne dans le territoire palestinien sous blocus.
Le 14 mai, Fletcher a déclaré au Conseil de sécurité de l'ONU qu'il devait agir pour prévenir un génocide dans la région palestinienne assiégée. Il a expliqué que ces déclarations répondaient aux propos de ses collègues sur le terrain.
Lire plus: L’ONU dénonce Israël pour avoir instrumentalisé l'aide humanitaire à Gaza
« Ce qu’ils rapportent, ce sont des déplacements forcés. Ils font état de famine, de torture et de morts massives », a-t-il dit.
« Et c’est là mon appel au Conseil de sécurité et au monde entier en ce moment : « Agirez-vous pour empêcher le génocide ? » « L’Histoire sera sévère dans sa façon de nous juger. Et elle doit l’être. »
Lors des dernières attaques israéliennes, plus de 50 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza, principalement dans le nord, où l’armée israélienne avait déjà ordonné l’évacuation des habitants.
